[Lauren van der Kees] Vacances mouvementées

C’était la première fois que je faisais la route Paris – Enschede, je prenais la route à l’envers par rapport à ce que j’ai fais l’année dernière quand je suis arrivé pour la première fois à Clairefontaine. Myriam avait laissé sa voiture à Lille, là où un train direct pour Enschede nous attendait. Pendant que Thabo réservait les billets, Myriam pouvait enfin s’approcher de moi :

- Lauren j’ai vraiment trouvé ça courageux de ta part le tirage au sort dans la voiture.

- Merci mais pour tout te dire, rester à l’INF était ce que je comptais faire donc l’hasard fait bien les choses.

Myriam était vraiment adorable, c’était une fille que j’avais envie de découvrir un peu plus. Et surtout d’en savoir plus sur l’amitié qu’elle a avec mon frère. On s’est ensuite posé dans le train qui allait nous ramener dans notre ville natale. Thabo semblait vraiment heureux d’être à mes côtés. Il me reprenait dans les bras et Myriam reprenait une nouvelle photo. Il me chuchotte alors dans l’oreille qu’il m’aime. Il était de plus en plus affectif avec moi, sans doute car il a été agréablement surpris de ce que j’ai fais dans la voiture. Depuis ce moment là, le sourire ne le quittait plus de son visage, et c’était la même chose pour moi. On passait pour deux débiles à sourire n’importe où et n’impote quand, mais on se sentait si bien, si fort, si puissant. On pensait que rien ne pouvait gâcher nos vacances. Je voulais de nouveau délirer, j’avais besoin de rigoler et de faire un peu le « foufou ». Je me lève donc de mon siège et me met face à Thabo et c’est d’une voix forte de manière à ce que tout les passagers m’entendent que je renvoie le « je t’aime » à mon frère. Tout les regards se dirigeaient vers moi, je me rasseyais en rigolant. Qu’est-ce que les gens vont penser ? Je m’en foutais royalement, ce qui comptait à ce moment là c’était ma relation avec Thabo, j’étais l’homme le plus heureux, je retrouvais cette complicité avec lui.

Après un voyage paisible et dans la bonne humeur, nous arrivions enfin à Enschede, c’est là que notre père nous attendait à la gare. A peine sorti du train, un cri d’homme se fit entendre, les mots n’étaient pas très compréhensible mais la voix était facilement reconnaissable, il s’agissait sans doute de la voix de mon père, Rafael. Thabo et moi regardions partout pour voir où il se trouvait et de grands gestes attiraient notre attention. C’était bien lui, je ne l’avais jamais vu aussi content de nous revoir. On aurait dit un gosse qui venait de voir le père noël tellement ses yeux brillaient et son sourire arrivaient jusqu’aux lobes d’oreilles. Après quelques embrassades entre pères et fils, Thabo présentait Myriam à Rafael. Ce dernier semblait quelque peu déçu de voir une inconnue se joindre à nos vacances. Mais par respect il lui souhaita la bienvenue et ne fit aucun scandale. Trop occupé à nous chouchouter sans doute. On se dirigeait ensuite vers le parking, où la voiture familiale s’y trouvait. Toujours la même Opel Zafira, mes parents n’aimaient pas le changement et cela faisait maintenant des années que nous possédions la même voiture. C’est aussi pour cette raison que j’ai décidé de devenir footballeur, j’ai envie de faire des cadeaux à mes parents, leur faire plaisir. Nouvelle photo de Myriam avec les deux fistons et le père de famille devant la voiture, puis nous étions partis en route pour la maison ! Le chemin s’est fait dans un grand brouhaha, Thabo et Myriam parlaient ensemble à l’arrière de la voiture, alors que moi et papa parlions de tout et de rien à l’avant. Il souhaitait savoir comment c’était passé ma première année à l’INF, si je m’étais fais des amis, mais aussi si je m’étais trouvé une petite copine. Cette dernière question fit stopper la discussion de Thabo et de Myriam. Je sentais que tout les deux me regardaient. Thabo voulait sans doute se tenir prêt à se foutre de ma gueule, alors que Myriam était peut être intéressé par cette question ... Ma réponse négative a en tout cas provoqué plusieurs réactions. Thabo rigolait tout en me traitant de puceau, d’homosexuel et de bon à rien, mon père lui préférait dire que si je n’ai pas de copine c’est pour me concentrer sur ma carrière et que c’est tout à mon honneur (merci papa) et enfin Myriam restait réservé et ne disait rien. Pas de moqueries pour sa part, ni même de joie, elle restait neutre et un peu à l’écart de la situation. Cette fille commençait vraiment à me plaire, mais je me demandais surtout pourquoi trainait-elle avec mon frère ?
Mais cette question allait rester sans réponse encore un peu plus longtemps car je voulais profiter de ce bon moment familial, insulter son frère et se faire insulter par ce dernier, entendre son père calmer les choses, ça m’avait manqué tout ça ! Bien entendu tout ça se faisait ironiquement et dans la rigolade.

Nous étions déjà arrivé chez nous, peu de différences depuis mon départ. Ça me faisait beucoup de bien de ressentir l’air pur d’Enschede, je me sentais vraiment chez moi. Je revoyais mon quartier paisible, mes voisins me faisaient signe de la main, je leur répondais avec un grand sourire. Malgré que je me sentais bien à Clairefontaine, je me sentais encore mieux ici, dans mon quartier d’enfance, c’était parfait pour me ressourcer avant la nouvelle saison qui allait être dur et intense. L’impatience était quand même trop forte, je ne suis pas resté très longtemps dehors, j’avais plus qu’envie de revoir ma mère. Je poussais la porte d’entrée et entrait dans le hall de la maison, c’est là que je retrouvais la bonne odeur de chez moi. Visiblement, ma mère était en train de préparer quelque chose de bon à manger. Je me dirigeais tout de suite vers la cuisine où ma mère m’accueillait avec son tablier autour d’elle. De nouvelles embrassades ont eu lieu entre Thabo, Rosette et moi. Nous étions maintenant 5 dans la maison familiale. On s’asseyait tous à la table pour manger un bon dîner préparer par maman. A la fin du plat de résistance, j’ai décidé de me lever. Même si je ne suis pas très bon pour les discours, je pensais que c’était le bon moment pour en faire un.

- S’il vous plait ! Je me permets de vous couper dans ce délicieux repas familial pour porter un toast pour chacun de vous. Honneur aux femmes : maman, je te remercie pour cette si bonne cuisine qui m’avait manqué à Clairefontaine. Ensuite Myriam, je ne te connais pas encore beaucoup mais je te remercie de nous avoir emmené jusqu’à Lille gratuitement. C’est bien la première fois que je prends un taxi sans payer le chauffeur (rire). Papa, je ne te remercierais jamais assez de m’avoir donné l’opportunité de rencontrer Venegoor of Hesselink il y a maintenant quelques années, sans vous deux je ne serais jamais arrivé à l’INF. Et enfin Thabo, t’as été celui qui m’a donné la force de quitter mon pays et de rejoindre Paris, t’étais sans doute le plus heureux de nous deux lorsqu’on s’est installé dans la capitale française. Et c’est ça qui m’a motivé pour toute l’année. Je n’oublierais jamais non plus mon premier dilemme dans ma carrière de footballeur. C’est grâce à toi si j’ai prolongé à l’INF. (rire)

Ce discours fût suivis par de nouvelles embrassades entre toute la famille. Une nouvelle fois je voyais Myriam seule, à l’écart. Je la prenais dans mes bras et lui fit un bisous sur la joue, alors que je la connaissais depuis même pas 24h...

Les premiers jours chez moi se sont passés magnifiquement bien. J’ai eu l’occasion de revoir toute ma bande de potes, avec qui on a pu échangé quelques ballons, et puis quelques verres. Je me suis aussi rapproché un peu plus de Myriam, j’ai essayé d’en savoir plus sur elle et c’est comme ça que j’ai appris qu’elle a rencontré Thabo à son hôtel. Elle est tout simplement devenue la chauffeuse principale de mon frère. Je trouvais ça quand même louche qu’elle nous suive pour les vacances mais bon peu importe. Je ne voulais pas me prendre la tête pour ça. Il fallait que je profite un maximum de ces vacances, de ce retour aux sources !

Cela faisait maintenant 3 jours que j’étais revenu sur le sol Hollandais, nous étions vendredi, qui dit vendredi dit début du week end et donc généralement une journée que les jeunes comme nous adorent. Après une petite grasse matinée, j’avais rendez vous avec les potes devant le Mcdo de la ville. On s’est tous serré dans les bras, ça faisait du bien de les revoir, ça redonnait beaucoup de forces. Nous étions 5 et je voulais absolument profiter d’eux au maximum. C’est donc en mangeant que je propose à mes 4 compères de toucher le ballon l’après-midi et de se faire une soirée console chez moi. Tous accéptèrent et nous allions passer une journée entière ensemble, et comme des gamins ça nous donnaient un large sourire.
Pour faciliter la digestion, on a décidé de se poser à un concurrent d’HardRock Café qui vient de s’implanter à Enschede. On a tous bu notre café en écoutant du bon Rolling Stones. C’est des moments qui peuvent paraître banal mais c’est toujours bon pour le moral de passer des moments comme ça entre potes. Malgré que je ne suis pas fan du Rock en général, je respecte ce genre de musique, et je n’ai vraiment rien contre les Rolling Stones.
Après un bon déjeuner et un bon café, on pouvait enfin rejoindre les terrains de football. Il est vrai que les infrastructures pour la pratique du sport à Enschede n’étaient pas du même niveau qu’à l’INF Clairefontaine mais cela suffisait pour passer un bon moment. Nous étions pour l’instant les seuls sur le terrain de foot et j’en ai donc profité pour me changer et enfiler ma tenue d’entraînement que je porte à l’INF. Il faisait un temps radieux ce jour là, ni trop chaud ni trop froid, c’était parfait pour jouer au foot. J’avais décidé de ne pas trop pousser, ça serait vraiment con de revenir de vacances avec une blessure. Il fallait que je me préserve pour le début de la nouvelle saison dans quelques semaines. J’ai donc commencé cet après-midi dans les buts. On faisait du 2 vs 2 avec un seul gardien de but. E comme je m’en doutais un peu, je ne me sentais vraiment pas à l’aise dans les cages, j’ai même été nul. On a donc changé de goal très vite et ce jeu n’a pas duré très longtemps puisqu’un groupe de 3 personnes nous a rejoint sur le terrain. Nous avons donc décidé de faire un match à 4 contre 4.
Au bout de 2h de jeu plutôt tranquille, on a quitté le terrain de football avec une victoire pour moi et 3 de mes amis. Après avoir serré la main des trois inconnus qui ont participé à cet après midi avec nous, on rentrait tous chacun chez soit pour se préparer à la petite soirée organisée chez moi. Une bonne douche allait faire beaucoup de bien.

Le soir même, chacun arrivait un par un chez moi. Mes parents semblaient aussi heureux de revoir mes copains d’enfance, on a décidé de prendre l’apéro avec eux pour rester dans la convivialité. Thabo et Myriam se sont aussi conviés à ce « before ». Il était maintenant 20h et j’ai donc préparé les plateaux repas. On s’est posé devant un match amical de D2 Benelux. Les commentaires négatifs sur ce match volaient dans mon salon, on voyait vraiment pas un bon niveau de jeu et tout le monde se moquait de moi car j’avais reçu une offre d’un des clubs sur le terrain : le FC Avenir Beggen. Ça me faisait mal pour ce club d’avoir une si mauvaise réputation, mais je ne vous cache pas que ce match confortait mon choix de ne pas avoir signer là bas. A peine les pizzas terminées, on a sorti les bouteilles de Jack Daniel’s accompagnées des bouteilles de Coca Cola et surtout on a éteins ce vieux match pour faire place à la Xbox 360 ainsi que Pro Evolution Soccer 2011 ! Hé oui, chez nous on reste fidèle à la série ISS, puis PES. On est toujours resté fidèle à Konami. C’est comme ça dans beaucoup de familles aux Pays-Bas. J’ai aussi préparé une petite musique de fond en branchant mes enceintes sur l’Ipod. Kid Cudi, Kanye West, 2Pac, Snoop Dogg, Dr Dre, Eminem, Bob Marley, Armin van Buuren allaient être les DJ de la soirées entre autres. C’était parti pour passer encore un bon moment, du moins c’est ce que je pensais.
Myriam et Thabo sont aussi venu s’incruster avec nous, et j’ai vu Thabo préparer le verre pour Myriam. Je le regardais faire sans rien dire mais soit il ne savait vraiment pas doser, soit il faisait exprès de mettre trop de whisky ... Fier de sa connerie, il pensait que Myriam n’allait rien voir. Mais maline comme elle est, elle prit le verre et me le proposa en toute gentillesse. Je ne pouvais qu’accepter. J’étais conscient que l’alcool n’est pas bon pour la santé, mais une fois de temps en temps ça ne peut vraiment pas faire de mal. Je vais même vous avouer que ce soir là j’avais vraiment envie de me mettre mal pour délirer encore plus avec les potes et avoir encore plus de souvenirs.
Allez la première rencontre de PES allait commencer, et quelle affiche pour débuter ! Le tirage au sort a offert un Lauren contre Thabo. Et que le match fit facile pour moi, j’avais pris le FC Twente et Thabo jouait avec l’Ajax d’Amsterdam et le score finale fut sans appel : 5-0. Ce n’est pas pour me vanter mais c’est vrai que je suis plutôt abile à PES, j’y ai joué toute ma jeunesse et je connais donc toutes les moindres astuces du jeu. La soirée commençait donc bien pour moi. Nous avions décidé que le vainqueur d’un match devait choisir contre qui il voulait jouer ensuite. J’ai donc voulu rigoler un bon coup en proposant à Myriam de jouer. Je me disais que ça allait être une ballade pour moi à ce match là. Je l’ai laissé choisir son équipe, et après de longues recherches, elle a prit la séléction nationale Néerlandaise. Thabo m’a de nouvau proposé un défi :

- Lauren franchement là tu peux demander au jeu de choisir à ta place !

C’est vrai que ce n’était pas une mauvaise idée. Surtout que je ne savais pas du tout quelle équipe prendre. J’appuis donc sur la touche « carré » de la manette pour que le jeu me cherche un club (ou une nation) au hasard. Tout le monde retenait son souffle, et c’est là que le drapeau Sud-Africain apparaît. Je restais scotché sur l’écran. Mes deux origines venaient d’apparaître sur l’écran de match de PES. Myriam rigolait car elle pensait avoir toutes ses chances alors que Thabo et moi restions de marbre. Mes potes commençaient à me soutenir mais à ce moment là leurs paroles ne m’atteignaient même pas. Je pris une gorgée du Whisky – Coca préparé par mon frère, puis une deuxième, puis une troisième ... Enfin je ne sais plus combien de gorgées précisément. J’essayais de communiquer avec Thabo, lui seul pouvait me comprendre à ce moment là. Malheureusement il m’était impossible de parler. J’avais une chance sur des millions de tomber sur l’Afrique du Sud et comme par hasard cela est tombé, ce soir ! Le match commençait, mais je n’avais pas la tête à jouer ce match franchement. Toutes mes pensées allaient sur ce pays, l’Afrique du Sud, que je porte sur ma carte d’identité, sur mon passeport, mais aussi sur ma couleur de peau. Mais dans le fond je me disais que si je n’avais pas cette double nationalité je serais exactement le même aujourd’hui. Je ne connaissais rien de ce pays, je n’ai jamais vu ma famille Sud-Africaine (à part ma mère) et je ne suis jamais allé sur cette terre. Je pensais avoir effacé ce pays de moi, quand j’étais petit j’en souffrais mais je pensais avoir oublier tout cela avec l’âge. Alors pourquoi j’étais dans cet état là devant ce match Afrique du Sud – Pays Bas ??
Tiens, en parlant du match, on est à la mi temps et Myriam mène 2-0... je n’ai vu aucun de ses deux buts. Les gens rigolent autour de moi, et semblent aussi me parler, mais Jack et moi somment trop proches pour communiquer avec d’autres êtres ! Jack était quelqu’un de gentil lui au moins, il ne se moquait pas de moi et puis surtout son parfum était délicieux. Pas comme mes odieux potes qui sentent encore la transpiration... Mais on parle on parle, et mon verre était déjà vide. Je m’en remplissais un deuxième tout en jetant des coups d’œil à Myriam qui semblait vouloir me faire comprendre quelque chose. Je la regardais en rigolant et en criant :

- Jacko il est beau ! Jacko il est gentil ! Jacko c’est mon amiiiiiiiiii !

Le match Afrique du Sud – Pays Bas reprit et comme la première période, je ne savais pas du tout ce que je faisais. Dès que j’avais le ballon je le balançais droit devant moi, mon corp se trouvait là mais c’était comme si mon cerveau était parti acheter des biscuits. J’étais complètement à l’ouest, et Myriam n’est pas conne, elle le voyait bien et commençait à s’inquiéter et a même décider d’interrompre le match. La console éteinte, je commençais à redescendre sur terre, plus persone ne parlait dans mon salon. Mes potes d’enfance me connaissent, perdre un match de PES n’était pas dans mes habitudes, et encore moins contre une fille qui ne sait pas jouer ! Et puis surtout, au bout d’un verre jétais complètement raide. On dit souvent que les problèmes accentuent l’alcool, c’est souvent quand on réflechit trop que l’alcool monte à la tête ... Tout le monde s’en doutait que quelque chose n’allait pas et pourtant personne ne prenait la parole. Cette situation me gênait fortement, tout le monde se regardait dans un grand silence de cathédrale et je n’aimais pas ça. Je finis donc mon verre cul sec et m’en remplis un de nouveau. Personne n’osait vraiment m’empêcher de boire, personne ? Si, Myriam ... Elle n’a pas tardé à prendre la bouteille ainsi que mon verre et à me les confisquer. La haine montait en moi, pourquoi a-t-elle fait ça ? Pourquoi m’empêche-t-elle de passer un bon moment avec Jack ? Et de nouveau sans explication possible, j’insultais Myriam de tout les noms et claqua ma main contre sa joue si douce que j’avais embrassé il y a de ça quelques jours... Mes potes m’ont pris à part pour essayer de me calmer alors que Myriam s’en allait en pleurant. Dans le coin de mon salon, l’alcool retombait petit à petit et je reprenais conscience. Si les problèmes accentuent l’alcool, les grosses conneries l’aident à redescendre. Mais pourquoi l’avais-je frappé ? Pourquoi m’étais-je mis dans cette situation à cause d’un simple match de PES ? Thabo m’avait rejoins pendant que je décuvais tranquillement. Lui avait réagis intelligeamment, comme un homme mature, pas moi !

- Thabo ...

- Nan Lauren, calme toi.

- Non mais je suis calme mon Thabo. Pourquoi je me suis comporté comme ça ? Hein pourquoi ?

- J’crois que je sais pourquoi, tu sais, je suis dans la même situation que toi.

- Oui mais toi t’as réagis comme un adulte, moi comme un gosse. Toi t’es resté calme, pendant que moi j’ai frappé Myriam. MAIS PUTAIN POURQUOI ?

- C’est des choses qui arrive, on se contrôle pas des fois. Repose toi, calme toi, et on en reparlera demain, il faut faire quelque chose Lauren !

- Oui.

Voila, j’avais gâché « ma » soirée, celle où je devais passé un bon moment avec mes potes d’enfance. D’ailleurs, ces derniers n’ont pas mis longtemps à quitter ma maison, je les avaient tout de même remercié d’être venus mais je m’étais aussi excusé auprès d’eux.
A ce moment là, je ne pensais plus qu’à Myriam, elle me hantait l’esprit. Celle qui m’avait fait forte impression les jours d’avant, et la seule qui a essayé de me calmer avec l’alcool, et pourtant je me suis défoulé contre elle. Je m’en voulais terriblement mais je ne savais pas quoi faire.

- Thabo ? Tu peux me dire où se trouve Myriam ?

- Elle est partie. Dors !

Partie ? Mais où a-t-elle bien pu aller ? Elle était sans doute toute seule dehors dans la ville d’Enschede si obscure la nuit, comment voulait-il que je m’endorme dans ces conditions ? Malgré mon envie de partir à sa recherche, le sommeil était trop lourd. Et puis Thabo avait raison, il fallait agir le lendemain, quand tout ça sera un peu plus loin.

Après une courte nuit, mouvementée aussi puisque j’ai fais plusieurs aller-retour entre les toilettes et mon lit, c’est avec un gros mal de crâne que je me réveillais. Le petit déjeuner sauté, je vais directement à la douche pour pouvoir sortir de chez moi. Thabo m’accompagna pour ne pas me laisser tout seul au cas où j’avais encore des restes d’alcool dans le sang. Je ne savais pas vraiment où on allait, mais j’avai besoin de prendre l’air, faire le tour de mon quartier, revoir des souvenirs d’enfance. Mon esprit était complètement embrouillé entre l’histoire de Myriam et entre mon histoire avec l’Afrique du Sud...Ces vacances qui devaient être reposantes ne se passaient pas exactement comme je l’imaginais. Thabo ne m’avait pas adressé la parole depuis la veille, était-il lui aussi tout embrouillé ou me faisait-il la tête ?

- Thabo ?

- Hum ?

- Euh ça va ?

- Oui oui, désolé je suis dans mes pensées... Allez viens on va chercher Myriam.

- Hein ? Tu sais où elle est ?

- Je présume.

Comment pouvait-il savoir où elle avait passé sa nuit ? Me cachait-il quelque chose sur elle ? On rebroussait chemin vers mon quartier natal, je suivais Thabo, on enchainait les maisons de mes voisins. Plus on s’avançait et plus mes doutes s’installaient. Puis Thabo s’est arrêté devant une maison à quelques centaines de mètres de la notre. Il frappa et retournait en courant vers chez nous. Je suis resté là sans réaction devant la porte, je regardais Thabo partir et je ne savais pas si la meilleure solution était de le suivre ou de rester ici. Myriam coupe mes pensées en ouvrant la porte. Elle me fixait avec un regard vide, je ne reconnaissais plus ses si beaux yeux habituels. Et puis son sourire me manquait. J’ai donc essayé de la faire sourire en lui demandant :

- Bonjour madame, aurez-vous l’amabilité de me prêter une corde ? J’ai le tabouret mais il me manque le plus important...

Myriam fit un petit sourire tout en bougeant la tête de droite à gauche, Elle me proposa d’entrer, ce que je fis directement. Elle se posa sur un canapé et je commençais la discussion :

- Myriam, je suis vraiment désolé de ce qui s’est passé hier soir. Mes excuses ne vont peut être pas suffire, sans aucun doute même. Mais sache que je suis sincère, je ne sais pas ce qui m’a pris. T’as été la seule à m’empêcher de boire et pour ça je t’en suis reconnaissable, j’ai agis comme un con hier, je ne me reconnais pas franchement. J’aurais bien aimé te dire que c’était pas moi hier soir, malheureusement c’était bien moi. J’espère que ta joue va mieux ? Allez viens là...

Myriam se laissait faire et je pouvais donc tourner sa tête pour regarder cette joue que j’avais frappé la veille. Quelques heures après ma main, c’est ma bouche qui se collait sur sa joue. Je ne la connaissais que depuis quelques jours et pourtant cette fille là me rendait différent, complètement différent ! Affectueux mais aussi violent, ce n’est vraiment pas dans mes habitudes ! Cette fille avait quelque chose de spécial, ce qui me plaisait chez elle ! J’avais plus qu’à savoir si elle acceptait mes excuses...

- Lauren, j’accepte tes excuses. Mais à l’avenir t’éviteras de t’énerver sur moi quand je n’ai rien fais.

- Bien sûr. C’était la première et la dernière fois de ma vie que j’ai donné une baffe à une fille.

Je sortais de cette maison avec Myriam pour rejoindre Thabo et mes parents. Il ne me restait plus qu’à savoir ce que faisait Myriam dans cette fameuse maison à quelques mètres de chez nous, mais aussi d’enquêter sur ma famille Sud-Africaine. Les galères n’étaient pas terminés !

Les jours suivants cet incident, j’avais décidé de me vider la tête et de passer tout mon temps avec mes amis. J’avais décidé de lâcher un peu ma famille qui m’a toujours caché l’histoire de ma famille Sud-Africaine. Je savais que ce n’était que passager sauf que cela me faisait du bien. Beaucoup de bien même. Puis les jours ont passés, ils se ressemblaient tous, et ainsi de suite jusqu’à la fin des vacances.... Je n’avais pas vu le temps passé à force de m’entretenir qu’avec mes amis. A quelques mètres seulement de ma maison où se trouvait Thabo, Myriam, Rosette et Rafael, un nouveau Lauren était en train de naître... Un Lauren très différent qui retourne à Paris sans UN aurevoir à sa famille ! C’est ses potes qui l’avaient accompagné à la gare et qui l’ont salués...

Une année s’est ensuite écoulée sans changement. Je m’étais isolé, je m’étais créer une carapace et je ne vivais que dans ma propre bulle. Plus de sorties entre amis, plus de contacts avec ma famille, mes seuls mots sont sortis dans le bureau des dirigeants de l’INF.
En quelques mois, j’étais devenu méconnaissable ! Je ne sais pas vraiment comment, mais à la fin de la saison, ma langue est revenue. Je me suis de nouveau confié à la presse régionale, je suis de nouveau sorti avec mes coéquipiers et puis surtout j’avais envie de reparler à ma famille !
Les rumeurs de transfert mit de côté, je pouvais enfin retourner à Enschede pour retrouver Thabo, Rosette et Rafael. A mon retour chez moi, j’ai eu le droit à une gifle de ma mère et à des regards noir de papa et de Thabo ! Je comprenais leur réaction et c’est assis dans le canapé, que mes excuses sont sortis ...

- Maman, papa, Thabo, je suis revenu pour m’excuser ! Et ce ne sont pas des paroles en l’air, je suis profondément désolé de ne vous avoir donné aucune nouvelles pendant un an ! L’année dernière, mes vacances ont pris une mauvaise tournure. Thabo sait ce qu’il s’est passé, mais papa, maman, vous n’êtes pas au courant. Lors d’une soirée entre amis, mes origines Sud Africaines sont tombé face à moi. Et c’était le fruit d’un pur hasard ! Ce moment a complètement chamboulé mon esprit. J’ai coupé tout contact avec l’extérieur durant une saison entière. Plus d’amis, plus de familles, je n’avais plus de loisirs. J’ai passé mon temps à jouer au football et à visiter Paris, seul ! Et ça m’a fait énormément de bien, je me suis ressourcé et aujourd’hui je suis un autre. L’année dernière j’ai noyé mes problèmes dans l’alcool et dans la violence. Et tout ça c’est terminé aujourd’hui !
Maman, papa, j’ai juste un service à vous demander : j’ai besoin de connaître l’histoire de ma famille Sud Africaine. C’est possible ?

Certaines larmes ont coulées sur le visage de ma mère mais elle semblait heureuse de me retrouver. Mes excuses ont été acceptés par tous et Rosette m’a accompagné dans le grenier de la maison. Je n’y avais jamais mis les pieds, et c’est dans un bazar total que nous nous mettions à la recherche de documents, d’archives, permettant de reconstituer mon arbre généalogique. Maman m’avait auparavant dit qu’elle préférait que je découvre l’histoire de ma famille par moi-même. Elle ne souhaitait pas tout me raconter comme cela. Après plusieurs heures de recherches infructueuses, j’étais tombé sur un classeur contenant des pages découpées de journaux. C’était principalement des pages découpées d’avis d’obsèques. Je montrais ce classeur à ma mère pour en savoir un peu plus. Et elle m’a demandé d’y regarder un peu plus près.

Je regardais donc les avis de décès d’un peu plus près, je lisais en verticale les noms des décédés et les motifs. Quand tout à coup je découvris 4 personnes portant le nom de jeune fille de ma mère. Tous était mort le même jour, sans motif. Maman avait les larmes aux yeux mais souhaitait me donner quelques précisions :

- T’as remarqué qu’ils portaient le même nom que moi ? ... C’était mon père, ma mère, mon frère et ma sœur. Je suis né dans une famille d’esclaves. Mais j’avais à peine 1 an quand mes parents ainsi que mon frère et ma sœur sont partis travailler sur des rails de chemin de fer. J’étais encore trop jeune pour travailler donc je restais dans mon quartier, toute seule, alors que je savais à peine marcher ! Je sentais que les heures passaient et ma famille ne revenait pas, je suis resté toute seule dans un petit cabanon pendant un temps indéterminé. Je sortais quelques fois pour prendre le journal que faisait tomber le vélo du facteur. Vu que je n’avais rien d’autre à faire, j’essayais de comprendre ce qu’était écrit dans le journal. Avec bien entendu beaucoup de mal, c’est comme ça que j’ai appris à lire. Et c’est aussi comme ça que j’ai appris que toute ma famille est décédée ... Comment ? Je ne le savais pas encore !


Je prenais maman dans mes bras, je venais d’apprendre que je n’allais jamais connaître mes grands parents du côté de ma mère ni ma tante et mon oncle... Mais mes recherches ne s’arrêtaient pas là. Ma mère m’a conseillé de regarder un peu plus loin dans le classeur. J’y trouvais une vieille cassette VHS. Je l’insére alors dans le vieux magnétoscope et un reportage commençait. Il semblait provenir d’une chaine française et des années 2000. En haut de l’image je pouvais lire le sujet du reportage : « l’apartheid ». Je me demandais ce que j’allais voir dans ce reportage mais au bout de quelques secondes une image allait attirer mon attention. C’était une vidéo d’un esclave sur une colline tout près de Pretoria. On pouvait voir des esclaves travaillant sur une rail de chemin de fer. Ou plus précisément, 4 personnes... Je tourne la tête vers ma mère, qui me fit un acquiescement de la tête. La suite fut très mal filmée mais c’était suffisant pour remarquer un train arrivé.. Ma famille fut à l’origine d’un piège raciste !

- Mais c’est honteux de voir ça !! Maman, faut porter plainte !! Faut réagir là !

- Lauren, tu crois que la justice va nous écouter 40 ans après ? J’ai déjà essayé de me faire entendre mais c’est trop tard, et surtout on a aucune preuve, aucun coupable...

Elle avait raison. Malgré le dénouement malheureux de cette histoire, j’étais content d’avoir enfin su la vérité sur ma famille. Je pouvais enfin comprendre pourquoi ma mère ne m’avait rien dit et surtout pourquoi je n’avais jamais rencontré ma famille sud africaine.
Il a quand même fallu qu’un an s’écoule pour que je sois mis au courant, mais encore une fois, ma connerie a pris le dessus sur moi !
Cette histoire a au moins eu le mérite de me faire changer, de me faire grandir...