[AMS] Here I am ...

L'avion venant de Manzini, Swaziland est sur le point d'atterrir. Les voyageurs sortiront de la porte B-16 d'ici vingt minutes, merci.

Les gens étaient totalement indifférents à cette annonce vu qu'ils ne connaissent ni la ville, ni le pays d'où l'avion vient. Les seuls attentifs doivent surement avoir peur de ce vol venant du fin fond de l'Afrique, craignant une attaque terroriste. Moi, j'étais là, assis sur un banc, fringué avec un costard que j'ai pu acheter pour une bouche de pain à attendre la mère qui devrait arriver sans embrouilles. Mon regard allait de personne en personne, fixant avec insistance chaque fille qui passait. Cette expérience dans le parc parisien m'avait réellement changé, j'avais plus d'assurance et j'osais désormais m'afficher. Malgré cela, je commençais à trouver le temps long et je me mis à marcher et à visiter les petites vitrines que je pouvais trouver dans l'aéroport. Il me restait environ trente euros de la prime que j'avais reçu pour services rendus. De plus, ce certain « Kriss » me demanda mon numéro de portable car il pourrait avoir une surprise pour moi. C'est à ce moment là qu'il décida de m'appeler :

- Allo, Amaury Shuba ?
- Oui, qui est-ce ?
- Salut mon grand, c'est Kriss, alors quoi de neuf ?
- Haaa salut, moi je vais très bien et toi ?
- Très très bien. Tu es fort occupé ici ? Car j'ai quelque chose à te montrer, c'est assez urgent …
- Je suis à l'aéroport, j'attends ma mère qui doit arriver d'ici quelques instants. Pourquoi si urgent ? Tu peux pas me dire maintenant c'est quoi ?
- T'es à l'aéroport ? Attends dehors, j'envoie quelqu'un te chercher et je te laisse la surprise.

Alors que je revenais sur mes pas, je vis une dizaine de personnes sortie de la porte B-16 et parmis tous ces gens, je reconnus la mère. Elle avait pris un sacré coup de vieux en un an, j'ai presque eu du mal à la reconnaître. Elle me regarda avec un grand sourire avant de m'enlacer. Elle murmura quelque chose comme quoi j'étais devenu assez mignon en un an. Je lui proposai mon aide pour porter sa valise et nous nous dirigeâmes vers la sortie, où un chauffeur nous attendait pour m'amener à Kriss, c'est ce que j'en ai déduit … En effet, un homme en Mercedes arrive au bout de 5 minutes afin de nous prendre et nous emmener chez Kriss. Arrivé là-bas, l'homme nous accueillit avec un énorme sourire et les bras grands ouverts. Je le perçus comme le parrain, dans sa manière de se comporter et par son apparence.

- Bienvenue à vous, madame Shuba ! Elle comprends le français ?
- Non, elle parle l'anglais et un dialecte swazis.
- Ok, je vais donc parler en anglais … Welcome to France !
- Thanks guy.
- Ok bon voilà Amaury, je dois te parler. Ton service nous a été d'une grande aide et donc j'ai décidé de te donner plus que ta prime. Tu as donc bien compris que nous étions des agents, donc nous avons décidé de chercher quelques clubs pour toi et voilà les réponses que l'on a reçu : Bastia, Bayonne, Nimes et Vitesse.
- Merci beaucoup, je dois avouer que je suis assez intéressé par ces offres car je me sens mal à l'INF …
- Ce n'est rien …

La conversation qui suivit n'a guère d'importance pour mon histoire ... Et c'est après ça que je partis avec ma mère à la recherche d'un studio pour elle et un autre pour moi ...

Le temps passait peu à peu et je retrouvais le plaisir de vivre suite à la venue de ma mère, qui a accepté de quitter son Swaziland natal pour me rejoindre en France. Il faut dire qu'elle était gagnante en tout point … Elle quittait la famine, la pauvreté et la menace de mort permanent pour tenter de trouver une stabilité dans sa vie, tout en me soutenant durant ma période de creux. J'avais aussi signé à Bayonne, club de CFA qui attend sa montée en National depuis un petit moment et j'ai trouvé que l'opportunité était la bonne pour montrer ce que je vaux en leur offrant cet objectif. Malgré cela, j'avais tout de même du mal à trouver mes marques et le discours de l'entraîneur ne fit que confirmer ce que je pensais :

- Écoute Amaury, je sais que la saison passée, tu n'as pas su t'imposer à l'INF mais nous t'avons tout de même remarqué car tu pèses sur un terrain, tu as une forte activité. On se doutait que tu aurais un gros problème d'adaptation mais c'était un risque à prendre mais tu es surtout un pari sur l'avenir, on compte pas sur toi pour casser la baraque tout de suite, mais plus tard si jamais tu restes.

C'est mardi et c'est un entraînement physique. J'y vais sans réellement avoir de motivation car ça ne fait que me crever et ensuite je traîne en fantôme sur le terrain, comme ce samedi en Coupe de France. L'entraîneur comptait tout de même nous féliciter pour la qualification et parce que l'objectif des dirigeants est accompli. On en a aussi pris pour notre grade à cause de notre classement en championnat. Il est vrai qu'être 9eme, soit avant-dernier, n'est pas terrible pour une équipe qui cherche le podium et le coach nous avoua qu'en cas de défaite ou de match nul ce week-end, nous en baverons pendant des semaines. C'est donc en réfléchissant que nous montions sur le terrain pour nous entraîner malgré la bruine qui recouvrait une bonne partie du pays.
Le début de l'entraînement se passait tranquillement avant de prendre une tournure d'entraînement professionnel où on a grandement souffert.
A la fin de celui-ci, on apprit que le match de ce week-end était utilisé pour la journée des supporters et qu'une affluence de 2500 spectateurs est estimée. Cette nouvelle redonna le sourire à beaucoup d'entre nous. J'espère simplement que le nombre de spectateurs nous forcera à mieux jouer pour accrocher un résultat.

Après cet entraînement, je m'accordais une petite sieste bien méritée avant de recevoir la visite de ma mère, qui était totalement stressée et habillée comme les femmes au Sénégal ou autre pays d'Afrique Noire. Je lui demandais ce qu'il se passait, pourquoi une telle tenue alors qu'elle en a jamais porté ? Après un baragouinage inintéressant, celle-ci m'avoua qu'elle essaya un sortilège vaudoo et que le résultat de cette expérience n'était pas positif. Mais je ne voulais pas en savoir plus et donc je la ramena chez elle avant d'en savoir plus.

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Le lendemain, je traînais toujours des pieds en allant à l'entraînement mais moins vu que je savais que c'était surtout un entraînement balle au pied cette fois-ci. En arrivant, on m'annonça que le coach et l'adjoint étaient chez le directeur pour une conversation privée et donc notre entraînement du jour se résumerait à un petit échauffement suivi d'un match contre les réserves. Le destin me jète tout les malheurs possibles car lors de ce match, je mis trois buts sur les huit marqués par mon équipe dont une magnifique demi-volée des 25m. Pourquoi est-ce un malheur ? Car le coach n'a pas pu voir ce que je valais réellement et c'est donc le capitaine, Minoumi, qui vint me voir après l'entraînement pour me parler.

- Écoute mon grand, tu nous as montré ce que tu valais cette fois-ci et on est tous témoins de ce que tu peux faire. Malheureusement le coach ne t'a pas vu. Je sais que le coach persévère à te laisser sur le terrain car tu as du talent et qu'il veut te voir exploser? Refais une performance comme celle-ci ce week-end et je suis sur que ça sera que bénéfique pour toi et ça va te redonner confiance.

C'est d'une tape sur mon épaule qui me dit au revoir avant d'aller se doucher. C'est bien ce qu'il me semblait, mon destin est entre mes mains et je compte m'investir un maximum dans ce club.