[ Ernesto Balza ] Départ pour Paris

Chapitre 1 : Une envie de plus en plus prononcée

Ernesto se trouvait chez lui, avachit sur son canapé, la télécommande dans la main droite, il ne s’arrêtait pas de zapper ne trouvant rien de vraiment intéressant. Il éteignit la télé, se leva, écarta du doigt le rideau. La pluie tombait depuis bientôt une demi-heure et ne semblait pas décidé à laisser place au soleil avant un bon moment. Cela faisait maintenant dix mois que son frère avait quitté le cocon familial pour poursuivre ses études à Paris et qu’il ne l’avait pas vu. Ce denier lui avait décrit longuement par e-mail, l’ambiance qui régnait dans la capitale parisienne et dans son école. Il semblait comblé et ne regrettait en aucun cas San Sebastian.


Il sortit sur le balcon, alluma une Camel, la dernière de son paquet. Il avait doublé sa consommation de cigarettes depuis que son frère était parti. Il vivait très mal l’éloignement de la personne qui lui avait tout appris. Petit, son père était très distant et passer la plupart de son temps en voyage d’affaire. Commercial international, il ne passait que peu de temps à la maison et le passait le plus souvent avec un cigare et un verre de whisky à ruminer sur sa carrière sportive ratée à cause d’une blessure. Javier, l’ainé de la famille, avait donc été un exemple pour le jeune Ernesto qui mimait ses moindres gestes. C’est même grâce à lui qu’il avait découvert le football.


Ernesto jeta sa clope et monta à l’étage, rentra dans la chambre de Javier. Il resta un bon moment à observer le vide laissé par son frère. C’était décidé, il allait le rejoindre en France mais quand il ne le savait pas. Il devait d’abord finir le lycée, ses parents avaient été formels et même Javier s’était opposé à ce que son frère le rejoigne du moins pour le moment. Chaque chose en son temps, cependant la fin d’année scolaire approchait à grand pas et Ernesto avait déjà commencé à préparer sa valise. Encore une semaine et il pourrait rejoindre son frère. Un moment dont-il rêve chaque nuit...

Chapitre 2 : Le Départ

Ernesto referma sa valise rapidement. Son bac en poche il pouvait désormais se diriger pour la gare et rejoindre Javier à Paris. Il regarda une dernière fois sa chambre, éteignit la lumière et ferma la porte, le sourire aux lèvres. Il quitta sa maison, ses parents étaient déjà dans la voiture. Son meilleur ami, qui l’attendait devant chez lui, le pris dans ses bras et lui dit :
« Tu vas me manquer enfoiré !
- T’en fait pas va, je reviendrai le plus souvent possible.
- Sa sera différent sans toi mon gars, je sais pas si tu t’en rends compte.
- Vous allez tous me manquer, j’ai pris une photo de chacun de vous et puis avec le PC on restera toujours en contact même si sa sera pas pareil.
- T’as intérêt à tout niquer en France, parce que tu nous quittes pas pour faire de la merde !
- Je ferai mon maximum mec… Tu peux en être certain !
- Bon allez, loupe pas ton train mon frère.
- A bientôt Iker. »


Les deux amis se prirent dans les bras, tapèrent leur check : « X ». Ernesto ouvrit la porte de la voiture, fit un signe de la main à Iker et l’automobile pris le chemin de la gare. Les adieux furent long avec ses parents, tout comme le voyage en train. Du reggae dans les oreilles, le jeune basque s’endormit péniblement, un bébé avait choisit de ne pas s’arrêter de pleurer tout le long du voyage et d’insupporter tout le monde. Arrivé à la gare Montparnasse, Ernesto chercha du regard Javier qui était censé venir l’accompagner à leur domicile parisien. Il était perdu dans la gare et ne comprenait rien aux panneaux d’indications français. Après un bon quart d’heure d’investigation, il trouva son frère assis sur un banc en train de lire FranceFootball :
« Ah bah te voilà ! Comment tu vas petit frère ?
- Sa va, le voyage m’a un peu fatigué et toi ?
- Tout va bien il fait beau pour une fois, profite. Ne traînons pas, Fernando nous attend pour le dîner. Paëlla sa te vas ?
- Oui oui sa va, je vois que t’as pas perdu tes habitudes culinaires.
- Pour rien au monde, laisse moi prendre ton sac. »

Les deux frères quittèrent la gare parisienne et se dirigèrent vers leur appartement en banlieue. Sur le chemin, Ernesto reçu un texto du padre lui demandant de le contacter au plus vite. Il se demanda ce qu’il y avait de si urgent et l’appela dès son arrivée à sa nouvelle maison. Son père lui appris que l’INF Clairefontaine avait cherché à le joindre et que le responsable du recrutement souhaitait le rencontrer le plus vite possible. Cette occasion inespérée d’intégrer le centre de formation le plus réputé de France réjouis le jeune basque qui se demandait ce qu’il allait bien pouvoir faire une fois son arrivée à Paris. La réponse semble toute trouvée…

Chapitre 3 : Un rêve qui ne fait que commencer

Ernesto n’en revenait pas. Il avait contacté le directeur de l’INF et avait obtenu un entretien avec lui le lendemain de son arrivée à Paris et il n’avait même pas eu le temps de défaire son sac. Il avait toujours espéré devenir un footballeur professionnel et il était persuadé que grâce à la formation qu’il allait recevoir, son rêve allait devenir réalité. Il se trouvait là dans un bureau aux cotés de Javier, feuilletant un journal sportif dont il ne comprenait que la moitié des mots. Ce bureau puait le talent et la gloire, et Ernesto s’amusait à s’imaginer le nombres de jeunes talents qui avaient été assis là à sa place. La pression montait peu à peu il voulait faire absolument bonne impression et l’idée de ne pas être compris par son auditoire augmentait un peu plus ce stress si inhabituel chez le jeune basque. Un homme, la cinquantaine, costard cravate, cheveux grisonnant, entra dans le bureau. Javier et Ernesto se levèrent, le saluèrent en lui serrant la main et l’homme les invita à se rassoir, se plaça face aux deux espagnols et leur dit :
« Bonjour à vous. Enchanté, vous connaissez déjà mon nom, j’ai pas mal de jeunes joueurs à voir aujourd’hui donc je serai bref. Vous nous avez prouvé par le passé que vous aviez du talent et surtout du potentiel. C’est pourquoi, nous vous avons contacté et nous voudrions savoir si vous seriez intéressé de rejoindre notre centre de formation.
- Euh… Oui bien sûr, sa serait un honneur pour moi de… dit-il dans un français hésitant.
- Bref si vous êtes d’accord lisez ce contrat et signez le. Pardonnez moi si je parais un peu impoli mais j’ai une journée très chargée et je serai ravi de faire connaissance avec vous plus tard.
- Pas de souci, je comprends. »
Ernesto lu attentivement le contrat, chercha le regard de son frère qui passait son temps à observer la décoration du bureau, quand soudain Javier posa la main sur l’épaule de son frère et lui dit :
« Bon alors Ernest’ qu’est ce que t’attends pour signer tu vois bien que le monsieur est pressé. Signe et on ira voir ta chambre. »


Ernesto, qui n’imaginait vraiment pas que la scène se passe ainsi, saisit un stylo, signa son contrat, pris le trousseau de clef que lui tendit le responsable et quitta le bureau après l’avoir saluer. Il se dirigea ensuite vers sa chambre, et en parcourant les nombreux couloirs qui séparaient le bureau de ce qui allait être sa nouvelle demeure il sentit encore l’odeur si particulière qui habitait cet endroit. Il sentait vraiment bon le prestige et la gloire semblait être présente dans chacun des murs du bâtiment.


Chambre 70, c’était le chiffre qu’indiquait la petite porte bleue qui se dressait devant Ernesto. Il l'ouvrit et découvrit une petite chambre avec deux lits et quelques meubles qui devaient probablement servir de rangement. Il posa son sac sur son lit, regarda par la fenêtre et aperçu pour la première fois l’immensité des installations du centre francilien. Il n’aurait jamais imaginé sa, lui qui pourtant se rendait souvent au camp d’entrainement de la Real Sociedad, il n’avait jamais vu quelque chose d’aussi impressionnant et d’aussi complet. Une petite pancarte en plastique attira également son attention : « Défense de Fumer ». Son frère lui montra du doigt et lui dit sèchement « il serait peut être temps d’arrêter… ». Ernesto ne répondait même plus à ses remarques sur son addiction au tabac. Ses parents passaient leurs journées à lui reprocher de s’être mis à la cigarette mais c’était la première fois que son frère l’interpellait à ce sujet. Après tout ils avaient probablement raison, fumer n’est pas idéal pour le corps, encore moins lorsqu’on souhaite devenir un sportif de haut niveau. Mais la cigarette était quelque chose dont Ernesto ne pouvait se passer, il trouvait sa tellement bon, si relaxant. Il avait même son propre rituel le soir, alors que son Ipod passait du Groundation, il fumait sa clope les yeux rivés vers les étoiles et se prenait à rêver.
« Ca à l’air vraiment génial ici, il y a tout ce qu’il faut pour faire de toi un grand champion. Tu veux aller voir à quoi sa ressemble de plus près ? dit Javier
- Oui pourquoi pas, allons-y, j’installerai mes affaires plus tard. »


Les deux frères quittèrent donc la chambre, ils croisèrent quelques inconnus qui les saluèrent, probablement des employés du centre. La saison n’avait pas encore repris et les futurs cracks du ballon rond profitaient surement encore de leurs vacances. Ernesto et Javier purent donc visiter toutes ces installations tranquillement. Ils virent tous les bâtiments et les terrains qu’allaient fréquenter quotidiennement Ernesto pendant un an au moins. Il était vraiment pressé que tout cela commence et excité de montrer à tous de quoi il était réellement capable. Son frère le raccompagna à sa chambre et avant de le quitter Javier le pris dans ses bras, lui souhaita bon courage et lui promis de passer le voir et prendre une bière avec lui régulièrement. Ernesto se retrouva tous seul dans sa chambre, la première qu’il fit peut paraitre un peu étrange. Il sortit son grand poster de Bob Marley, le positionna au dessus de son lit, puis fixa le crucifix que lui avait offert sa grand-mère et le fanion de la Real Sociedad. Pas suffisant cependant pour se sentir vraiment chez lui mais c’était déjà un bon début pour le jeune basque. Il vida son sac, posa quelques photos de ses proches sur sa table de nuit et s’étala de toute sa masse sur son lit. Son imagination l’emmena au Parc des Princes, fêtant un but devant une foule en délire. Il s’endormit la tête pleine d’espérance pour l’avenir. Il savait désormais ce qu’il lui restait à faire pour que ce rêve devienne réalité...

Chapitre 4 : Visite improvisée de Paris
Deux jours après son arrivée à Clairefontaine, Ernesto se sentait un peu seul et décida de partir un peu à l’aventure dans la jungle parisienne. Il était déjà venu auparavant accompagné de sa famille mais n’avait pas eu le temps de visiter tous les monuments de la capitale française. C’est ainsi qu’il débarqua, seul, dans ce qui est pour pas mal de personnes la plus belle ville du monde, station Saint Michel RER B. Il sortit de la bouche de métro et fut émerveillé devant la grandeur de Notre Dame. La nuit tombait et il tomba par hasard sur un grand pont ou plein de jeunes étaient assis et buvaient : Le Pont des Arts. Fameux pont où ont pour habitude de se rejoindre les fêtards parisiens. Il passa, observa les gens bourrés qui déliraient sans trop savoir pourquoi. Il s’arrêta dans un bar, pris une bière, une Corona. Une, deux, trois bières plus tard, Ernesto se demandait bien ce qu’il allait pouvoir faire lorsqu’il vit une magnifique blonde entrer dans le bar. Il ne put s’empêcher de la regarder longuement. Elle s’assit seule à une table, sembla demander au serveur un verre de sangria et sortit son téléphone. Il hésita à l’aborder et se dit que le fait d’être un jeune espagnol pouvait lui servir pour séduire. Après tout les jeunes français avaient plutôt la côte en Espagne, pas de raison que sa ne fonctionne pas dans l’autre sens !
« Ola ! Je vois que t’es toute seule, t’as peut être besoin d’un peu de compagnie »
La jeune fille surprise lui répondit :
« Oui vas-y assit toi.
- Je voudrais pas te déranger, je suis tout nouveau ici et je suis un peu impressionné de voir autant de monde et de connaitre personne.
- Tu me déranges pas du tout, je viens d’arriver aussi, je suis de Madrid et je ne connais pas grand monde non plus. J’habite juste à coté et j’ai pris l’habitude de venir prendre une bière tous les soirs ici, ce bar est sympa.
- Tu viens de Madrid ? Le hasard fait plutôt bien les choses, je viens de San Sebastian.
- Ah oui ? C’est marrant sa qu’est ce que tu fais à Paris ? T’es là pour les vacances ?
- Non pas vraiment, je suis venu rejoindre mon frère qui est venu poursuivre ses études ici et j’ai eu la chance d’intégrer l’INF Clairefontaine.
- Je connais pas qu’est ce que c’est ?
- Un centre de formation de football, un des plus populaires de France.
- Tu veux devenir un joueur pro ? Mon père est un fan de l’Atlético et sa passion m’a fait détester le football. A en parler tous les jours au final j’en pouvais plus.
- Je peux comprendre, mon père lui faisait de la pelote basque et c’est mon frère qui m’a fait découvrir le football. Assez parler de moi. Que viens tu faire ici ?
- J’ai décidé de venir en France pour les mêmes raisons que ton frère. Je suis ici pour débuter des études dans l’art, la sélection est rude mais je pense pouvoir tirer mon épingle du jeu. Je ne pensais vraiment pas rencontrer un compatriote aussi rapidement, c’est plutôt amusant. Tu vis pas loin d’ici ?
- Non pas vraiment j’habite dans la banlieue, j’ai un petit appartement dans mon centre de formation et je suis venu visité Paris, le hasard m’a conduit ici.
- Comme quoi le hasard fait plutôt bien les choses. Je sors fumer une clope tu m’accompagne ?
- Oui je pensais justement m’en allumer une
- Tu fumes ? Pas génial pour un sportif !
- Oui je sais t’es pas la première à me le dire… »


Les deux ibériques continuèrent leur discussion pendant un bon moment, la jeune Monica rentra chez elle après une heure et demi de discussion. Ils échangèrent leur numéro et se promirent de se revoir le plus vite possible. Ernesto était ravi, il ne pensait vraiment pas rencontrer une fille aussi vite et aussi facilement. Après son départ, il resta un petit quart d’heure, seul, à siroter sa bière. Il était déjà minuit, Ernesto essaye de rejoindre Clairefontaine mais il se perdit dans la ville et décida d’appeler son frère qui accepta de venir le chercher et de lui offrir l’hospitalité pour la nuit. La fin d’une première journée plutôt agitée dans la grisaille parisienne.

Chapitre 5 : Un Retour aux Sources


Ernesto était retourné à Clairefontaine. Il avait repensé à Monica et espérait vivement la revoir. Les blondes ne l’attiraient pas plus que sa habituellement mais celle-ci avait vraiment énormément de charme. Deux jours après leur rencontre, ils avaient continué à se parler par SMS et elle semblait plutôt correspondre à ce que le jeune basque se faisait de la femme idéale. Ernesto regardait un DVD dans sa chambre et fumait une cigarette dans sa chambre à l’INF. « Pulp Fiction » un chef-d’œuvre du septième art de Tarantino, quand soudain son téléphone sonna :
« Allo ?
- Ernesto ? C’est Javier, tu vas bien ?
- Oui très bien et toi ?
- Sa va. Alors des nouvelles de ta ganache ?
- Oui un peu, on « textote »
- Ah ouais carrément sa rigole plus. Enfin bref, parlons peu parlons bien, tu commences quand à t’entrainer ?
- Euuuh, alors ça, je sais pas vraiment, pas avant une semaine je pense…
- Parfait sa, j’ai deux billets pour San Sebastian. Tu m’accompagnes ?
- Ouais ça peut être sympa, surtout qu’ici je m’ennuie comme un rat mort, je passe mon temps à fumer et revoir des films que j’ai déjà vu vingt fois
- Bon donc je pars la, je serai à l’INF dans une petite heure donc nous retarde pas »

Ernesto rayonnait, il ne pensait pas que l’Espagne lui manquerait autant et n’envisageait pas d’y retourner aussi rapidement. Il fit son sac en dix secondes top chrono et sortit devant l’INF pour fumer une clope et attendre son frère. Ernesto était très pressé de revoir tout ses amis qu’ils avaient laissé là-bas. Son frère arriva après une heure d’attente ( ce qui correspond environ à six cigarettes ) et il partirent ensemble en direction de la Gare Montparnasse. Après 6 heures et demi de train, les voilà arrivés à destination. Un soleil radieux semblait les attendre depuis une semaine, et pour le plus grand bonheur d’Ernesto, il vit à la sortie de la gare basque, 5 de ses amis qui l’attendait et qui lui sautèrent dessus. Il était fou de joie. Ils se dirigèrent tous ensemble vers la plage : Alcool, Weed, Bains de Minuit au programme pour toute la soirée. Une soirée comme Ernesto n’en avait pas vécue depuis un bon moment.



A un moment, il se retrouva seul allongé sur le sable, une bouteille de Jack dans la main droite, un spliff dans la main gauche. C’était probablement la dernière fois avant un bon moment qu’Ernesto bédavait. Il savait qu’il allait devoir arrêter ou du moins réduire sa consommation mais il n’y pensait pas il préférait profiter à fond de ce moment magique. Iker, son vieux pote le rejoignit, lui sauta dessus et lui dit :
« Ce que sa me fait plaisir de te voir mon gars !
- Javier t’as dit pour l’INF ?
- Bien sûr qu’il me l’a dit ! Tu crois qu’on fête quoi la ?
- Je pouvais pas rêver de meilleure fête !
- Alors Paris, comment c’est ?
- Bah écoute je vais être franc avec toi, pour le moment je me fais royalement chier, l’entrainement a pas encore commencé et j’ai l’impression d’être tous seul là-bas. Mais j’ai hâte que tout sa commence j’en peux plus d’attendre
- Mais je te parle pas de l’INF, je me doute que sa va être sensationnel, il faut en même temps. La plus belle ville du monde, tu sais Paris, là ou tu vas vivre maintenant, c’est comment ?
- C’est magnifique, j’ai vu la Tour Eiffel, Notre Dame de Paris tout sa !
- Et les filles elles sont bien ?
- Je sais pas trop encore j’ai pas eu le temps d’explorer de fond en comble
- Menteur, ton frère m’a parlé d’une fille, quel tombeur celui-là
- Qu’est ce qu’il t’a raconté comme conneries encore ? C’est juste une madrilène que j’ai rencontré par hasard dans un bar à Saint Michel !
- Ouais juste une madrilène c’est sa, prend moi pour un jambon… Allez balance tout là, elle est bonne au moins ? Tu sais ce qu’on pense de Madrid chez nous alors y’a intérêt qu’elle soit fraiche
- Elle est super jolie, une blonde super canon, t’en baverais mon petit. Tu sais le genre de meufs que t’oses même pas regarder !
- Ouais tu te l’es pas encore faite à ce que je sache donc te la raconte pas trop non plus. Bon allez on va revoir les autres ! Arrête de faire ton parisien insociable là. »


Les deux amis retournèrent autour du feu avec leurs amis. Mais la soirée ne fut plus la même pour Ernesto depuis qu’Iker avait fait allusion à Monica. Il n’arrivait plus à se la sortir de la tête. Bon après un petit cul-sec sur la bouteille de Jack sa devrait aller un peu mieux. En effet sa allait bien mieux, sauf peut être sa vision qui se floutait un peu plus chaque minute.

Chapitre 6 : Dur la gueule de bois !


Quel mal de crâne ! Ernesto se réveilla difficilement le lendemain matin. Il tâtonna sur sa table de nuit, cherchant vite une boite de doliprane qu’il trouva après avoir manqué de renverser sa lampe de chevet. La préparation physique d’un alcoolique doit être aussi rude que celle d’un sportif professionnel et le foie d’Ernesto semblait avoir perdu de sa superbe. Il se redressa, trouva une bouteille d’eau, pris son médicament, passa les mains sur son visage, se leva, ouvrit la fenêtre, les volets et pris une immense bouffée d’air frais. C’est probablement ce qui lui manquait le plus à Paris, cette vue magnifique sur l’Océan Atlantique, il chercha dans sa chambre son paquet de cigarette, ne le trouva pas, et s’écroula de toute sa masse sur son lit. Il jeta un coup d’œil à son téléphone : 16h37 ! L’alcool faisait vraiment des ravages. Ernesto bondit hors du lit et passa par la case douche avant de descendre en bas manger un bout. Il fouilla dans tous les tiroirs, rien de bien intéressant pour ses papilles gustatives, « vendredi, le jour des courses pour la Madre » se dit-il. Ernesto prit un bout de pain qui trainait par la et s’avachit devant la télé, les pieds croisés sur la table. C’était fou à quel point la gueule de bois pouvait renforcer sa flemmardise si caractéristique. Ernesto se retenait chaque jour d’envoyer un SMS à Monica et attendait que sa soit la blondinette qui fasse le premier pas. Il devait quand même s’affirmer en tant qu’homme faut pas déconner !


Assez glander ! Ernesto pris le chemin de la plage, tong, short de bain, t-shirt, serviette, le strict nécessaire. Il ne manquait plus que sa, sur le chemin de la plage, Ernesto croisa la personne qu’il appréciait surement le moins au monde. Sa bonne forme de la journée additionné à son sang froid caractéristique, le tout pouvait donner lieu à des étincelles. Il traça sa route lorsqu’il entendit :
« Ernesto ! Youhou ! Pourquoi fais tu semblant de pas m’entendre petit chenapan ?! »
C’était l’ancien maire de la ville, mais aussi l’ancien ami de la famille jusqu'à ce qu’il décide de poignarder son soi-disant ami. Impitoyable monde des affaires. M. Torres courut pour le rattraper et lui sait l’épaule :
« Ne m’ignore pas, ce n’est pas parce que j’ai eu des différents par le passé avec ton Padre que tu dois m’ignorer »


Pas un regard, pas une réponse, cependant la colère montait petit à petit et Ernesto était à deux doigts de craquer. Cependant l’ancien maire et homme d’affaire continua ce qui ressemblait davantage chaque seconde à un monologue :
« J’ai entendu dire que tu avais intégré l’INF Clairefontaine. Et oui ne soit pas surpris, les nouvelles font vite le tour de la ville surtout quand on parle de football et du fils de Enrique Balza, la légende de la pelote basque.
- Bon vous voyez pas que vous me faites légèrement chier ?!
- Héhé doucement petit, je voulais juste te proposer quelque chose
- Ca ne m’intéresse pas. Mon père a fait affaire avec vous par le passé et il s’en mord encore les doigts. Donc ne vous fatiguez pas à me proposer quoique ce soit la réponse sera quoiqu’il arrive négative. J’ai été clair maintenant partez s’il vous plait.
- Mais c’est du passé sa. C’est vous ce que vous pouvez être rancunier vous les basques. »


Ernesto trépignait de rage ! Le vieux ne comptait pas le lacher.
« Ce que je te propose peut t’intéresser. Je connais un agent reconnu dans toute l’Espagne. Il pourrait te vendre aux plus grand clubs du monde. Fernando Gonzales ! Tu en as peut être entendu parler ?
- Premièrement je ne suis pas un esclave donc personne ne me vendra et deuxièmement je ne veux pas faire affaire avec vous je pensais pourtant avoir été clair non ? Maintenant vous pouvez partir avant que je m’ énerve. Joder !
- Que tu t’énerves ? Tu me fais rire petit con, j’en ai vu d’autre des insolents comme toi mais je dois avouer qu’ils n’avaient pas ton culot. Allez de l’argent en plus, des contrats publicitaires. C’est la vie de château dont je te parle, pas besoin de l’INF Clirefonténe ou je sais pas quoi là. »


Chez Ernesto, l’envie de lui mettre un coup de tong dans son sourire de focus ne faisait que s’intensifier, et il ne pensait pas que sa seule petite semaine de judo lui servirait une fois dans sa vie. La journée paraissait plutôt forte en surprise.
« Bon d’accord tu refuses mon offre, je comprends… Mais tu n’as pas fini d’entendre parler de moi. Tu le regretteras, tu peux me croire. »


Le vieux partit, probablement faire chier quelqu’un d’autre. Ernesto se demandait toujours comment il avait fait pour ne pas l’envoyer au tapis. Le pacifisme, une valeur prônée par sa mère mais largement remise en question par son père. Il atteignit finalement la plage, posa sa serviette, retira son t-shirt et courut se jeter dans l’eau fraiche de la baie de San Sebastian. Il nagea jusqu’à la bouée, oui après tout il n’y a pas grand-chose d’autre à faire dans l’eau, sortit de l’eau et se laissa sécher au soleil, le cul posé sur sa serviette. Il ne lui manquait qu’une clope pour que ce moment soit parfaitement relaxant. Après une bonne demi-heure passée au soleil, Ernesto fit demi-tour et rentra chez lui, ses parents l’attendait pour prendre l’apéro avec les voisins qui voulaient fêter son admission à l’INF Clairefontaine. « Régime soda ce soir ! » se promit-il quoiqu'une petite Corona ne ferait de mal à personne.

Chapitre 7 : L’entraînement va commencer. Enfin du sérieux !

Ernesto attendait une fois de plus que son TGV se décide à rejoindre la France, une clope au bec et du Gentleman dans les oreilles. D’ici là rien d’anormal. Seulement le train n’avait pas l’air pressé et avait déjà une demi heure de retard. « Foutu train à la con ! ». Son frère profitait de sa dernière semaine de vacances avant de reprendre ses études supérieures dans le commerce, Ernesto était donc tous seul et se faisait royalement chier. Son vieux sac eastpack était rempli de tout et n’importe quoi, des sortes d’objets porte bonheur – ou du moins c’étaient leur rôle – que le jeune superstitieux avait souhaité ramener dans sa chambre de Clairefontaine.
Un coup de sifflet ! Enfin, Ernesto jeta sa clope un peu n’importe où et bondit dans le train, il était moins une. Ca aurait été vraiment con de le rater après l’avoir attendu aussi longtemps. Le basque gagna sa place, par chance personne ne semblait être assis à ses côtés, il pris donc ses aises et empiéta sur le deuxième fauteuil. Après tout on manque tellement de place dans ces foutues grandes boites à sardines. Malgré le manque de confort assez significatif, Ernesto parvint à trouver le sommeil rapidement, grâce à une position qui rendrait jaloux les meilleurs contorsionnistes du monde entier mais qui lui causerait sans doute un bon mal de dos au réveil. Chose qui ne tarda pas arrivée pour le plus grand bonheur d’Ernesto ! Une espèce de vieille furie débarqua dans le wagon et hurla de toute ses forces en donnant des coups de canne un peu partout :
« Non mais enfin c’est pas possible de voir une jeunesse pareille ! De mon temps on n’osait pas se tenir de la sorte dans les lieux publics. On est quand même pas au cirque ici ! Lève toi, enfin plus vite que sa, c’est ma place ici !
- Oui bon sa va, deux minutes, elle va se calmer la mégère… Joder !
- Non mais il me manque de respect en plus ? Vos parents ne vous ont-ils pas appris la politesse ?!
- En tout cas, on a du bien vous apprendre à casser les couilles. Bon sa va maintenant ? Elle est contente ? Elle va pouvoir arrêter de me faire chier ? Je peux me rendormir?» La vieille ne répondit pas, et s’assit. Ernesto soupira et essaya de se rendormir sans y parvenir.


Une demi heure après cet incident, le chauffeur annonça un arrêt d’un quart d’heure à Bordeaux, parfait pour une pause clope qui tombait au bon moment. Lorsqu’il retourna dans le train, il dut croiser le regard méprisant de tout le wagon qui n’avait sans doute pas apprécier la façon dont il avait répondu à la vieille folle. Peu importe, il ne reverrait certainement jamais ces gens. La vieille en question avait déménagé, un espèce de trentenaire chauve se goinfrant de chips avait dû lui signifié que le siège à ses côtés était inoccupé. « Tout ce cinoche pour rien, c’est ridicule, toujours besoin d’attirer l’attention sur eux ces vieux ! Ce qu’ils peuvent être cons parfois… Les jeunes par ci les jeune par la, le même disque qui était ressorti en boucle, à croire que la génération 40-50 était parfaite. A croire que tous les plus cons sont pas mort pendant la guerre ! » Ernesto ruminait sa rage dans son coin, il n’écoutait plus son MP3 qui crachait du son pour rien. Il s’endormit finalement avec le sourire en pensant au début de saison qui s’annonçait passionnant à Clairefontaine.


Arrivé à la gare Montparnasse, Ernesto pris un taxi, direction l’INF. A peine rentré dans sa chambre, il finalisa les derniers détails qui manquaient à la décoration de sa chambre puis s’écroula de fatigue sur son lit et s’endormit en un temps record. Dorénavant, il n’avait plus qu’à attendre…

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