Le temps va, tout s'en va [RGSR]

J'y avais pensé toute la nuit, je n'avais pas réussi à fermer l'oeil de toute la nuit. Je ne pouvais le croire, je ne pouvais l'imaginer. J'avais juste envie de me dire que c'était un cauchemar, juste un cauchemar. Que demain je me réveillerais, et que rien ne se serait passé, je serais dans mon lit, avec deux top models, une à chaque bras of course, et mon grand-père sera en pleine sante. A qui je fais avalé ça ? Je savais que ce n'était pas un cauchemar, c'était la dure réalité. Damn, j'arrivais pas à y croire. Je sortis de mon lit et commença à faire des pompes. Je ne les comptais pas, enfin si justement je tentais de les compter pour ne penser qu'à cela et pas à la dure réalité de mon monde qui semblait s'écrouler devant mes yeux, et je ne pouvais rien y faire, mis à part attendre. Il devait être huit heures quand on ouvrit ma porte. Je n'arrêtais pas de faire ma musculation, je ne sentais plus mon bras droit mais je continuais, sans penser à rien.

Roméo, viens.
J'arrive.

Je ne savais pas quoi lui dire. Devais je le réconforter, l'aider, lui parler ? Je n'en avais aucune idée, je n'avais jamais été très bon dans les relations avec ma famille. C'était tellement plus simple avec la gente féminine. Je ne savais pas quoi faire, pas mal de choses s'embrouillaient dans ma tête, en même temps. Je repensais à la mort de mon père, moi, le petit enfant en costume noir, pleurant toutes les larmes de son frêle petit corps à l'enterrement de son père, se disant que jamais il ne le reverrait, que c'était terminé. J'avais l'impression de vivre un remake de ce jour là, en pire. Parce que petit je ne comprenais pas bien. Mais maintenant, je dégoûte de comprendre. Je m'assis en face de lui, sur la table du salon, et le regardais, avec la plus grande tristesse du monde dans le regard. J'avais l'impression qu'on me serrait dans la poitrine, si fort que j'avais du mal à respirer.

Je suis désolé Roméo, je suis désolé de vous laisser, j'aimerais pouvoir te dire autre chose mais je ne peux pas, il n'y a rien à dire. A part désolé.
T'as pas à être désolé, tu n'y peux rien. Tu n'y peux strictement rien. C'est juste que je n'arrive pas à m'y résoudre, et je pense que jamais je n'y arriverais vraiment en fait.
Il va bien falloir Roméo, je sais que c'est difficile, et que tu as déja donné, mais tu dois te montrer fort. C'est ce que je veux, et c'est ce que ton défunt père aurait voulu. Bats toi pour lui, bats toi pour moi, bats toi pour nous. T'es le meilleur joueur de football que j'ai vu, montre leur ce que tu as, montre leur ce que tu as à donner, à apporter. Et montres que tu es le plus fort. Je veux que tu saches que ma compagnie est à toi, qu'elle sera à toi en fait. Pour le moment, tu dois gérer ta carrière, jouer au football et prendre du plaisir à faire cela. Une fois ta carrière de footballeur terminé, mon empire sera à toi, et rien qu'à toi.

Je ne savais pas trop quoi lui dire, je ne savais absolument pas quoi lui dire. J'étais à la fois horrifié de me dire que c'était peut-être notre dernière vraie conversation, mais j'étais aussi fier. Fier d'avoir été son petit-fils, fier d'être de sa famille. J'étais plus fier de cela que d'avoir signé aux New York Cosmos, c'est dire.

Merci grand-père, merci pour tout ce que tu as pu m'apporté depuis tout petit. Merci. Je me montrerais à la hauteur de tes éspèrances, c'est promis.
Je t'aime fiston...
Moi aussi grand-père.
Maintenant tu rentres à New York gamin, t'as entraînement demain, dépêches toi, ton billet d'avion est réservé.

Je le serrais dans mes bras, peut être pour la dernière fois et alla chercher mes valises, pour rentrer rapidement à New York. C'était la dernière fois que je l'avais vu vivant. Et mon dernier souvenir de lui, fut ce sourire. Ce sourire plein de vie, même dans la mort...

Grand-père est mort un mardi. Je l'ai vu en sortant de l'entraînement, ma mère m'avait appelé et lorsqu'elle répondit, elle était anormalement calme. Elle m'annonça le décés de grand-père dans son sommeil, elle avait dit qu'au moins il n'avait pas souffert. Ca ne me confortait pas vraiment, à vrai dire. Je devais avouer que cela ne me changeait rien, de toute façon, maintenant il était mort. Le coach m'avait offert la possibilité d'assister à l'enterrement et je l'avait remercié. J'avais besoin d'y aller, pour lui dire au revoir, une dernière fois. J'aurais jamais pu faire mon deuil dans le cas contraire. J'avais mis mon plus beau costume, comme il l'aurait voulu et j'avais mis des lunettes de soleil. Je ne comptais pas pleurer, mais quand même. Je me retrouvais à la messe ou je ne sais quoi, ou un dude parlait de ses conneries de dieu, de poussière gna gna gni gna gna gna. Damn, je croyais vraiment pas à ses conneries, c'était on ne peut plus clair. Je suivais le cortège, d'un pas nonchalant, et repensais à mes meilleurs moments avec lui. Il avait été important pour moi. Il m'avait appris à toujours penser comme un gagnant, comme un Saint-Rémy. Je ne serais pas celui que je suis si il n'avait pas été mon grand-père. Son cercueil descendait dans la tombe, et passant devant le trou, bientôt recouvert par la terre, je ne trouvais rien d'autre à dire qu'un simple Bye. M'éloignant du cortège, j'avais besoin de changer d'idée. Je pris mon portable et choisit le numéro auquel je pensais. Alexandra, ma belle, on peut se voir demain ?