Un choix compliqué..

Mais d'où me viens ce malaise ? D'où me viens ce mal-être ? Pour quelle raison je souris ? Je n'en ai pas la moindre idée et là est tout le problème.. Si je me souviens bien, cela fait tout simplement un bout de temps que je n'ai guère été heureux. Être heureux, un sentiment que je ne connais plus depuis longtemps.. que cela veut-il dire ? Je ne sais même pas à quel peuple me référer, à quelle culture me vouer où même à qui parler alors je cache cela derrière une personnalité arrogante et un comportement "je m'en foutiste" alors que tout ceci est faux.
Certaines personnes qualifieront mon comportement de "superficiel", je ne pense pas l'être. Je pense m'être formé avec le temps une sorte de carapace contre l'exterieur. Je ne m'ouvre pas facilement aux autres et rares sont ceux qui connaissement réellement ma vie, rare sont ceux qui s'y sont interessés, c'est vrai. Hormis ma mère à vrai dire, personne d'autre ne partage mon quotidien, et cela deviens usant à force. C'est usant de devoir tout supporter, de ne pas pouvoir se confier, de ne pas pouvoir parler librement de tout ce que l'on ressent. Je n'ai aucun moyen d'exterioriser tout mes sentiments et au fond cela commence réellement à me peser. J'entame ma 17éme année et j'ai l'impression de n'avoir personne sur qui compter.
Le silence me pèse, et je suis obligé de me faire remarquer pour que l'on me prêt de l'attention, cela deviens exaspérant.

Tout à commencer le jour où mon père est parti, dès que j'ai eu l'âge de comprendre ma mère m'a expliqué que je ne pourrais pas le revoir mais qu'il n'était pas non plus parti au ciel. Il avait tout simplement décidé d'aller vivre une autre vie, loin des siens et en quelque sorte loin de ce qu'il était lui-même. Une grande haine m'avait envahi, et en même temps une grande tristesse. Avec le temps j'avais cultivé cette tristesse, et celle-ci s'était transformé en une haine plus forte que tout. Je crois que c'est le seul sentiment que j'ai pû connaître jusqu'à aujourd'hui. Je n'arrive pas à me réjouir d'un évènement, même le jour où j'ai appris que j'étais accepté au centre de formation, je n'avais strictement rien ressenti, si vous savez comme c'est frustrant..
Bien évidemment, je ne suis pas à plaindre, j'essaye seulement de vous démontrer qu'il manque une brique dans la construction de mon être, ce petit quelque chose qui aurait pû faire de moi un être entier et heureux, ce petit quelque chose, c'est mon père. Il m'a laissé un vide que personne ne pourra combler à sa place, il m'a laissé ce qu'aucun père ne devrait laisser à son enfant.
Je continue ma vie tant bien que mal et personne ne s'aperçoit qu'intérieurement, je suis aussi faible, je suis aussi bancale et au fond, je me suis fait à l'indifférence des autres. J'exprime mon mal-être comme je peux, par des coups bas aux autres ou par des paroles blessantes, je ne suis bon qu'à cela de toute façon.
Le seul endroit où je suis heureux, cela doit être le carré vert et encore, je n'arrive pas à me réjouir totalement dès qu'un coéquipier marque, je suis un égoïste sans borne, et il m'en faut toujours plus.

Je crois que j'ai développé une maladie : le mal de vivre, et comme on dit on guérit le mal par le mal, je la guérirait seulement quand j'aurais retrouvé mon père, j'ai espoir que toute cette haine, toute cette violence, tout ce poids qui s'est accumulé en moi s'envolent et que je puisse attaquer une nouvelle phase de ma vie, espérons qu'il ne soit pas trop tard, et c'est sans doute alors là que je pourrais choisir ma nationalité..
Merci Papa pour tout ceux que tu m'as fait subir.

"Allô, qui est à l'appareil ?"

"Euh..maman, c'est Roberto.."

Elle avait sans doute décelée ce que j'allais pas très bien et sa voie prit un ton inquiétant. Elle était à la fois étonné que j'appelle et à la fois inquiète.

"Roberto ? Qu'est ce qui t'amène ?"

"Oh, je n'allais pas très bien et je me suis dit qu'il fallait peut-être que je pense à décrocher enfin mon téléphone pour prendre de tes nouvelles."

"Bah écoute, ici c'est la routine, j'ai trouvé un travail à la poste, c'est pas top tu sais mais on s'en sort très bien et..."

Je ne lui laissa pas finir sa phrase et prit un ton un petit peu plus dur envers elle.

"Pourquoi ce on ? "

"Roberto, j'ai rencontré quelqu'un et je vis avec maintenant depuis trois mois, je sais que c'est bête de ma part de ne pas t'avoir prévenu ni même d'avoir pris de tes nouvelles mais je me reconstruis un avenir ici petit à petit."

"Comment tu peux me faire ça ? "

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» [Pierrot Daganot] Un choix crucial à prendre