[Aaron Gonzalez] Green Lights EP

« No there ain't no rest for the wicked, Until we close our eyes for good .. »

Des applaudissements se faisaient entendre. Je posais ma guitare à ma gauche et je pris le verre d'eau qui était sur la table en face de moi car j'avais la gorge sèche. Mes amis autour de moi ne faisaient que de me complimenter. Mais moi je m'en fichais, je ne jouais pas pour la gloire, uniquement pour la musique qui devenait ma drogue depuis quelques années. J'avais besoin de cette dose de musique. Il n'y avait pas beaucoup de monde autour du feu. La nuit était belle, les étoiles brillaient. J'avais tous mes amis autour de moi, on pouvait dire que c'était une magnifique soirée. Je m'allongeais dans l'herbe lorsque quelqu'un versa un seau d'eau dessus. C'était Marco, un ex-drogué rencontré dans les rues de Istres un soir de pleine lune. Il venait d'Italie et était un ancien mafieux. Mais je crois surtout que c'est un mythomane. Il se posa à côté de moi.


- Tu sais Aaron, tu devrais vraiment rejoindre un groupe, tu joues vraiment bien. Moi je me rappelle en Italie, quand on passait du temps avec le Parrain, y'avait un petit gars qui jouait de la guitare comme toi. Terrible.

- Merci du compliment mais non je suis pas trop tenté. Oublies pas, j'ai le football à côté moi. Je peux pas enchainer les entrainements et les répétitions, les concerts et les matchs. Nan, c'est pas possible, trop épuisant. Et au fait, t'es un véritable connard. Je me vengerai.

- C'est la pause, les vacances. Tu devrais y réfléchir, tu vas pas gâcher ton talent à jouer uniquement devant nous ..

- On verra bien. Comme tu le dis c'est les vacances pour le moment. Le football c'est ma priorité.

Je me relevais et m'approchais du feu pour sécher au plus vite et ne pas tomber malade. Il se faisait tard, et l’entrainement allait reprendre demain. Toute cette saison j'avais fait le con à sécher des entrainements et à faire l'arrogant mais sans aucune réprimande de l'entraineur qui croyait en moi et qui savait que j'avais du potentiel. Une main se posa sur mon épaule. Une main d'homme. Je me retournais et je reconnus Jean-Baptiste. C'était un gars que j'avais rencontré à une soirée rencontre entre les joueurs et les fans. Il est plutôt sympa mais timide et aussi collant comme garçon.

- Salut Aaron ..

- Oh salut J-B, tu vas bien ?

- Ouais ça va merci .. J'ai vu ta prestation de ce soir, on trouve ça superbe.

- Merci c'est sympa. Une bonne critique à propos de moi, quelque chose que j'avais pas souvent vu cette année ..

- Et donc j'ai une proposition à te faire ..

- Je t'écoute.

- Bah en fait, depuis quelques années on joue souvent dans mon garage avec ma copine et un de mes amis. Et il nous manque un dernier guitariste. On compte entamer une tournée dans les bars de France, et on voudrait savoir si t'accepterai d'être le 4ème membre de notre groupe. Bien sûr, on te force pas, mais tu corresponds parfaitement à notre style de musique ..

- Bah oui qu'il accepte ! Il est ravi de pouvoir participer à votre tournée ! Et en prime je vous accompagne. Plus on est de fous, plus on rit ..

Et voilà, encore une fois Marco venait de me mettre dans une merde pas possible. Pourquoi il s'était ramené à ce moment-là ? Et puis comme je l'avais dit, je ne voulais pas faire de tournée. Je voulais juste améliorer mon niveau au football cet été. Et pas faire de la guitare. Je regardais Marco dans les yeux. Un regard noir.

- Je pense pas que ça va être possible, demain c'est la reprise de l'entrainement et ..

- Non mais la reprise c'est pas demain, c'est à la fin du mois. Mais bon si tu veux pas c'est pas grave. On trouvera bien quelqu'un d'autre.

- Aaron, réunion d'équipe, viens par ici ..

Il me fit signe d'aller vers un coin sombre, derrière un grand chêne.

- Putain, je t'ai déjà dit d'arrêter avec cette histoire ! On est pas une équipe !

- Et chut, tu sais très bien qu'on peut être espionnés de partout .. Je te rappelle que je faisais parti de la mafia et que ..

- Ouais c'est bon je connais la chanson .. Tu voulais me dire quoi ? Et au fait, depuis quand tu prends des initiatives à ma place ? Je t'ai déjà dit que je ne voulais pas partir. Tu ruines tout mes plans là.

- Tes plans c'était quoi ? Jouer au violeur ? Tu sais, si on était en Italie, le parrain t'aurait déjà découpé en morceaux avec des manies de pervers mais bref. Tu vas partir avec eux faire le tour de la France. Au moins, tu gagneras en popularité auprès des fans de Istres et t'auras du soutien.

- Bon d'accord, tu m'as convaincu. Mais je te préviens, si il arrive un seul truc, si tu me fourres dans une de tes embrouilles, je te broie, comme ton connard de Parrain aurait fait ..

Après un High-Five et cinq minutes à rigoler pour rien, on retournait vers Jean-Baptiste. Il avait l'air effondré. C'est à ce moment-là que je réalisais que j'étais une vraie idole pour ce mec. Ou l'autre possibilité, c'était que ce mec est un malade mental qui veut juste me suivre à longueur de journée, épier mes faits et gestes.

- C'est bon, on vient avec toi !

- Par contre, on est pauvres, alors c'est à tes frais.

- J'ai que 150€ sur mon compte ..

- Et moi 0€, c'est encore mieux.

Il nous regardait et petit à petit je vis un sourire apparaitre sur son visage. Je m'en fichais un peu de ce qu'il ressentait, du moment que des filles me courent après après les concerts et qu'on peut faire des choses ensuite, ça ne me dérange pas du tout. Pour fêter ça, il nous invita dans le bar le plus proche. C'était une soirée très arrosée. Marco avait fini au poste comme tout les soirs. Pendant cette soirée mouvementée, Jean-Baptiste m'annonça que nous partions dès demain. Je n'étais pas du tout prêt, mais de toute façon, c'est la musique qui allait nous guider ..

Intro

Il était 10 heures quand mon réveil sonna. Je me souvenais de très peu de choses de la veille. Juste que j'avais accepté une tournée avec des gens que je connaissais à peine, si ce n'est pas du tout. Je ne savais pas si je devais regretter la veille et ce que j'avais dit. Je sortais de mon lit avec difficulté, je trébuchais juste après le premier pas. Je n'étais pas très frais, et j'avais encore la gueule de bois. J'avançais vers la cuisine pour manger quelque chose, mon estomac criant famine depuis tout à l'heure. J'ouvris le frigo. Vide. Enfin il y avait juste une banane et une bouteille de lait qui se baladait dedans. Le choix n'était pas dur à faire, je pris la bouteille et la banane et les mis dans le mixeur afin d'essayer de me faire un milkshake. J'allumais la radio et les infos sportives. C'est à ce moment que j'entendis une rubrique sur la MLS, le championnat de mon pays.

« Spécial MLS aujourd'hui. On assiste à des départs massifs en MLS cette année. Neal Khalifa, le latéral de Istres vient de parapher un contrat de 3 ans à Dallas en MLS. Roméo Saint-Rémy qui lui part aux New York Cosmos, l'ancien glorieux club des USA. On peut aussi noter les départs de Elias Slade dans l'autre club de New York, celui de Lauren Van der Kees à Los Angeles. A votre avis, ces départs massifs auront-ils un impact sur les clubs français ? Tout ces jeunes sortis de l'INF Clairefontaine .. Et je ne crois pas que ce sera fini, d'autres rumeurs envoient encore d'autres jeunes aux États-Unis. »

J'avais un peu les boules. C'était moi qui devrait jouer en MLS aujourd'hui. J'ai toujours voulu jouer dans mon pays. Je suis dévoué à mon pays, et les clubs font maintenant signer des gens qui n'ont aucun lien avec les USA, qui utilisent uniquement ce championnat pour gagner de l'argent et ensuite partir, utiliser nos clubs comme tremplin. J'étais dégouté. D'autant que mes anciens collègues de l'INF à Istres allaient tous partir. Mais bon, il fallait que je perce à Istres afin de ne pas rester sur un échec. Je versais le milkshake dans un verre et le bu en à peine quelques secondes. J'allais vers la salle de bain pour prendre une douche. Sous la douche, je repensais à ma famille que je n'avais pas vu depuis longtemps. Les États-Unis me manquent clairement. Après m'être séché, je sortis ma valise et essaya de mettre le maximum de vêtements dedans. Dix minutes passèrent et j'étais enfin prêt. C'est à ce moment là que je reçus un appel de Marco. Juste avant de répondre, je me posais des questions sur sa façon de payer sa facture de téléphone. Il était pauvre, n'avait pas de travail mais il vivait la vie comme elle venait, et je trouvais ça formidable.

- T'es prêt ?

- Prêt à quoi ?

- Oh putain tu devais être tellement saoul quand t'as accepté ça. Tu pars en tournée musicale, et ton "groupe" t'attend !

- C'était ironique. Tu peux être vraiment con quand tu veux. Et vous êtes où ?

- Café du XXème. Hôtel de ville quoi.

- Ok. Bon, le temps que je trouve un taxi ou un bus. J'arriverai d'ici 20 minutes.

Je coupais le téléphone. J'allais vers le compteur pour couper l'électricité. Je pris ma valise, la posa devant ma porte, fit un tour complet du studio pour vérifier si tout était en ordre. Tout était bon. Je fermais la porte et descendit les escaliers très lentement. En fait, je n'avais pas envie de partir. Je ne savais pas si c'était la flemme ou le fait de passer deux semaines avec un idiot et trois autres inconnus qui me donnait cette sensation. Mais j'avais déjà donné mon aval et je ne pouvais pas faire marche arrière. Devant l'immeuble, un arrêt de bus m'emmenait directement au centre-ville. Je posais donc ma valise pour la deuxième fois de la journée. Je regardais les horaires et je dû attendre 10 minutes avant de trouver un bus. Pendant ce temps, j'ai pu voir des dizaines de personnes totalement différentes : De la petite racaille de base, qui te demande une cigarette avec la musique à fond ou encore la fille bonne que tu tentes d'accoster mais tu te rends compte qu'elle est suivie par des dizaines de mecs, en passant par l'homme d'affaires totalement stressé, comme si il venait de violer une femme dans un hôtel. Le bus que j'avais pris était tout neuf, et une odeur très agréable se dégageait de ses sièges, mais elle était vite masquée par l'odeur de la sueur des gens qui le prenait.

La route était dégagée, j'ai donc mis très peu de temps à arriver. Le bus s'arrêta à l'arrêt Hôtel de ville. C'est ici que le bus se vida complétement et laissa le chauffeur seul à avec une vieille dame. Le soleil tapait très fort, je sortais ma casquette et mes lunettes de soleil de mon sac. J'apercevais au loin Jean-Baptiste discuter avec une femme qui devait être sa copine, un autre homme et pour finir Marco, habillé en Marin comme à son habitude. Il me fit un signe de loin, je m'avançais vers eux.

- Ah enfin ! Enfin, on t'attendait.

- Ouais excusez-moi, j'ai pris du temps à me préparer.

- Donc .. Aaron je te présente ma copine et bassiste du groupe, Alexandra. A ma gauche, c'est le batteur et aussi mon meilleur ami, Emeric. Et normalement notre chanteuse Alice ne va pas tarder à arriver. Puis moi, pianiste mais aussi guitariste par moment.

- Et moi Marco, manageur du groupe. Et je joue aussi du tambourin. Mais bon, moi je veux juste de l'argent.

- Mais t'es con ou tu le fais exprès ? On va dans des festivals amateurs, donc pas de sous. On t'offrira peut-être une bière mais rien d'autre.

- QUOI ? Pas de sous ? C'est décidé, je viens pas.

- Très bien, ça nous fera des vacances !

- Non je rigole, je raterai pas un moment avec mon copain Aaron.

Il me donna une tape dans l'épaule. C'est à ce moment là que la copine de JB fit un signe à une personne dans la rue. Et c'est à ce moment là que tout le monde se retourna et que je vis une fille magnifique s'approcher. Marco s'approcha de mon oreille et me chuchota quelques mots dans l'oreille.

- Alors celle-là, tu vas la violer ?

- J'ai envie de te dire pourquoi pas .. Non. On va y aller en douceur.

Je continuais à la contempler. Blonde, une super poitrine, des longues jambes, les yeux bleus .. Tout à fait mon genre. Elle portait un jean et une marinière, je crois même que c'est le maillot de l’Équipe de France. Elle arriva avec un large sourire sur son visage.

- Bonjour à tous !

Elle me regarda dans les yeux, m'observa de haut en bas.

- Tu dois être Aaron. Ravi de te rencontrer. J-B ne fait que de parler de toi. Aaron par-ci, Aaron par-là .. J'espère que tu es à la hauteur de ses propos.

Puis dans la seconde qui suivait, elle regardait Marco, de haut en bas.

- Et toi tu es ?

- Marco, Marco Polo, commandant du bateau qu'est le groupe .. Il s'appelle comment le groupe déjà ? Enfin bref, je suis ton manageur.

- Manageur ?

- Ouais, enfin tu verras.

- Bon et à part ça, vous êtes tous prêts ?

- Ouais !

- Et on y va comment ? Enfin je veux dire on voyage comment ?

- Bah on prend mon van.

Il me montra du doigt le van. Je sais pas si je devais avoir peur. Le Van de Jean-Baptiste. Une espèce d'épave totalement pimpée par Pimp my Ride France. Elle date de 1968, elle a fait Mai 1968. Totalement aménagée pour les groupes de musique. 2 lits solos, 2 lits doubles, une cuisine aménagée. C'est une espèce de mini-bus ou encore un camping car. Vert fluo, aux couleurs un peu trop psychédéliques. Nous montâmes dans le véhicule. Je sens que le voyage va être long. J'ai pas compris pourquoi, mais la première date est à Paris, va savoir pourquoi ..

Track One

Le soleil venait de se lever. La veille, après un long et dur trajet, nous avions pris la décision de nous arrêter à une aire d'autoroute non loin de Paris. Il devait être 7H du matin quand je me suis réveillé. Je ne savais pas trop quelle heure il était étant donné que la veille, j'avais perdu ma montre dans les bois. J'avais étrangement mal à la tête. Je me levais et regardais autour de moi. Tout le monde était en train de dormir. Sauf une personne, Alice. Je sortis du lit, enfila sans bruit mon jean et mon T-Shirt. Je sortis de la petite pièce qui nous servait de chambre et entra directement dans la cuisine. Alice était là, devant l'évier. Elle préparait le petit déjeuner, en train de fumer une cigarette. Elle ne m'avait pas remarquée dans un premier temps. Mais c'est quand je m'avança et que mes pas firent un peu plus de bruit qu'elle se retourna. Elle était habillée d'un haut blanc et d'un jean noir, les cheveux blonds mal coiffés, les yeux rouges de sang, comme si elle n'avait pas dormi de la nuit. Un sourire apparut quand elle me vit. Le soleil l'éblouissait, comme si c'était un ange venu sur Terre. Je me mis une petite claque discrète, pour éviter les pensées d'adolescents en manque d'amour.

- Tu vas bien ?

- Oui, un peu mal à la tête mais ça va et toi ?

- Oh comme d'habitude la forme .. Je peux te demander un service ?

- Oui je t'écoute.

- Tu peux prendre dans l'armoire des tasses à café ? Ça serait gentil ..

- Oui pas de soucis.

Et dans la seconde qui suivait j'exécutais cet "ordre" qu'elle m'avait donnée. J'étais comme enchantée par cette fille. Elle pouvait me guider où elle voulait, j'irai sans broncher, sans râler, sans soupirer. Je pris les tasses dans l'armoire, les disposais sur la table. Je m'approchais d'elle, le souffle court .. Mon coeur battait plus rapidement que la normale. Mais rien d'alarmant. Son odeur m'envoutait. Je m'assieds à la table et elle me rejoint quelques instants plus tard, avec la cafetière. Elle me proposa un café que j'accepta avec plaisir. Quand elle me demanda le nombre de sucres dans mon café, je lui répondis 4, mais ça n'avait que très peu d'importance à mes yeux. Elle se servait à son tour du café, sans sucre.

- Pas de sucre ?

- Non, je ne prends pas de sucre .. Gros diabète.

- Ah ouais je vois. Moi aussi dans ma famille y'a du diabète, mais personne ne fait attention .. Vivons la vie comme elle est.

C'est à ce moment là que j'avais envie de sortir les violons. Elle me sourit à nouveau, et commença à boire son café. Je fis de même. Il était très chaud, et avait un gout très étrange. Mais ma mère m'avait toujours appris à ne jamais gaspiller, alors je continuais à le boire. Je posais ma tasse.

- Et sinon dans la vie tu fais quoi ?

- Et bah petit boulot par-ci, par là .. Pour financer mes études.

- Des études de quoi ?

- Droit.

- Mon oncle est avocat aux États-Unis .. Si t'as besoin d'un stage, n'hésite pas à me demander.

- C'est gentil .. Et toi tu fais quoi dans la vie à part le football ?

- A part le football .. Bah rien. Je gagne plutôt bien ma vie grâce au football .. Puis sinon à part Marco qui m'embarque dans des embrouilles .. Rien.

- Je voulais te dire que franchement, pour un Américain, tu parles vraiment bien Français. J'adore ce petit accent. Bon c'est pas tout mais faudrait aller réveiller les autres, sinon on va jamais être prêts.

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Il était 19H à Paris. Nous étions arrivés dans un quartier dont je ne savais même pas le nom. C'était un petit festival dans un petit parc. Marco était collé à une fille qu'il avait rencontré il y a à peine une heure. Ils se ressemblaient tellement. Mais malheureusement ça n'allait pas durer longtemps, enfin je l'espère pour nous. Nous nous approchions de la scène quand Alice courra subitement dans les bras d'un autre garçon. Jean-Baptiste me dit que c'était son copain et qu'il s'appelait Pierre. Au début, c'était le guitariste du groupe. Mais il les quitta pour un autre groupe, plus "prestigieux". Évidemment j'étais déçu. La fille que je convoite est en couple, pour changer. Je voulais m'éloigner de cette scène de couple le plus vite possible. Je montais sur la scène, pris une guitare et joua un rythme très rapide et mélodieux.

- Alors c'est ça qui me remplace dans ce groupe ? Ah, c'est vraiment pitoyable ..

- Si tu le dis mon gars. On verra qui est le meilleur.

Je posais ma guitare. Jean-Baptiste me regarda et me fit un clin d'oeil. Marco me fit un signe avec son pouce. Mais Alice est son copain étaient déjà partis. Je demandais à JB à quelle heure commençait le concert. Il me répondit "20H". Il nous restait donc une quarantaine de minutes pour nous préparer. Le temps passa plus vite que prévu et le concert allait commencer dans 10 minutes, mais Alice n'était toujours pas revenue. Je décidais de partir à sa recherche. J'avais beau appeler sur son portable ou lui envoyer des SMS, elle ne répondait pas. J'avais fait le tour du festival, mais rien. Mais soudain, mon oeil fut attiré par des pleurs. Sur un banc, une femme pleurait. Évidemment, ça ne pouvait être qu'Alice. My Life is a Movie.

- Alice .. On te cherche partout .. Tu vas bien ?

- Oui, ça va aller ..

- Je sais très bien que ça va pas .. Tu peux tout me raconter tu sais. C'est à cause de ton copain c'est ça ?

- Il a décidé de me larguer .. Je suis pas assez bien pour lui, il préfère ses pouffiasses qui le suivent à longueur de journée ..

- Excuse-moi de changer de sujet mais .. Tu penses pouvoir faire le concert ?

- Oui ne t'inquiète pas.

Dès qu'elle se leva, je la pris dans mes bras pour la consoler. Quand je la lâcha, elle me regarda dans les yeux, me fit un sourire, et m'embrassa sur la joue. Et elle courra vers la scène pour se préparer. Sur scène quelques minutes plus tard. Tout se passa pour le mieux. Alice se sentait mieux, Marco joua du tambourin pour la première fois, et j'avais gratté ma guitare comme un dieu. C'est à partir de ce moment que je sentis que le voyage allait être terrible, j'étais bien loin de ma première impression ..

Track Two

Il était quatre heures du matin. Il faisait froid dans le car, plutôt inhabituel pour une nuit de Juillet. J'avais du mal à dormir. Je repensais à tout ce qui m'était arrivé depuis le début de ce voyage et le départ de Istres. J'avais réussi à trouver du bon dans tout ça. On va dire que je n'ai pas trop cherché à me socialiser à Istres. Deux trois amis proches, l'équipe et c'est tout. Je n'avais pas voyagé depuis longtemps, c'était un grand bol d'air pour moi. Une opportunité que je ne regrette pas d'avoir choisi, même si ce n'était pas tellement mon choix. Après mon premier concert, j'avais reçu un SMS de ma mère. Elle était très contente pour moi même si elle a toujours voulu que je devienne un grand avocat, plutôt qu'un joueur de football ou encore un musicien. Je n'arrivais plus à me rendormir. Je me levais pour aller fumer une cigarette. J'enfilais un short et mon débardeur pour ensuite aller dehors. Notre prochaine destination allait être une ville de l'Ouest je crois. Nous étions sur une aire d'autoroute, je crois que c'était la même que la dernière fois. La porte du véhicule était ouverte. J'avais enfin trouvé l'explication à ce froid nocturne. Je refermais la porte derrière moi. Sur le banc devant moi, Alice. Elle fumait aussi une cigarette. Elle ne bougeait que son bras. Elle ne grelotait pas, malgré le froid. Je m'approcha d'elle et posa mes mains sur ses épaules.

- Toujours prise par des insomnies ?

- Ah Aaron .. Tu m'as fait peur. Insomnie .. J'ai pas essayé de dormir, donc on peut pas tellement dire ça.

- Toujours le même sujet .. Pierre je suppose.

- Je veux l'oublier .. Mais j'y arrive pas .. Je l'aimais .. Et je crois que je l'aime toujours ..

Elle commença à pleurer ..

- Tu crois que lui t'aimes ? Moi je pense pas .. On peut pas se passer d'une fille comme toi. Mais bon .. Je suis pas dans sa tête, je connais rien de vous. Tu ferais mieux d'aller dormir, sinon tu vas pas être en forme demain.

Elle me regarda, hocha la tête. Elle sauta dans mes bras, comme si je venais de lui sauver la vie.

- Je sais pas si je vais réussir à m'endormir .. Tu veux pas me raconter une de tes histoires ? Ta vie aux Etats-Unis .. Je suis sûr qu'elle est passionnante.

- Et toi, tu veux pas me parler de toi .. On fait un échange d'histoire .. Histoire de faire dans l'équitable.

- D'accord. Si tu veux. Aucun souci.

Elle me sourit, me prit la main et nous nous posâmes sur son lit.

- Commences !

- Je m'appelle Aaron, et je suis né le jour de Independance Day, mon père est riche. J'ai eu une vie de rêve, j'ai voyagé dans pleins de pays. A toi maintenant !

- Si tu veux la jouer comme ça .. Je m'appelle Alice, et je suis né le jour de la Saint-Valentin. J'ai pas de père, ma mère est folle. Le seul pays que j'ai visité c'est la Belgique. Pas très glorieux on va dire.

Et la discussion continua jusqu'au petit matin. Il était 8H quand on s'endormit. Le soir même, nous devions jouer dans un bar. Où ça, je ne savais même pas.

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Le soir, dans un bar de Rouen. Il ne faisait pas beau du tout, il pleuvait même. Marco ne faisait que de me répéter que c'était parce qu'il allait se passer quelque chose de spécial. Moi je n'y croyais pas du tout. Les superstitions, c'est bon pour les bonnes femmes et les fous. Il devait être 21H. Nous allions monter sur scène dans quelques minutes. Je discutais tranquillement avec Jean-Baptiste quand quelqu'un frappa à la porte. Sa copine Alexandra alla ouvrir. C'était Pierre. Ce gars était partout.

- Vous savez où est Alice ?

- Laisse la tranquille. Dégage d'ici.

- Tu sais à qui tu parles ?

- Ouais, à un con. Alors maintenant tu dégages.

- Fais attention à toi Aaron. Fais attention.

- Ouh j'ai peur.

Il parla dans sa barbe quelques secondes et partit en claquant la porte. Alice venait de rentrer par la porte de derrière, surprise par le claquement de la porte.

- C'était qui ?

- Oh personne.

Je lui fis un sourire. Elle fit de même. Marco s'approcha de moi, et murmura dans mon oreille qu'il y avait de l'amour dans l'air. Ça me faisait rire. Ma vie actuelle se passait comme je le souhaitais. Et si ça se trouve, j'allais bientôt sortir avec la fille de mes rêves. Jean-Baptiste nous appela tous pour nous dire qu'il fallait qu'on se rende sur scène. La salle était presque pleine. On était pas habitué à ce genre de salle. Même pas du tout, c'était la première fois qu'on se produisait dans un bar.

- Bonjour Rouen ! On est les Green Lights .. et on va vous interpréter quelques sons de notre répertoire. C'est parti !

On avait commencé par Creep de Radiohead. Ensuite, on avait tenté une cover plutôt réussi de Super Bass. Et pour finir, une chanson sur laquelle on travaille avec Alice depuis ce midi "Somewhere out there". C'est un peu notre duo, la chanson qui passait dans mon iPod la première fois que je l'ai rencontrée. Tout se passait bien jusqu'à un certain moment. Elle regardait dans le public, un certain point fixe. Elle n'arrivait plus à chanter. Elle regardait Pierre en compagnie d'une fille, qui devait être sa nouvelle copine. Je devais faire quelque chose pour pas que le concert se finisse sur un fiasco. Je pris les choses en main. Une double satisfaction pour moi. Je la pris par les hanches et l'embrassa. Toute la salle applaudit. Au final, on avait pu improviser un vrai final. Quand je la lâcha, elle était rouge. Gênée je ne sais pas. Elle me fixa, les yeux dans les yeux. Et elle m'embrassa. De retour dans les "loges", nous étions main dans la main.

- Y'a pas quelqu'un qui veuille se mettre avec moi ? Allez, je veux pas être le seul célibataire ici !

- T'inquiètes pas Marco, tu t'en trouveras une bientôt.

Finalement j'avais tout ce que j'avais toujours voulu. Une magnifique copine, des amis formidables. La belle vie, et j'espère que ce moment durera longtemps.

Outro

Quelques jours plus tard, nous étions de retour à Istres. La tournée fut un succès pour nous. On a pu récupérer quelques numéros, et en même temps gagner de la notoriété. En une semaine, ma vie était complétement changée. Il était 9H du matin. Je n'étais plus seul dans mon lit, Alice dormait tranquillement à côté de moi. Mes maux de tête fréquents avaient disparu. L'entrainement allait reprendre tout à l'heure, et la routine allait reprendre elle aussi. Jean-Baptiste et Marco toujours dans les tribunes. Le studio allait devenir trop petit pour nous deux. Tout seul, j'avais déjà du mal à y vivre. Il nous faudrait quelque chose de plus grand. J'y réfléchirais mais plus tard. J'allais prendre une douche, puis enfila des habits propres, un jean et un T-Shirt noir. Mon estomac criait famine, je me rendais donc dans la cuisine afin de prendre mon petit déjeuner. Depuis qu'Alice est là, le frigo est toujours plein. Je me préparais un café et je sortis le jus d'orange. Je m'en servis un verre et le remis dans le frigo. Le temps que l'eau chauffe, je descendis les escaliers afin de prendre les différents quotidiens auxquels j'étais abonné. L'Equipe, le Monde, la Provence, pour toujours être à la page. Je posais les différents périodiques sur la table. Mon café était enfin prêt. Je me posais sur la table, avec mon café, mon jus d'orange et un croissant. Alice sortit de la chambre.

- Faudrait que t'arrêtes de te réveiller tôt .. En plus tu fais un boucan pas possible ..

- Au lieu de m’engueuler dès que tu me vois, tu pourrais peut-être me dire bonjour non ?

- Oh ça va, tu sais que je suis pas du matin ..

Elle s'approcha de moi, m'embrassa. Elle alla aussitôt vers le frigo pour se servir un verre de lait frais et du jus d'orange. Elle bu les deux verres en deux temps trois mouvements. Elle courra vers la chambre pour en ressortir dans la seconde qui suivait avec un paquet de cigarettes. Elle ouvrit la fenêtre et en alluma une.

- Je croyais que t'arrêtais de fumer ?

- On dit souvent des choses ..

- Tu dis souvent de choses, nuance.

- Je profite de la vie, nuance.

- Bon et sinon, tu vas faire quoi de ta journée ?

- J'en sais trop rien. Et toi ?

- C'est la reprise de l'entrainement. Je suis pas trop chaud, ça fait longtemps que j'ai pas touché à un ballon. On verra bien ce que ça donne. J'ai pas le droit à l'erreur cette année.

- En parlant d'année, je me suis toujours pas inscrit à la faculté. J'espère qu'il reste de la place.

- T'inquiètes pas pour ça. Bon, tu ferais mieux d'aller t'inscrire. Moi je pense que je vais y aller. Reste sage, fais pas trop le bordel comme la dernière fois.

Je l'embrassais, pris mon sac préparé la veille et quitta l'appartement. C'est le début d'une nouvelle année, qui me réserve plein de surprises j'ai l'impression.