[Holmes] Price to be paid

Je venais de me réveiller, il était 6h30. Aujourd'hui, j'allais jouer mon premier match en tant que professionnel avec l'équipe de la région auvergne, Clermont-Ferrand. Un match amical certes mais un match tout de même. Je me levai, j'avais décidé de rester en pyjama pour le moment, le temps de prendre mon petit déjeuner. Je m'étais réveillé très tôt, je n'avais pas besoin de me presser. Je me dirigeai vers la petite cuisine de mon studio. Je sortis une poêle, cassa deux oeufs, les mis dans la poêle et attendis qu'ils cuisent. En attendant, je sortis le bacon et le mis à côté des oeufs pour qu'il chauffe lui aussi. Cinq minutes plus tard, le tout était cuit. Je pris mon assiette et la posa sur la table. Direction maintenant le frigidaire pour aller y prendre à boire. J'hésitai un instant devant la porte ouverte, bière ou jus de fruit ? Bière, jus de fruit ? Allez hop, bière. C'était le jour de mon premier match alors autant que tout soit parfait. Je partis m'asseoir face à l'assiette, décapsulai ma bière puis mangeai mon petit déjeuner. Je mis une demi heure à manger le contenu de l'assiette. J'étais absorbé dans mes pensées. Je pensais à mon futur match, il fallait absolument que je montre à tout le monde, dirigeants, coéquipiers et supporters, qu'ils ont bien fais de m'avoir fait confiance, de m'avoir recruté et d'avoir lancé ma carrière. Je bus ce qu'il restait de ma bière et partit sur mon balcon. Je sortis une cigarette, sortis mon briquet de ma poche et alluma la feuille qui entourait le tabac, source de mon addiction à cette sorte de cylindre. Je la fumai donc, tranquillement, regardant les passants dans la rue. Aujourd'hui, personne ne me connaissait, personne ne savait qui j'étais. Mais bientôt, tout le monde dans cette petite ville connaîtrait mon nom, tout le monde saura qui je suis. C'est à partir de ce moment là que je ne pourrais plus sortir sur mon balcon une clope ou une bière à la main. Je profitais donc de ma liberté qui me quittera bientôt, peut-être est-ce trop tôt. Mais en même temps c'était soit ça, soit je disais adieu à mes rêves et à ma carrière de footballeur. J'ai donc fais le bon choix mais je sais parfaitement ce que cela entraîne, quasiment plus de vie privé, être constamment suivi par des paparazzis limite insultant. Je vais avoir du mal à ne pas leur dire quelque chose pour les faire dégager mais il allait falloir que je me retienne pendant plus de dix ans voir plus si je deviens un grand joueur. C'est ça le revers de la médaille. Et oui, tout le monde dit que les footballeurs ont la belle vie, qu'ils sont riches et tout. Mais en fait, les clubs, ils paient pour que leurs joueurs, autrement dit nous, nous abandonnions notre vie privé, que l'on se livrent quasi entièrement à la presse et par le biais de cette dernière au monde entier. C'est ça le foot, c'est ça ce métier que tous les jeunes convoitent, c'est ça le vrai visage du football, une vie de rêve certes mais au prix d'innombrables sacrifices. Et je peux vous dire que tout le monde ne serait pas prêt et capable de sacrifier cette vie paisible que beaucoup d'hommes et de femmes sur Terre peuvent vivre, tranquillement dans leur petite maison, avec leurs enfants dans le jardin en train de jouer sans savoir ce que l'avenir leur réserve. C'est cette période d'insouciance que tout être humain regrette une fois arrivé à l'âge adulte. Quand on est petit, on rêve de devenir grand, quand on est ado on veut passer l'âge des 18 ans symbole de passage à l'âge adulte et quand on se retrouve à l'âge adulte on ne veut qu'une seule chose, redevenir le petit enfant que l'on était, un enfant plein d'insouciance, de joie de vivre et qui ne se pose pas de questions.

Enfin bon, je fini ma clope puis rentra à l'intérieur. Je n'avais rien à faire donc je me posa dans mon canapé et allumai la télévision. Je zappais sur toutes les chaînes pour voir s'il y avait quelque chose de bien à regarder. Sur la une, Téléshopping, sur la deux, Téléshopping... Ils se foutent vraiment de la gueule du monde les chaînes de télé. Sa sert à quoi de foutre une putain d'émission de merde que personne ne regarde. Putain, je zappai sur la 9, W9. Je tombai pile sur les clips de musique, et je tombai pile sur le clip de Kanye West. J'avais de la chance apparemment aujourd'hui. Je restai là, scotché devant mon écran. Deux minutes plus tard, le clip était terminé, je partis dans ma chambre et je m'habilla. Une veste à capuche, un tee-shirt et un jean. Je sortis dehors et me rendis comme deux fois par semaine au bureau de tabac. Cette fois-ci je décidai d'acheter une cartouche. J'allais jouer mon premier match ce soir, j'allais bientôt sortir de l'anonymat et il ne serait pas bon que quelqu'un me prenne en train de d'acheter un paquet de clopes. Mon briquet étant lui aussi vide, j'en achetai un où dessus il y avait le blason du Clermont foot Auvergne. Il était plutôt beau. Je rentrai au studio, déchirai le paquet qui entourait la cartouche et pris un des paquets qui s'y trouvaient. J'enlevai le film plastique, et pris la première qui me venait. Je la posai lentement entre mes lèvres, attrapai mon briquet et mis le feu au bout de la cigarette. Je penchai ma tête vers l'arrière et mis ma bouche de façon à ce que mes lèvres forment un O. Et de là, je crachai la fumée du fond de ma gorge. Elle sortit dans la forme de O que ma bouche formait. Je passais de longues minutes à regarder ainsi faire la fumée. Je trouvais cela beau. L'être humain est vraiment quelque chose d'extraordinaire et qui fait des choses extraordinaires. La preuve avec cette fumée. Une fois la cigarette finit, je m'allongea sur mon canapé pour faire un petit somme. Seulement, impossible de fermer les yeux, je ne cessais de penser à ce match, mon premier match. C'était la première fois depuis que j'ai commencé le foot que je doutais de mes capacités. J'avoue que cette place de joker me faisait mal. Je savais que je n'allais pas jouer tous les matchs et je m'en rendais presque malade. Je commençais à croire que je ne serais d'aucune utilité à l'équipe. J'étais en prise à un gros doute. Je me levai donc, sortis de chez moi et me rendis au centre d'entrainement. Il n'y avait personne. Je me mis en tenue et pris un ballon pour commencer à bosser un peu. Je frappais le ballon, aucune de mes frappes ne passaient à côté. Je choisissais l'endroit où je voulais qu'elle aille et elle y allait à chaque fois à quelques centimètres près. Pourquoi douter alors que mes capacités sont toujours les mêmes et sont excellentes. Il n'y avait vraiment aucune raison. J'allais bien voir en match comment ça allait se dérouler. Est ce que mes nouveaux coéquipiers vont m'accepter en tant que joueur sur le terrain, vont-ils me faire des passes ? Beaucoup de questions et peu de réponses me venaient à l'esprit à ce moment même. Je rentrai chez moi, préparai à manger et mangeai. Je n'avais pas très faim mais bon...

Il était maintenant 18h30, on avait tous rendez-vous au stade à 19h. Je me mis donc en route. Le bus m'emmena jusqu'à Clermont-Ferrand et je partis à pied pour rallier le stade Gabriel Montpied. Honnêtement, quel nom de merde. Ils auraient pu trouver mieux quand même, Montpied pour un stade de foot c'était facile. Enfin bon, hormis ce détail, l'enceinte comprenait 12.600 places. C'était plutôt pas mal. J'arrivai dans les vestiaires du stade à 18h55. J'étais un peu en avance mais la plupart de mes coéquipiers étaient déjà présents. Je n'étais pas le dernier mais bon. Der Zakarian, le coach, se tenait au milieu de la pièce, debout. Une fois que tout le monde fut arrivé, il se mit à côté du tableau et commença à dessiner des points. Chaque point représentait un joueur. Evidemment mon nom n'apparaissait pas sous un des points, j'étais sur le banc. Je me mis en tenue et une fois que l'entraineur eût fini son discours, je fut le premier à sortir du vestiaire. J'avais un peu la rage. Le match commença à 20h30. La première mi-temps fut désastreuse. Sedan menait déjà 2-0 à la pause. Le jeu redémarra et j'étais toujours sur le banc. Vers la 50ème minute, le coach me dit d'aller m'échauffer. J'espérais qu'il allait me faire rentrer parce que je ne supporterais pas de m'échauffer pour rien. Heureusement pour moi, le titulaire à la pointe de l'attaque se blessa. Il avait apparemment un problème à un genou. Et là, Der Zakarian m'appela. J'allais entrer en jeu. A la 60ème minute je foulai donc pour la première fois la pelouse du stade clermontois. Cependant, cela ne se passa pas comme prévu. Jusqu'à la 75ème minute je ne touchai pas un seul et unique ballon. Et c'est là que je pris une décision. Comme personne ne me faisait de passes, je choisis d'aller prendre la balle dans les pieds d'un de mes coéquipiers. Je le poussai violemment, il tomba à terre, me gueula dessus et je partis balle au pied direction le but adverse. J'arrivais dans la surface de réparation mais avant que je puisse tirer, un joueur me faucha. L'arbitre siffla, je pris le ballon dans les mains et je décidai de prendre mes responsabilités. Je tirai la pénalty et comme prévu il rentra dans les filets. Je fut félicité par mes coéquipiers, sauf celui à qui j'ai pris violemment la balle. A la suite de ce pénalty, les autres joueurs de l'équipe commençaient à me faire confiance, à me faire des passes. Et à la 83ème minute, sur un centre millimétré de l'ailier droit, je déposai une balle piquée de la tête par dessus le gardien. 2-2. On avait réussi à revenir à la marque. Et l'exultation arriva dans le temps additionnel, précisément à la 92ème minute. Je partis seul, dribblai un, deux, trois joueurs et je me présentais à présent seul face au gardien. Je fis un petit extérieur du pied, j'avais vu qu'un de mes coéquipiers se trouvaient sur ma droite. Il frappa la balle en première intention, dans le but vide, et marqua. Il se jeta dans mes bras. J'avais apparemment gagné la confiance de mes coéquipiers. Dans le vestiaire, on fit un peu la fête, on me célébrait. A la sortie des vestiaires, certains gars de l'équipe me proposèrent d'aller boire un verre avec eux. J'acceptai bien entendu. On prit donc la direction d'un bar réputé de la capitale auvergnate. Un des gars, notre gardien paya sa tournée avec une double pour moi, le buteur et passeur, le héros providentiel du club...

On but pendant au moins deux heures. Tout ce déroulait super bien. Super bien, ouais, jusqu'à un moment. Il était près de une heure du matin quand mon paquet de clopes tomba de ma poche. Nicolas Bayod, un des joueurs clé de l'équipe, le remarqua et m'interpela. Il fut plus rapide que moi et le ramassa.

C'est quoi ça William ? C'est quoi putain ?
Tu le vois bien Nico'. Mais ça ne te regarde pas...
Oh que si ça me regarde ! Tu te rends compte de ce que tu fais à l'équipe ? Tu te pourris la santé avec ces conneries et tu dis que c'est rien ! Pauvre con va, je pensais que tu étais responsable. Je me suis trompé apparemment...
Nicolas...

Il mit le paquet de cigarettes dans sa poche.

Rends moi sa !
Oh que non, je vais aller le montrer à l'entraineur et il avisera.
Ne fais pas ça, je vais arrêter !
Ah ouais ? Et bah tu diras sa aux dirigeants...

Et il partit. J'étais complétement déboussolé. J'allais me faire niquer à cause d'une putain d'erreur, pourquoi j'avais foutu ce paquet dans ma veste. J'étais con, trop con. Je décidai de rentrer chez moi. J'appelai un taxi, dix minutes plus tard il était là, devant le bar. Je ne pris même pas le temps de dire au revoir aux gars, je monta directement dans la voiture. J'indiquai mon adresse au conducteur. Il me conduit, en vingt minutes nous y étions. Je lui donnai l'argent pour la course et descendis du taxi. Je monta les escaliers jusqu'au 4ème étage, ouvris la porte, alla chercher une bière et partis me poser dans le canapé. J'étais exténué. Je n'avais même pas la force d'allumer la télé. J'avais fais une erreur ce soir, tout se passait bien et sa c'était mal fini. Je m'attendais à recevoir un coup de fil dans les prochaines heures. J'étais tellement stressé que je ne réussi pas à dormir de la nuit. Je buvais, buvais, j'avais bu de 2h du matin jusqu'à 5h et là je m'étais écroulé. Trop plein d'alcool ou trop plein de fatigue, ou les deux. Je fus réveillé par mon téléphone qui sonna à 7h30.

Allô ?!
William, c'est Claude Michy, tu sais le président du club.
Ah, oui bonjour Monsieur.
J'aimerais te parler tout à l'heure. Rendez-vous à 8h45 dans mon bureau.
Très bien. A tout à l'heure.

Et voilà, ce qui devait arriver arriva. L'autre connard avait mit sa menace à exécution. J'allais me faire défoncer par le président. Je me changea et partis de suite direction le bureau de Michy. A 8h30 j'étais devant la porte de son bureau. Je frappa trois coups à la porte de chêne et j'entendis une voix grave de l'autre côté qui me disait d'entrer. Je saisis la poignée et poussa la porte.

Bonjour Monsieur, vous vouliez me voir ?
Oui William. Vas-y assieds toi.
Ok...

Et là, il sortit le paquet. Je baissa les yeux, n'osant pas regarder l'homme qui m'avait donné ma chance, l'homme qui m'avait fait signer mon premier contrat pro.

C'est à toi William ?
Mmh... oui Monsieur.
Au moins tu es honnête... Mais je veux savoir. Pourquoi ? Pourquoi tu fais ça William ? Tu as ta chance de devenir un joueur professionnel, sûrement une chance de réaliser ton rêve. Donc pourquoi faire cela ? Quelque chose ne va pas dans ta vie ?

Putain il me faisait chier le vieux shnok. Quel bouffon de me dire que quelque chose ne va pas chez moi.

Non, tout va bien chez moi Monsieur. Mais quand on commence ces choses là, vous savez qu'il est dur de s'arrêter. Mes performances à l'entrainement et sur le terrain ne s'en font pas ressentir, je ne vois pas pourquoi je devrais changer...
Mais William voyons. Tu te tues avec ces cigarettes ! Je ne peux pas te laisser faire ça, sache le !
Et qu'est ce que vous allez faire ? Hein, qu'est ce que vous allez faire ?
William comment oses-tu me parler comme ça ? Tu me dois le respect, je suis ton président. Je te conseille de te faire suivre William. Tu ne dois pas fumer si tu veux faire ce métier.
Je ne me ferais pas suivre et je n'arrêterai pas Monsieur. Avec tout le respect que je vous dois, je ne peux pas, c'est au dessus de mes forces. Désolé.
Et bien dans ce cas, je te suspend. Tant que tu n'auras pas arrêté de fumer, de te pourrir la vie, tu ne rejoueras pas au football. Et je vais te faire suivre par un psychologue du club qui verra si tu arrêtes ou pas. Si tu n'arrêtes pas, nous romprons ton contrat. Tu vas devoir faire un choix William.
Ouais c'est ça. Je peux vous assurer que c'est vous qui perdez quelque chose, vous perdez le joueur qui vous a fais gagner le dernier match. Au revoir Monsieur.

Je me levai et sortis du bureau. J'avais un mal de crâne horrible et ce bouffon m'avait suspendu. Je passai par le centre d'entrainement pour prendre mes affaires dans mon casier. Je sortis du vestiaire, pris la direction du parking et rentra chez moi en bus. J'en avais marre, marre de tout et je n'étais sûrement pas au bout de mes peines...

J'étais maintenant arrivé devant chez moi. Je n'osais pas sortir du bus. Cependant, j'étais le dernier passager dans le bus et c'était le dernier arrêt. Le conducteur me regarda.

Vous descendez ici non ?
Euh... Oui désolé.

Je descendis donc du bus. Je savais que quelque chose pouvait encore se passer dans cette journée de merde. Je pris mes clés. Mais avant d'avoir pu accéder à la serrure de ma porte, je dû m'arrêter. En effet, une personne m'avait appelé derrière moi. La personne qui avait prononcé mon nom sortit de l'ombre. Je n'en croyais pas mes yeux, c'était Kate. L'anglaise que j'avais rencontré aux Etats-Unis.

Qu'est-ce que tu fais là Kate ? Tu ne m'as pas déjà assez humilié, enfin je voulais dire, tu penses ne pas m'avoir fait assez de mal ?
William je suis désolé...
Ah. Tu es DE-SO-LE ?! Tu te fous de ma gueule c'est sa ? Tu veux que je te raconte ce que j'ai ressenti quand tu es partis, quand tu m'as abandonné ?
William, non, je suis vraiment désolé.
Vas-t-en Kate, tu me dégoûtes.
William, écoute moi je t'en supplie. Je suis venu ici parce que je n'ai pas réussi à t'oublier, je t'aime !
Tu m'aimes ?! Pourquoi tu es partis alors ?
J...J'avais peur William. Tu semblais tant t'attacher à moi et moi je n'étais pas sûr de ce que je ressentais pour toi... Tu peux me comprendre William, non ?
Tu dis que maintenant tu es sûr d'avoir de vrais sentiments pour moi ? Tu en es sûr au moins j'espère. Vas-y entre...
Merci Will'.

J'ouvris la porte et on entra. Elle ferma la porte derrière elle et s'assied sur une chaise. Je pris un verre d'eau, je lui proposa quelque chose mais elle ne voulait rien. J'ai pris de l'eau pour être sûr de garder tous mes moyens.

Vas-y, je t'écoute.
Co... Comment sa ?
Beh raconte moi, pourquoi tu es revenu, comment tu as trouvé mon adresse...
Pourquoi je suis revenu, je te l'ai déjà dis. Pour toi. En ce qui concerne ton adresse, tu m'avais dis que tu allais jouer dans l'équipe de foot de Clermont-Ferrand. J'ai donc été au siège de ton club et ils m'ont dis que tu habitais là et que tu aurais sûrement besoin de compagnie. Je n'ai d'ailleurs pas compris pourquoi ils m'ont dis cela...
Oh, c'est parce que c'est des connards c'est tout...
Explique moi William. Tu sais que tu peux me faire confiance. Après tout je ne t'ai quitté que deux semaines. Je sais que tu ressens au fond de toi quelque chose pour moi, je sais que tu as envie de me faire confiance. Dis moi Will'.

Je la regarda droit dans les yeux. La haine que j'avais ressenti en la voyant, s'était légèrement dissipée mais il m'en restait encore un peu.

Après ce que tu m'as fais, je ne sais pas si je peux...

Elle s'approcha de moi avec un air désespérée, elle tendit les mains pour me prendre la tête dedans mais je recula ma tête pour qu'elle ne me touche pas. Elle se rassit et me regarda d'un air triste. Je voyais ses yeux se remplirent de larmes mais elle se leva avant que j'ai pu dire le moindre mot. Elle s'arrêta sur le seuil de la porte, se tourna vers moi et me dit.

Je suis désolé que tu le prennes comme sa William. Je t'aime.

Et elle partit. Je regrettais déjà de ne pas l'avoir retenu. Je m'approcha de la porte qu'elle avait laissé ouverte et vis qu'elle avait laissé tomber un petit papier. Je le ramassa et le lus dans ma tête.

Hôtel de l'Europe, Chamalières.

Ce petit billet, j'en étais sûr et certain qu'elle avait fait exprès de laisser tomber ce bout de feuille. Cela me fis rire mais au fond de moi je savais qu'elle avait eu raison de le faire car j'irais la voir là-bas. De toute façon, je n'avais plus rien à faire, je ne pouvais plus jouer au foot jusqu'à nouvel ordre donc je ne pouvais plus faire qu'une seule chose : aller voir Kate...

A 9h j'étais debout, je fuma une clope d'un de mes paquets et je partis vers un des cafés du coin. Je commanda deux cafés à emporter, j'allai directement à la boulangerie pour commander deux croissants et deux pains au chocolat. Et maintenant, direction l'Hôtel de l'Europe. J'avais rêvé de Kate cette nuit, mes sentiments pour elle sont toujours présents. Cinq minutes plus tard j'étais devant la façade de la bâtisse. Je pénétra dans le hall et alla directement à l'accueil.

Bonjour, je voudrais voir Kate Grant.
Oui Monsieur, chambre 219 au deuxième étage.
Merci.

Je monta les escaliers des deux étages qui me séparaient de la belle britannique. Arrivé devant la porte où était marqué en lettres dorées « 219 », je marqua un temps d'arrêt. Est-ce que je faisais le bon choix en venant ici ? Oh et puis aller ! Il est trop tard pour se poser des questions maintenant. Je frappa deux coups à la porte. Elle m'ouvrit la porte, en peignoire, les cheveux mouillés.

Salut Kate. Je peux entrer, j'ai ramené un café et un petit déjeuner.
Oui vas-y entre.
Merci.

Elle m'invita à m'asseoir sur le lit, il n'y avait pas de table dans la pièce. Elle avait loué cette chambre de second rang, avec son petit budget, juste pour me voir. Elle s'assit face à moi.

Bon qu'est ce que tu nous a ramené de bon ? Croissants, parfait merci William !
C'est normal...

Je la regarda manger le croissant.

Kate... Je voulais que tu saches que je suis désolé pour hier... J'ai passé vraiment une mauvaise journée...
Ah, tu vas peut-être me raconter maintenant...
Je fume... Mon président l'a apprit et il m'a mis à pied jusqu'à ce que j'arrête de fumer. Il m'a prévenu qu'il allait me faire suivre par un psy du club.
Ah... Désolé William. Et tu vas faire quoi ?
Continuer, je ne me sens pas capable d'arrêter... Et je vais essayer de le cacher au psy.
Mmh, comme tu veux. Je serais toi j'arrêterai quand même.
Plus facile à dire qu'à faire aussi...
Oui c'est sûr...
Enfin bon, on va parler d'autre chose. Quelque chose de plus réjouissant. Sauf si tu as quelque chose d'important à me dire.
Et bien oui... J'ai quitté ma famille. Je suis la fille de Michael Grant, baron de Longueil. Je suis issu d'une famille noble comme tu l'as compris...
Ah bon ? Pourquoi tu as quitté ta famille ?
Je ne les supportais plus avec leurs manies de paraître grand, beau, puissant. Ils m'énervaient tous autant qu'ils sont, je suis donc partis.
Ah ok. Et sa va ? Tu tiens le coup ?
Oui, oui sa va. Je t'ai retrouvé et j'ai l'impression que je peux compter sur toi de nouveau donc pour moi tout va bien. Tu sais, je n'ai pas beaucoup d'amis, les gens me reniaient à cause de mon statut.
On est deux. J'ai parcouru le monde, et mes amis se comptent sur les doigts d'une main.

Et là, je la pris dans mes bras. Je lui déposa un baiser sur la joue, pris sa tête dans mes mains et la regarda longuement. Son visage, ses yeux, son sourire, tout chez elle m'avais manqué.

Je t'aime Kate, tu es une des plus belles choses qui me soit arrivé dans ma vie.
Je t'aime aussi Will'.

Et on s'embrassa. Sa me faisait du bien de la retrouver.

On passa la journée ensemble et pendant une semaine je passais la voir à l'hôtel. Après une semaine, je lui proposa de venir vivre dans mon studio avec moi. Elle accepta et emménagea en quelque sorte chez moi. Emménager c'est un bien grand mot, elle déposa juste ses trois valises dans mon studio déjà bien encombré.

Le lundi de la semaine d'après, le psy débarqua au studio. Je rangea précipitamment le cendrier, le paquet de clopes et la cartouche. Tout cela bien caché, je partis ouvrir au gars. Kate nous laissa tous les deux.

Alors William, tu en es où ?
Et bien sa fait une semaine que je n'ai pas touché à une cigarette. Je n'étais pas dépendant vous savez, c'était juste une de temps à autre, rien de grave.
J'ai vu que tu avais une petite amie.
Oui Kate, elle est belle hein ?
Oui, très. Et je voulais savoir, est ce qu'elle fume elle ?
Non.
Donc l'odeur de fumée de cigarette ne vient pas d'elle.

Il avait senti le bâtard. Putain mais quel enculé celui-là.

Non, ce n'est pas d'elle, c'est de moi. J'en ai fumé une tout à l'heure mais c'est pas la mort non plus putain !
William il faut que tu saches que pour faire une carrière de footballeur pro tu dois avoir une hygiène de vie parfaite.
Je sais, je sais mais c'est dur de m'en passer vous savez.
Oui je sais mais il le faut si tu veux retrouver les terrains.
Ouais...
Bon je te laisse, j'ai ce qu'il me faut.
Très bien, au revoir.

Il s'en alla, je savais qu'il allait aller direct voir le président pour lui dire que je continuais. Il avait même dû l'appeler car cinq minutes après je reçus un appel sur mon portable du président.

William, c'est ton président.
Oui.
Il faut que tu passes à mon bureau, on doit parler de quelque chose.
Très bien j'arrive dans trente minutes.

Je prévins Kate que j'allais là-bas et elle me dit qu'elle voulait venir. Nous partîmes donc pour le siège du club. Trente minutes plus tard, on était tous les deux dans le grand bureau de Michy.

Bonjour.
Bonjour William, mademoiselle. Asseyez-vous.
Merci.
William, tu es grand, tu es adulte maintenant. Tu sais que le club ne peut pas se permettre de gaspiller de l'argent pour des joueurs qui ne jouent pas. On a donc décidé, quand je dis « on » c'est moi, Michel et tout le conseil d'administration. On a décidé de te licencier du club. Je suis dés...
Espèce d'enculé de merde putain !

Je m'étais levé de ma chaise et l'avais attrapé par sa cravate.

Sale fils de p***, comment oses-tu faire sa ?
Sécurité !

Trois hommes arrivèrent et me donnèrent des coups de poings dans les côtes pour que je lâche le président. Ils me sortirent du bureau et me jetèrent dans les escaliers. J'avais l'impression que la chute durait des minutes, des heures...


Je me réveilla d'un bond. L'effet de chute m'avait réveillé. J'ouvris les yeux. J'étais en sueur dans mon lit. Je me rendis compte que ce n'était qu'un rêve ou plutôt comment dire, un cauchemar. Pourtant, je ne pus m'empêcher de me lever pour aller vérifier que les valises de Kate n'étaient pas dans le salon. Et non, elles n'y étaient pas malheureusement. Ce n'était qu'un rêve, un pur produit de mon imagination. J'étais quand même heureux que tout ce à quoi j'avais pensé n'était que pure invention et que ce n'était pas vrai. Je m'assis tout de même sur mon lit, dépité, revoir le visage de Kate j'y étais habitué dans mes songes mais là elle m'était apparue comme si c'était vrai, comme si elle était vraiment là, avec moi. Enfin bon, je devais bien me rendre à l'évidence, il était 5h du matin, ce soir c'était le soir de mon premier match avec le Clermont Foot Auvergne contre Sedan. Espérons que ce qui s'est passé dans mon rêve ne m'arrivera pas dans la vraie vie...