[Holmes] Dead Man

Qu'est-ce qu'on a ?
Homme, 47 ans, touché par balles, trois en tout...
On s'en occupe.

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Biiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiippppp


Le chirurgien enleva son masque et ses gants. Il lâcha tout ce qu'il avait dans les mains et sortit du bloc opératoire. Sa jeune interne le suivit dans le couloir. Le vieil homme, environ 55 ans, avait dû en voir des cas comme ça à plusieurs reprises, mais celle-là le touchait visiblement.

Ce n'est pas de votre faute, tenta de le rassurer sa jeune interne.
Si il était arrivé avant j'aurais pu le sauver.

Il s'en voulait. Mais il en voulait encore d'avantage aux ambulanciers qui n'étaient pas arrivés assez vite. Par leur faute, il n'avait pas réussi à le maintenir en vie. Il se laissa tomber à terre, dos au mur. L'interne ne comprenait pas pourquoi il tenait tant à ce que cet homme reste en vie. Jamais ce grand chirurgien n'avait été à ce point découragé, dégoûté par son métier et par son incapacité à avoir sauver la vie de cet homme. Qui était-il exactement ?

Lexie, il faut appeler sa famille pour leur apprendre la nouvelle. Tu veux bien t'en charger ?
Oui j'y vais.

Encore une fois elle se tapait le sale boulot. Evidemment elle avait assisté à cette opération, elle avait même eu la chance d'enlever une des trois balles qui se trouvaient dans le corps du patient mais encore une fois c'était elle qui allait devoir apprendre sa mort à sa famille, qui n'était d'ailleurs même pas au courant sûrement qu'on lui avait tiré dessus...

Elle prit le formulaire du patient : Adam Sweetlove. Son nom ne lui disait rien, mais le nom du premier contact sur la liste lui disait vaguement quelque chose. Un certain William Holmes. Curieuse, elle tapa ce nom sur Internet. Une page Wikipédia correspondait à sa recherche, un individu avait une page wikipédia au nom de William Holmes. Elle cliqua sur le lien et une photo d'un footballeur s'afficha. William Holmes, attaquant du club de Salt Lake City. Etait-ce l'homme qu'elle allait joindre ? Bonne question, seul l'appel le lui dira... Elle tapa le numéro inscrit sur la feuille, un homme décrocha au bout du fil.

Oui allô ?!
Mr Holmes ?
Oui c'est bien moi, à qui ai-je l'honneur ?
Je suis le docteur Knight de l'hôpital de New-York. Je vous appelle à propos de votre père. Pourriez-vous venir à l'hôpital ?
Euh... Oui... Qu'est-ce qu'il se passe docteur ?
Votre père s'est fait tiré dessus...
J'arrive aussi vite que possible.

Je dis à Myssilia que je partais pour New-York et qu'elle devait venir avec moi, que je lui expliquerais ce qu'il se passait dans l'avion.

Une fois dans l'avion, assis côte à côte, je lui expliquai la situation d'urgence dans laquelle nous étions.

Papa c'est fait tiré dessus. Je n'en sais pas plus, le docteur qui a appelé ma juste dit ça...
C'est horrible... Qui peut bien lui avoir tiré dessus ?
Je n'en sais rien...

Le voyage fut long, très long, trop long. Je n'en pouvais plus d'attendre dans ce maudit avion. Quand il se posa enfin, j'étais soulagé. Il fallait à présent que l'on trouve un taxi qui nous emmène à l'hôpital. Pas dur à trouver, le parking était bondé de taxis jaunes, emblème de New-York. On s'approcha d'un des chauffeurs et Myssilia lui dit :

On voudrait aller à l'hôpital, le plus vite possible.
Pas de problème, avec moi vous y serez très rapidement ma petite dame.

Et il avait raison le salaud. En moins de 10 minutes nous étions arrivés alors que l'hôpital était assez loin de l'aéroport. Mais grâce à sa grande connaissance de la ville, le chauffeur avait prit divers raccourcis pour éviter les embouteillages. Et hop, en 10 minutes nous étions devant l'édifice. On paya le chauffeur et on entra en courant dans le grand hall du bâtiment. Je m'approchai de l'accueil.

Bonjour, je voudrais voir le Docteur Knight, elle s'occupe de mon père.
Oui je vous l'appelle monsieur ?
Holmes.
Très bien.

Deux minutes plus tard environ, la jeune femme que j'avais eu au téléphone quelques heures plus tôt se tenait face à moi en compagnie d'un homme d'environ 55 ans à vue de nez.

Ils nous demandèrent de nous asseoir sur les sièges derrière eux.

Je suis désolé de vous annoncer cela, mais votre père est décédé. Nous avons fais tout notre possible pour le sauver mais rien n'y a fait, c'était déjà trop tard quand il est arrivé.

Myssilia se jeta sur mon épaule. Mon manteau étouffait ses sanglots et ses larmes coulaient le long de ma manche. Je lui pris la tête et la serrai contre moi. Une larme coula le long de ma joue droite. Qui avait tué mon père ? Je n'avais qu'un sentiment qui me venait à l'esprit à cet instant et ce n'était pas de la haine, pas non plus un sentiment de tristesse ni de la vengeance, seulement un sentiment de justice. Je tenais à ce que justice soit faite à présent. Après que ce sentiment se fut emparé de mon corps, deux autres s'insinuèrent dans mon esprit. La vengeance et la tristesse. Le médecin nous emmena dans la chambre de mon défunt père. Adam Sweetlove était là, dans ses draps, une sorte de sourire le faisait rayonner. Myssilia prit la chaise, la rapprocha du lit et prit la main de notre père. Elle l'embrassa à plusieurs reprises et se mit à pleurer sur cette main, inerte, sans vie. Je m'assieds sur le bord du lit et regardai le visage de mon père. Un grand homme, un homme respectable et respecté, tel était ma vision de lui. Le vieux médecin me mit sa main sur mon épaule et me dit :

Votre père était un ami. Je le connaissais depuis bien longtemps et je peux vous dire que c'était un homme fantastique, honnête et généreux. Jamais je ne l'ai entendu se plaindre sur sa situation qui pourtant était des plus difficiles comme tu le sais.

Je me retournai vers lui.

Merci docteur.
Mon interne, le docteur Knight, a appelé votre mère et votre frère pour qu'ils viennent à son chevet eux aussi. Ils devraient arriver dans une heure ou deux normalement.
Très bien.

J'avais dis très bien pour lui faire croire que j'étais content qu'ils viennent mais en réalité je ne l'étais pas du tout. Je ne pensais pas que c'était un bon moment pour que je rencontre pour la première fois mon frère. Et surtout je n'avais pas envie de revoir ma mère, qui m'avait dit quelques semaines plus tôt que ce n'était pas bien pour ma soeur de venir vivre avec moi. Rancunier comme je suis, je l'avais toujours en travers de la gorge. Mais bon, j'essaierais de mettre tout ça de côté pour que ça se passe aussi bien que possible...

Deux heures plus tard. Ils n'étaient toujours pas arrivé, mais ce ne serait tardé. Le stress commençait à monter en moi, j'appréhendais de les voir arrivés là. Et un quart d'heure plus tard, ils arrivèrent enfin. Quand je vis ces deux personnes arrivées dans la salle d'attente, là où j'attendais avec Myssilia, je ne pus m'empêcher de partir, de fuir. Je sortis dehors en les esquivant. Ils ne me virent pas. Myssilia n'avait pas essayer de me retenir, ni n'avait parut surprise par ma réaction. Elle savait qu'il me faudrait du temps. Elle allait sûrement inventer un petit truc pour justifier mon absence.

L'air frais de l'hiver new-yorkais me glaça les poumons. Le vent fit voler mes cheveux dans tous les sens. Je m'assieds sur un banc, face à l'entrée. Je m'imaginais les trois membres restant de ma famille qui étaient rassemblés devant le corps de mon père mort. Trois personnes que je n'arrivais pas à considérer comme ma famille, sauf une, ma soeur. Elle m'avait beaucoup apporté depuis qu'elle était arrivée dans ma vie. Cependant, les autres, je ne les considéraient pas comme ma famille, seulement parce que je ne pouvais pas. Ma mère pour ce qu'elle m'avait dit et mon frère parce que je ne lui avais pour l'instant pas encore parlé une seule fois. Je mis ma tête entre mes mains et respirai de grandes bouffées d'air glacé.

Soudain, je sentis une présence près de moi. Je sortis ma tête de mes mains et regardai à côté. C'était le docteur Knight, une jeune interne, la jeune interne qui m'avait appelé pour m'annoncer la nouvelle. Elle tendit vers moi un gobelet de café et me fit un petit sourire désolé. Je pris le café.

Merci docteur.
Vous pouvez m'appeler Lexie.
Vous pouvez me tutoyer.

Je lui rendis son sourire.

Je sais que c'est difficile de perdre un être cher. Tous les jours je vois des hommes, des femmes, vieux, jeunes, même des enfants des fois qui perdent quelqu'un à qui ils tiennent par dessus tout. Et tous les jours je dois aller leur annoncer que cette personne est décédée. C'est horrible d'annoncer ça à des gens. Donc si tu veux me parler, tu peux, je comprendrais ta détresse, ta colère ou tout autre sentiment que tu as au fond de toi.

Je la regardai dans les yeux. Et pour la première fois j'analysais son visage. Cheveux bruns, yeux verts foncés. Elle devait avoir peut-être vingt ans maximum je dirais.

Merci.
Est-ce que je peux te poser une question ?
Oui vas-y...
Pourquoi évites-tu les personnes de ta famille qui sont arrivées il y a quelques minutes ? Je t'ai vu partir dès qu'ils sont arrivés...
C'est une longue histoire, une trop longue histoire...
Sa tombe bien, j'ai tout mon temps. J'ai finis mon service. Je peux rester sur ce banc à tes côtés aussi longtemps que tu le souhaites. Et je peux partir si tu ne veux pas de moi, si tu préfères être seul. Mais à mon avis, il ne faudrait jamais que quelqu'un soit seul après qu'il ait perdu quelqu'un cher à son coeur. C'est pourquoi je vais rester là, à t'écouter me raconter ton histoire et à me livrer ton ressenti...

Je ne sais pas pour qui elle se prenait à vouloir jouer la psy avec moi mais bon. Après tout, c'est vrai, il vaut mieux qu'elle reste là pour me tenir compagnie. Je savais qu'elle m'écouterait car c'était son métier en quelque sorte, écouter les gens, leur expliquer telle ou telle chose, leur remonter le moral dans le deuil. Un métier pas facile du tout. Si on ajoute à cela le fait de mettre ses mains à l'intérieur du corps des personnes et leur toucher les organes, c'est vraiment un métier horrible quand on y repense... Mais elle avait l'air forte. Certes elle était jeune mais elle dégageait une force morale impressionnante.

Sa fait combien de temps que tu es en médecine ?

Elle avait porté le gobelet de café à ses lèvres juste avant que je lui pose cette question. Elle l'enleva de sa bouche, avala sa gorgée et tourna la tête vers moi.

C'est ma deuxième année dans cet hôpital. J'ai repiqué ma première année d'interne donc j'en fais une deuxième en espérant la réussir... Sinon j'ai fais six ans d'études à l'université avant d'être prise ici.
Je suis sûr que tu y arriveras. Tu as l'air d'être une personne forte, tu as tout pour réussir...
Merci, je parais plus forte que je ne le suis en réalité. Comme tous les médecins sûrement d'ailleurs. On se forge tous une sorte de muraille pour nous protéger de toutes intrusions de pensées négatives mais quand on voit une personne mourir sous nos yeux, ou encore un enfant mourir parce qu'on a fait une erreur durant l'opération, c'est horrible. Parfois je me retiens de pleurer, j'ai les larmes au bord des paupières mais je me retiens, je me retiens parce que sinon les résidents vont me dire que je ne suis pas faites pour ce boulot, que pour exercer la médecine il faut être solide et non faible.
Tu as le droit de craquer des fois, tu es un être humain. Tout le monde craque sous la pression, sous la tristesse de voir un autre être humain quitter son enveloppe charnelle pour rejoindre le monde des cieux. J'aurais craqué depuis longtemps si j'avais été à ta place, jamais je ne pourrais travailler dans un environnement de pression constante, d'obligation d'excellence, c'est trop dur à supporter...
Et c'est pourtant ce que tu fais si je ne me trompe pas... Tu es bien William Holmes, le joueur du Real Salt Lake ?
C'est exact.
En fait nous ne sommes pas si différents tous les deux. Nous devons être toujours excellents, toujours dépasser nos limites, et toujours nous avons la pression qui nous accompagne dans le moindre de nos faits et gestes... Et nous avons encore quelque chose en commun c'est que nous avons tous les deux forcé le destin pour vivre notre rêve, nous vivons de ce qui nous passionne, nous vivons de notre amour pour ce que nous faisons et nous avons cette chance là. Des milliers de personnes se lèvent le matin en se disant qu'ils vont vivre une journée de merde dans leur boulot qu'ils détestent. Nous on a cette chance, la chance de se dire que nous allons soit sauver la vie d'êtres humains soit donner du plaisir aux gens en marquant des buts ou en jouant bien. Nous sommes des chanceux...
Tout à fait d'accord.

Je soulevai le gobelet pour boire une gorgée de café. Au bout de quelques secondes de silence, le regard dans le vide, je repris :

Tu veux vraiment savoir pourquoi j'évite ma famille ?
Oui vas-y...
Tout à commencer quand j'avais 4 ans. Mon père me fit croire que ma mère était morte. On partit tous les deux donc à Singapour pour y vivre. A l'âge de 11 ans je décide de retourner dans mon pays natal, le Pays de Galles. Je fus élevé par mes grands-parents. J'entrai à l'INF Clairefontaine, un centre de formation français, à l'âge de 18 ans. Au bout d'un an je quitte le centre pour rejoindre Clermont. Là-bas, j'apprends que mon père est décédé. J'enquête pour savoir qui l'a tué. Seulement, un an plus tard, mon père était encore en vie. Je décide alors d'aller le voir ici, aux Etats-Unis. Il m'explique qu'il travaillait au FBI et que c'était sa mission. Il m'apprend aussi que ma mère est encore en vie en réalité. Il y a maintenant trois mois, je rencontre ma mère à Washington avec mon père. J'ai cru qu'on allait pouvoir redevenir une petite famille. Elle m'apprend que j'ai un frère et une soeur, des jumeaux. Je fais la connaissance de ma soeur une semaine plus tard et depuis elle habite avec moi, pour rattraper le temps perdu. Je ne connais pas mon frère, je ne lui ai jamais parlé. Mon rêve de petite famille tranquille, solidaire, a prit fin il y a de cela un peu moins de trois mois. Ma soeur avait demandé à ma mère si elle pouvait venir vivre à Salt Lake City. Ma mère me demande au téléphone et elle me dit de dire à Myssilia que ce n'est pas bon pour elle de venir vivre chez moi. Résultat : mon rêve de petite famille géniale vole en éclat, je m'engueule avec ma mère, lui dis qu'elle ne me connais pas, qu'elle n'est pas ma mère, que j'avais du vivre seul depuis tout jeune. C'est pour cela que je les évite. J'aime ma soeur, elle représente beaucoup pour moi. Cependant, je n'aime pas les deux autres, mon frère je ne peux l'aimer vu que je ne le connais pas et ma mère pour ce qu'elle m'a dit. Comment une mère peut dire ça à son fils... Sa m'a dégoûté et donc j'ai coupé les ponts avec elle.

J'avais parlé pendant au moins dix minutes pour ne pas oublier un seul petit détail. Je m'étais confié comme à personne, à part mon psychologue à Clermont, auparavant. Je me sentais soulagé. Un poids venait de me quitter. Tout ce que j'avais gardé jusqu'ici pour moi était sortit ce soir avec cette jeune interne. Elle me regarda dans les yeux. J'avais l'impression que ses yeux me passait au rayons X. Cette étrange impression dura quelques instants puis elle prit la parole.

Je vois... Tu n'as pas une histoire facile dis donc, quelque peu originale.
Originale ? C'est faible comme terme pour qualifier ma vie. Je dirais plutôt désastreuse...
Non pas désastreuse, faut voir le bon côté des choses, tu as fais la connaissance de ta soeur que tu adores si j'ai bien compris. Et peut-être que maintenant dans la douleur, la tristesse, vous allez vous souder. Peut-être que ta mère reconnaitra son erreur lorsqu'elle t'a dit ce qu'elle t'a dit... Tu pourras connaître ton frère cadet, qui ne te ressemble pas du tout soi-dit en passant. La situation n'est pas dramatique, mis à part la mort de ton père. C'est peut-être ta seule chance de tout arranger. Mais pour ça il va falloir que tu te lèves et que tu ailles avec les autres auprès de ton père. Je sais que je ne suis personne pour toi, que je ne te connais pas mais je pense que tu devrais quand même suivre mon conseil. Et je pense que tu vas le suivre car si je t'avais fais chié tu ne serais pas resté là à m'écouter parler...
C'est vrai. Je sais que c'est la seule solution, la dernière chance de recoller les morceaux.
Sûrement...
Tu fais quelque chose de spécial ce soir ?
Non pourquoi ?
Est-ce que tu voudrais bien attendre devant la chambre au cas où ça ne se passerait pas bien ? Nous ne nous connaissons pas mais...
Je te connais beaucoup à présent William Holmes. Je sais qui tu es, ton histoire et l'état d'esprit que tu as. Je te connais beaucoup plus que toi tu me connais. J'ai l'impression de toujours t'avoir connu. Donc oui, je vais t'accompagner et t'attendre devant la chambre de ton père...
Merci.

Je me levai, elle en fit de même et je lui déposai un baiser sur la joue. Elle resta un instant immobile alors que je commençais à avancer vers la porte d'entrée. Je me retournai :

Tu viens ?
Oui... Oui j'arrive.

J'étais sur le pas de la porte avec le docteur Knight. Je marquai un moment d'arrêt. Je regardai la jeune interne qui me fit un petit signe de tête pour m'encourager à y aller. Je pris mon courage à deux mains et pénétrai dans la chambre. Myssilia vint vers moi et me prit dans ses bras. Par dessus son épaule, je vis les regards des deux autres membres de ma famille se poser sur moi. Myssilia me libéra de son étreinte. Je restai bloqué là, je n'osais pas bougé. Ma mère et mon frère me regardaient, sans bouger. Je tentai d'avancer vers Evan. Je lui fis la bise, il ne dit rien, il pleurait. Je ne savais pas comment réagir. Je m'approchai de ma mère. Quand je me baissai pour lui faire la bise, elle s'écarta. Elle me regarda avec un regard noir, qui lançait des éclairs.

C'est de ta faute... Tout est ta faute...
Comment tu peux dire ça ? j'étais rouge de rage.
C'est toi qui l'a tué. Tu n'as pas voulu rejoindre nos rangs et du coup on l'a tué. Tu aurais pu faire ça au moins pour lui et au lieu de ça tu l'as laissé tombé... C'est de ta faute.

Je tombai à la renverse. Tout se bouscula dans ma tête. J'étais à l'origine du meurtre de mon père. Par ma faute mon père s'était fait tuer, parce que je n'étais pas entrer dans les rangs des francs-maçons. Myssilia vint vers moi, elle me releva et m'assit dans la chaise de la pièce. Je la vis lancer un regard rempli de haine à sa mère. Elle s'assied sur mes genoux et me prit dans ses bras pour la seconde fois. Je n'en pouvais plus, pourquoi me dire ça maintenant, pourquoi me dire ça tout simplement ? Jamais je ne comprendrais cette femme, elle ne pouvait pas être ma mère, je suis désolé mais une mère ne fait pas ça à son enfant. Une mère ne rend pas son enfant coupable du meurtre de son père même si c'est vrai. Une vraie mère ne ferait jamais ça à son fils.

Il faut que je sorte...

Myssilia se leva et me laissa quitter la pièce. Avant que je parte, elle me fit un bisou sur la joue comme pour me signifier qu'elle me soutenait, qu'elle était avec moi, qu'elle ne laisserait personne me faire de mal comme nous nous l'étions promis quelques semaines plus tôt. Je sortis la tête haute, je bravais le regard foudroyant de ma mère, je lui rendis ce regard, je la méprisai. Je poussai la porte de la chambre et sortis, dépité, démoralisé. Je retrouvai la jeune femme qui m'avait convaincu de venir ici à l'extérieur. Je continuai mon chemin sans m'arrêter, elle me suivit dehors et on marcha quelques minutes en silence. Soudain, elle me saisit le bras et me prit dans ses bras. Je ne m'y attendais pas, cette demoiselle ne me connaissait pas ou presque pas et pourtant j'avais l'impression qu'elle avait réellement envie de m'aider. Je me laissai donc faire, je ne relâchai pas l'étreinte. On resta là pendant au moins deux ou trois minutes, nos deux corps ne faisaient qu'un, unis. Elle me lâcha et me regarda dans les yeux.

Qu'est-ce qu'il s'est passé William ?
Ma mère m'a dit que c'était uniquement ma faute si mon père est mort. Parce que je n'ai pas adhéré aux francs-maçons...
C'est faux William. C'est faux, ce n'est pas ta faute. C'est la faute d'un homme qui lui a tiré dessus, en aucun cas ce n'est ta faute. Elle n'a pas le droit de te dire ça, car c'est faux William. Regarde moi dans les yeux, elle me prit la tête entre ses deux mains, tu n'es pas responsable de la mort de ton père.

J'avais du mal à être convaincu. Si ma mère disait vrai, c'était bel et bien de ma faute s'il était mort. Mais pourquoi quelqu'un aurait tué mon père juste parce que je n'ai pas accepté d'entrer dans leurs sectes ? Tout cela était quand même bizarre, pourquoi me voulait-il dans ses rangs ? Aucune réponse ne me vint à l'esprit directement. Même en y réfléchissant d'ailleurs. Je regardai la jeune interne et je me rendis compte que je ne savais toujours pas son nom.

Tu as compris ce que je t'ai dis William ? Ce n'est pas ta faute, ok ?!
Oui... Oui ce n'est pas ma faute...
C'est bien. Jure moi que tu ne vas pas te torturer pour savoir si c'est de ta faute.
Je te le jure. Merci d'être là pour moi alors que l'on ne se connait pas Lexie.
De rien.

Elle me fit un petit bisou sur la joue et me caressa l'autre de sa main gauche. Sa main resta quelques secondes sur ma joue, je ressentis comme un frisson. Mais pas un frisson de peur, pas un frisson de froid mais un frisson que je n'avais jamais ressenti auparavant. C'était bizarre. J'avais eu le réflexe de la regarder dans les yeux et j'y avais vu une petite lueur. Je ne saurais dire ce que j'y avais vu dans cette lueur et ce que j'avais moi-même ressenti à ce moment là mais c'était quelque chose d'assez fort... Je détournai la tête pour ne pas qu'elle se rende compte de quelque chose. Je me doutais cependant qu'elle s'en était déjà rendu compte, bref.

Qu'est-ce que tu veux faire maintenant ? Y retourner ?
Non, non je n'y retournerai pas. Pas tant qu'ils seront encore là, c'est hors de question. Tu veux qu'on aille boire un verre ?
Tu en es sûr ?
Certain...
Bon... Je connais un bar sympa où les médecins de l'hôpital se rassemblent sa te dit ?
Oui allons-y.

On partit à pied, côte à côte pour rejoindre le bar. Il était à dix minutes à pied selon Lexie. On parla un peu sur la route de tout et de rien. On arriva enfin au bar. En entrant, il me rappela rapidement le pub où nous allions avec mes potes au Pays de Galles. Je n'avais plus de nouvelles d'eux, plus de contacts avec les gens qui m'avaient accompagnés durant mon adolescence. Après cette pointe de nostalgie, je rejoins Lexie qui était déjà assise sur un grand tabouret, accoudée au bar. Elle nous commanda le « cocktail maison ». J'allais être surpris d'après ses dires. Je n'attendais que ça aujourd'hui, être surpris, trouver un peu de bonheur dans ce jour noir.

Qu'est-ce qui t'as donné envie de faire chirurgien Lexie ? C'est un métier un peu « gore » non ?
C'est sûr qu'il ne faut pas être une petite nature pour faire chirurgien. Mais ce qui m'a réellement envie de faire ce métier, c'est sa dimension humaniste. Tu sauves des vies, tu rends les gens heureux en sauvant un de leur proche. On fait plus de bien que de mal dans ce monde, on aide plus de gens qu'on en désole. Malheureusement, comme aujourd'hui, on n'a pas réussi à sauver une personne. C'est triste, c'est très triste mais quand on est chirurgien il faut s'en remettre vite, oublier et passer à autre chose. Il ne faut pas vivre avec cette idée de la mort, il ne faut pas se dire que parce qu'on n'a pas réussi une fois on sera toujours nul. Non, il faut avancer...
Tais-toi donc Knight. Tu as repiqué ton année et tu dis qu'il faut avancer ? Toi tu n'avances pas, tu recules.

C'était un chirurgien plutôt jeune, moins de 40 ans je dirais qui avait dit cela. Un autre arriva, plus jeune lui, 26-27 ans environ à vue de nez. Il s'assit juste à côté de Lexie et commença à lui toucher la cuisse. Il la regardait tout en souriant. Elle, elle ne disait rien, baissait les yeux. Comme si elle n'avait pas le droit de répliquer, de se défendre. L'homme commençait à remonter sa main par dessous sa robe. Je me levai d'un bond, empoignai le mec par le col, lui collai la tête contre le bar et lui soufflai à l'oreille d'une voix où la menace ne laissait place à aucune autre émotion.

Toi, tu as intérêt de déguerpir très vite sinon tu ne finiras pas la soirée en très bon état. Tu vas laisser Lexie tranquille et tu vas te barrer ok ?

L'homme continuait de sourire comme un gros niais. Il me regarda dans le coin de l'oeil où il pouvait m'apercevoir.

Non, tu vas me lâcher et je vais continuer.

Je lui saisis une touffe de cheveux, lui soulevai la tête et lui éclatai sur le bar. Je répétai l'opération deux ou trois fois, histoire de bien le calmer. Quand je le lâchai enfin, il avait le visage en sang, les yeux fermés. Il était vivant évidemment mais plus très loin de l'inconscience. Il gisait là, tête sur le bar, quand je dis à Lexie que l'on partait. Tous les autres étaient sous le choc. Ils ne bougèrent pas d'un pouce en nous regardant sortir du bar. Je pris le manteau de Lexie, lui enfilai sur les épaules, je passai mon bras sur sa hanche, la serrai contre moi et on sortit. Elle s'arrêta sur le trottoir.

Pourquoi tu as fais ça William ?

Elle était en pleurs. Je ne comprenais pas. Je venais de lui éviter de se faire violer et elle me demandait pourquoi je l'avais fais.

Il allait te violer Lexie, je ne pouvais pas le laisser faire... Pourquoi n'as-tu pas répliqué, pourquoi tu n'as rien dit à l'autre qui t'a dis que tu étais nul ?
Ce sont mes supérieurs William. Je vais me faire virer maintenant, à cause de toi je ne pourrais plus exercer dans cet hôpital c'est certains maintenant. Je suis finis...
Tu n'es pas fini Lexie, c'est moi qui ai tabassé ce type pas toi. Et je ne regrette pas, il n'a pas à te faire ça même si c'est ton supérieur, c'est de l'abus de pouvoir tu pourrais porter plainte contre lui pour ça ! Et tu ne seras pas viré Lexie parce que j'irais le voir et je peux t'assurer qu'il ne te virera pas et qu'il ne te fera plus chier comme ça. Si il recommence je veux que tu m'appelles, tiens prends mon numéro.
Merci William mais ne fais pas ça. Imagine ma vie dans l'hôpital après ça... Demain matin tout le monde saura ce qu'il s'est passé... Je ne peux pas y retourner.
Oh que si. Tu vas y retourner, c'est ta passion, c'est ton métier Lexie. Tu aimes ce que tu fais et tu vas continuer à le faire. Tu me disais que tu aimais le côté humaniste de ton métier, imagine les familles qui ont besoin d'être consolé, les familles à qui tu vas annoncer une bonne nouvelle. Figure toi que quand on te voit arrivé ça nous console directement, tu es belle, radieuse et compréhensive. Tu ne peux pas abandonner parce que des espèces de connards t'emmerdent. Tu l'as dis à ton résident, le vieux qui était là tout à l'heure ? Tu lui as dis ce qu'ils te faisaient ?
Non, bien sûr que non. Je ne peux pas.
Pourquoi tu ne peux pas ?
Parce que, tu ne peux pas comprendre. C'est dur d'avouer qu'on s'est fait violer.
Il faut que tu en parles Lexie, je te jure ça fait du bien de parler. Je suis passer par là, j'étais mal, j'avais besoin de parler et j'ai été voir un psy. Il m'a aidé et maintenant je vais mieux. Tu n'es pas obligé d'aller voir un psy, tu peux en parler à un ami, un mentor, un confident...
Je n'ai pas vraiment d'ami Will', je suis seule...
Considère moi comme un ami dans ce cas, tu m'as aidé tout à l'heure, à moi de t'aider ma grande. Viens on va s'asseoir et parler.

Elle me suivit. Elle savait au fond d'elle qu'elle avait besoin de mon aide. Je lui devais bien ça. Il fallait que je la protège, je m'en sentais obligé après ce que je venais de vivre à ses côtés. On s'assied sur un banc et elle commença à me parler de quand est-ce que tout avait commencé. Je compris vite que son calvaire durait depuis plusieurs mois. Je la consolais comme je pouvais. On resta là une grande partie de la nuit à parler, à pleurer, à se consoler.

Le lendemain, j'étais à l'hôpital. Lexie m'avait dit le nom du docteur qui lui avait dit qu'il était nul. Mark Hamilton. Je demandai à une infirmière son bureau et si il était là. Réponse positive, le bureau était au 3ème étage.

J'étais à présent devant la porte du bureau. Je frappai un coup de poing à la porte et entrai sans attendre de réponse. Le bonhomme était assis derrière son bureau. Il me regarda d'un air à la fois surpris et apeuré.

Sortez, vous n'avez rien à faire ici !
Oh que si j'ai quelque chose à faire ici ! Je viens vous prévenir d'une chose. Si vous touchez à Lexie , vous ou votre collègue à qui j'ai cassé la gueule, je reviendrais et ce sera votre tour. Et si vous continuez de la descendre sur son niveau vous allez avoir de mes nouvelles c'est compris ?!

Il me regarda avec un air de défi. Mais finalement s'inclina.

Ou... Oui. Je dirais à tout le monde de la laisser tranquille.
C'est bien parce qu'elle ne mérite pas ce que vous lui avez fait. C'est de l'abus de pouvoir, et si vous continuez elle ira porter plainte je m'y engage. Vous serez viré avec une interdiction d'exercer la médecine à vie et vous irez en prison. Si c'est ce que vous voulez cela se passera ainsi...
Non, non ne faites pas ça je vous en supplie.
Alors vous allez lui faire des excuses publiques, devant tous vos collègues. Et je veux une dernière chose. Je sais que vous pouvez influer sur les résultats à la fin de l'année, alors comme dédommagement, je veux que vous lui donniez son admission pour un poste de résident. Bien entendu, ce dernier point reste entre nous car je ne pense pas qu'elle serait très contente de l'apprendre. Faites le bon choix Hamilton, ou vous risquerez de le regretter amèrement...

Sur ces mots, je sortis du bureau. J'avais accompli l'objectif que je m'étais fixé.

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1h plus tard tout le monde disponible, c'est à dire tous ceux qui n'étaient pas en opération, étaient réunis dans le grand hall d'entrée. Le docteur Hamilton était debout sur les marches de l'escalier, tout le monde lui faisait face. J'arrivais à présent, avec Lexie. Elle fut surprise par ce rassemblement et se demandai pourquoi tout ce monde était rassemblé ici et surtout pourquoi Hamilton était là, devant tout le monde. Encore un discours pourri à tous les coups.

Infirmiers, infirmières, chirurgiens, chirurgiennes, tout le personnel de cet hôpital. Je parle aujourd'hui en mon nom et en celui du docteur Howard. Si je vous ai tous réunis ici c'est parce que je regrette le comportement que j'ai eu en tant que chef des résidents et que mon collègue a eu en tant que chef du service de cardio. Nous nous sommes acharnés sur une interne qui ne méritait pas ce traitement. Aujourd'hui, je tiens à m'excuser devant tout le monde pour ce que nous lui avons fais subir durant ces derniers mois. Notre comportement a été abominable et personne n'a le droit de subir ça. Je tiens donc à faire mes excuses publiques à la jeune interne, Lexie Knight. Elle mérite le respect pour avoir tenu le coup durant ces derniers mois et de ne jamais avoir douté de sa vocation. Docteur Knight, je vous pris d'excuser nos excuses les plus sincères.

D'un coup d'un seul, tout le monde se retourna vers Lexie. Elle était toute rouge. Tout le personnel de l'hôpital attendait sa réponse.

Euh... J'accepte vos excuses.

Tout le monde se mit alors à applaudir. Contrairement à ce que Hamilton pensait apparemment, ce ne fut pas pour lui les exclamations mais pour Lexie. J'étais vraiment content pour elle. Les autres avaient dû remarquer que les deux médecins s'acharnaient sur elle et donc ne voulaient pas lui parler de peur de se faire eux-mêmes insultés. Les premiers qui vinrent la voir furent les internes qui travaillent tous les jours avec elle. Ils furent suivis par le docteur de mon père. Ce dernier s'approcha et demanda à Lexie de le suivre. Il l'éloigna du tumulte. Je savais parfaitement ce qu'il allait lui dire. Il allait sûrement lui demander pourquoi elle ne lui avait rien dit, il aurait pu l'aider...

Dans le bureau du Docteur Mills.

Lexie, assied toi je t'en pris.
Monsieur je sais...
Je ne vais pas te réprimander Lexie, tu as fais le choix que tu pensais bon. C'est dommage que tu ais fais ce choix là par contre je trouve, j'aurais pu t'aider. J'ai une certaine influence dans cet hôpital tu sais.
Oui je sais, je ne voulais pas vous impliquer là-dedans c'est tout...
C'est aussi mon travail docteur Knight. Je dois prendre soin de mes internes. Je dois veiller à leur bien-être. Et tu es mon interne donc je dois veiller sur toi. Tu comprends Lexie ?
Oui je comprends Monsieur.
C'est bien. Donc maintenant je veux que tu viennes me voir si tu as des problèmes, même si c'est avec des gens hauts gradés dans l'hôpital. D'accord ?
Oui.
Sinon je voulais te parler de William Holmes. J'ai appris ce qu'il avait fait pour toi hier soir. Je vous ai aussi vu parler durant des heures la nuit dernière. Je sais aussi qu'on l'a vue entrer dans le bureau d'Hamilton ce matin sans attendre qu'il soit invité à entrer. Je pense que c'est un ami et que vous pouvez compter sur lui. C'est rare des amis qui sont prêts à prendre autant de risques pour vous. Si l'histoire de son agression sort dans la presse il pourrait avoir de gros problèmes, donc il a prit beaucoup de risques personnels pour vous éviter de vivre un cauchemar, j'espère que vous vous êtes rendu compte de tout ça... Les gens qui prennent autant de risques pour quelqu'un qu'ils ne connaissent à peine c'est immensément rare.
Oui je sais...
Ne le perdez pas Lexie, il peut vous apporter beaucoup de bonheur, je suis sûr que si vous avez un problème vous pourrez compter sur lui...
Oui, il me l'a dit clairement...
Je voulais que tu saches ma pensée sur lui. Il est toujours bon d'avoir quelqu'un sur qui compter tu le sais je pense... Et même s'il habite loin, il sera toujours là pour te soutenir et t'aider j'en suis certain.
Oui j'en suis consciente Monsieur. Merci.
C'est normal. Tu peux sortir maintenant.
Merci Monsieur.

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Chambre d'Adam Sweetlove.

J'étais avec Myssilia, chacun assis sur une chaise. Elle me regarda. Depuis hier, elle s'était calmée et était beaucoup moins émue si on peut dire que la journée d'avant.

Alors ?
Alors quoi ?
Comment sa se passe avec le docteur Knight ?
Comment ça ?
Allez arrête Will', j'ai bien vu que tu étais toujours avec elle. Tu l'aimes bien avoue.
Oui je l'aime bien, c'est une amie maintenant. Elle m'a aidé hier soir et j'en ai fais de même mais c'est tout.
Hmm. Tu sais, j'arrive à voir quand quelqu'un est attiré par quelqu'un d'autre et je vois bien qu'elle te plaît. Elle est très jolie William mais tu penses qu'elle pourrait te rendre heureux ? Et tu penses qu'une relation à aussi longue distance pourrait fonctionner ?

Elle avait raison. Je ne pouvais nier qu'elle me plaisait. Mais était-ce le bon moment pour entamer une nouvelle relation ? Juste après la mort de mon père... Je savais pertinemment que ça ne marcherais pas, la distance est souvent synonyme de loupé. Je baissai les yeux vers le sol, puis les ramenai vers ma soeur.

Je ne sais pas Myss'. Elle me plaît mais une telle distance n'est pas bon pour une relation. Et puis je ne sais même pas si elle ressent les mêmes choses de son côté...
Je peux te dire que si. Sa se voit à 10km à la ronde William ! Elle a craqué pour toi la première fois qu'elle t'a vu, je l'ai remarqué directement. Elle n'a d'yeux que pour toi, ses yeux pétillent quand tu lui parles, quand elle te regarde. Et vu ce que tu as fais pour elle cette nuit et ce matin elle doit te considérer comme son sauveur. Tu l'as libéré de l'emprise de ces deux monstres.
Mais justement j'ai peur que ce ne soit que pour ça qu'elle veuille se mettre avec moi, pas parce qu'elle a de réels sentiments pour moi. Tu vois, je sais pas si elle accepterait de sortir avec moi juste parce qu'elle considère qu'elle a une dette envers moi. Je ne veux pas de ça, je veux une relation honnête et réciproque tu comprends ?
Oui je comprends. Je pense franchement qu'elle t'aime sincèrement. Mais après, c'est avec elle que tu dois voir ça... Moi je ne peux pas te dire...
Je sais... Je vais aller lui parler.
Tu me raconteras hein ?!
Evidemment ma belle, dis-je avec un sourire.

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Je sortis de la chambre à la recherche de Lexie. Il fallait que je lui parle seul à seul. Je la trouvai un étage et trois couloirs plus loin, dans la chambre d'un vieux apparemment dans le coma. En me voyant entrer, elle me sourit et me demanda de fermer la porte derrière moi. Je m'exécutai. Elle prit un fauteuil et s'assied, j'en fis de même. Elle commença :

Merci William. Pour tout ce que tu as fais pour moi cette nuit et ce matin. C'est trop, tu as pris trop de risques pour moi. J'ai une dette envers toi maintenant, demande moi ce que tu veux et je le ferais.
Non Lexie, non. Tu n'as pas de dette, j'ai fais ce qu'il me semblait juste, j'ai aidé une amie. C'est ce que tout ami aurait fait à ma place. Tu ne me dois rien que cela soit clair. Que te voulais le docteur Mills ?
Me dire que j'aurais du lui en parler, qu'il aurait pu régler ça et que...

Elle marqua un silence.

Et que quoi ? dis-je pour l'encourager à continuer.
Que j'avais beaucoup de chance d'avoir un ami comme toi et qu'il ne fallait pas que je te perde. Je ne veux pas te perdre William. Je t'aime...

J'étais abasourdi. Je n'avais pas eu besoin de lui avouer moi-même mes sentiments, elle avait fait le premier pas.

Moi aussi je t'aime Lexie. Depuis que j'ai appris à te connaître j'ai vu quelqu'un de fort et d'adorable en plus de ton immense beauté.

Je me levai pour m'approcher d'elle. Elle se leva aussi et on s'embrassa longuement au pied du lit du comateux. J'étais heureux. Cependant un doute persistait au fond de moi, je savais que ça ne marcherais pas.

Lexie... Sa ne marchera pas n'est-ce pas ? Avec une telle distance...
Si sa marchera. J'ai demandé à Mills de poursuivre ma formation à l'hôpital de Salt Lake City. Il a accepté et a réussi à m'avoir une place là-bas. Nous deux, sa marchera William je te le promets.

Le geste qu'elle venait de faire me touchait. C'était une grande preuve de son amour pour moi. Je l'embrassai de nouveau. Je voulais lui prouver que je l'aimais autant qu'elle. Elle allait quitter un des meilleurs hôpitaux du pays pour rejoindre un petit hôpital dans l'Utah... Je n'y croyais pas.

Tu viens quand à Salt Lake ?
La semaine prochaine, le temps que je fasse mon déménagement.
Merci Lexie, merci, je t'aime ma belle.
Je t'aime mon chéri.

Lexie avait prévu de prendre un appart' à elle. Elle ne voulait pas aller trop vite donc elle prenait un peu ses distances, bien qu'on habitera dans la même ville la semaine prochaine. Je retournai à présent vers Myssilia. Elle était encore dans la chambre vide qu'avait occupé mon père. En me voyant arrivé, elle se leva et me lança un regard interrogateur :

Alors ?
Elle m'aime, tu avais raison. Et elle vient vivre à Salt Lake dès la semaine prochaine.
Si c'est pas une preuve d'amour ça ! Par contre je suppose que je vais devoir bouger...

Je lui mis mes mains sur ses épaules et la regardai dans le plus profond de ses yeux. Ils commençaient à se voiler. Je lui souriais.

Non ma belle, tu restes à la maison. Lexie prend un appartement donc toi tu restes avec moi. Tu crois pas que je t'aurais laisser seule quand même. Tu es ma petite soeur chérie, jamais je ne te laisserai. Tu es à moi.
Merci frérot.

Deux jours plus tard, on repartit vers Salt Lake tous les deux. Moi j'attendais ma dulcinée qui allait arriver d'ici quatre ou cinq jours plus tard et je vivais tranquille avec ma petite soeur.




« Au fond de nous, on a tous envie de croire qu'on est des durs. Mais être un dur, ce n'est pas seulement être inébranlable, c'est aussi savoir céder. Parfois, il faut s'autoriser à lâcher du leste, arrêter de jouer les caïds. On est pas obligé d'être un dur chaque seconde de chaque jour, on a le droit de baisser sa garde. Parfois c'est même la meilleure chose à faire. A condition de bien choisir son moment. »