[Holmes] Memories

Il était 8h du matin. Trop tôt, beaucoup trop tôt pour se réveiller. Le mois de mars venait de commencer et avec lui les chaleurs commençaient à remonter. J'étais dans mon lit, Myssilia dormant dans le lit dans sa chambre. Et oui, on avait dû acheter un nouveau lit, je ne pouvais dormir sur le canapé tout le temps. La sonnette retentit. Je me levai en essayant de faire le moins de bruit possible afin de ne pas réveiller ma petite soeur. A pas de loup je me faufilai vers la porte. J'ouvris. Un homme avec un uniforme de couleur orange et noir se tenait dans l'ouverture. Il tenait à la main un paquet.

Mr Holmes, c'est pour vous. Si vous voulez bien signer là. Merci.

C'était un petit paquet. Peut-être était-ce Myssilia qui avait commandé un bouquin... Je vis cependant que c'était à mon nom. Je n'avais pourtant rien commandé. Je l'ouvris. A l'intérieur je découvris un petit livre noir. Je savais parfaitement ce qu'était ce livre et ce qu'il représentait. C'était le journal intime que je tenais quand j'habitais chez mes grands-parents au Pays de Galles. Pourquoi me l'avaient-ils envoyé aujourd'hui ? Bonne question, sans réponse. Un court mot accompagnait le livre.

« Ceci est à toi, nous te l'envoyons donc. William, sache que nous sommes les deux personnes qui sont les plus fiers de toi, de ce que tu es devenu. Nous t'aimons et nous pensons souvent à toi. En espérant que ton journal intime te rappellera de bons souvenirs. Bisous. »

C'était ma grand-mère qui avait écrit ce mot. Je reconnaissais parfaitement son écriture, fine et légèrement oblique. J'eus une petite larme à l'oeil en lisant le mot plusieurs fois de suite. Ce petit carnet contenait tous les événements qui avaient marqués ma vie, les meilleurs comme les pires, tout y était. J'avais commencer à le tenir quand j'avais décidé de revenir dans mon pays de naissance, à l'âge de 10 ans. Toute mon adolescence est donc dans ce petit bouquin. Je feuilletai pendant quelques instants le journal. Je le refermai et glissai ma main sur la couverture dont le cuir était abimé. J'entendis du bruit dans la pièce d'à côté, je compris que c'était Myssilia qui se levait. Je cachai le carnet juste avant qu'elle entre dans la pièce. Je n'avais pas envie qu'elle me pose des questions dessus, ni qu'elle le lise.

Comme à son habitude, elle se levai, dans sa robe de chambre à moitié transparente ce qui fait que je voyais presque entièrement sa poitrine. Je n'aimais pas vraiment ça, je n'aimais pas me dire que je me rinçais l'oeil sur ma soeur. C'était plutôt bizarre. Et comme tous les matins, elle se pencha vers moi, me lâcha un baiser sur la joue et fila vers la salle de bain. Elle était magnifique, tout était parfait chez elle honnêtement. Je chassai vite fait cette pensée de ma tête. Je n'avais pas le droit de penser cela. Je suis son grand frère.

Dix minutes plus tard, j'étais toujours sur le canapé, en train de relire le mot de ma grand-mère. Myssilia surgit soudain dans la pièce. Une serviette autour du corps pour cacher ses parties intimes, elle se ramena vers moi et me regarda d'un oeil inquiet.

Quelque chose qui ne va pas William ?

Elle avait dû remarquer qui mes yeux étaient embués. Je levai les yeux vers elle.

Non, tout va bien.
Tu en es sûr ?
Oui t'inquiètes pas.

Je me levai, pris le mot et mon journal intime et me dirigeai vers ma chambre. J'ouvris le tiroir de ma table de nuit, mis les deux objets dedans et fermai à clé le tiroir. Je pris la clé sur moi, comme à mon habitude. Tout ce qui était à l'intérieur de ce tiroir n'était qu'à moi, je ne voulais pas que quelqu'un ait connaissance de ce qui se trouvait à dedans, ni Myssilia, ni Lexie. La clé dans le jean, je pris le chemin du salon. Myssilia sortait du frigo pile à ce moment, la bouteille de jus d'orange dans les mains. Elle se retourna vers moi et me lança un regard interrogateur.

C'était qui cette lettre ?
Personne.

Elle s'approcha de moi. Elle était presque collée à moi à présent. Je sentais la serviette contre mon torse nu. Je n'aimais pas me retrouver dans cette position, je me sentais trop près du corps nu de ma soeur. Je me reculai de quelques pas mais elle s'avança de nouveau. Elle le faisait exprès, elle savait que je n'aimais pas ça, que ça me mettait mal à l'aise. Je restai donc là, la défiant du regard.

Grand frère, pourquoi tu t'évertues à me cacher tant de choses ?
Je ne te cache rien Myss', ce n'est rien, un vieil ami qui m'envoie une lettre, rien d'intéressant, pas de quoi s'inquiéter.
Et c'est qui cet ami ?
Mike. Tu ne connais pas.

Elle se recula, me regarda d'un air suspect. Elle ne me croyait pas j'en étais pratiquement certain. Elle décida cependant de ne pas essayer d'en savoir d'avantage. Cela me semblait bizarre mais je ne relevai pas. Je me préparai mon petit déjeuner et le reste de la matinée se déroula dans la bonne humeur, agrémentée de petites blagues ici et là. L'humour british quoi. Durant la matinée, j'avais trouvé le courage de prendre quatre vis et de fixer le tableau que j'avais réalisé moi-même, le seul et unique que j'avais fais, au mur. Cela rendait super bien. Peindre me manquait mais je n'avais pas vraiment le temps ces derniers jours.

A 13h30 je partis pour rejoindre le camp d'entrainement afin de préparer le match à venir...

J'étais maintenant seule. William venait de partir pour son entrainement, il en avait pour au moins trois heures. J'avais donc trois heures pour faire ce que je voulais. La première chose qui me vint à l'esprit fut évidemment de proposer à quelqu'un de venir à l'appartement pour qu'on s'amuse un peu. Mais soudain, je me rappelai l'événement qui avait bouleversé ma matinée dès mon réveil. Cette mystérieuse lettre et son mystérieux expéditeur. J'avais réussi à le mettre dans une position dans laquelle il n'était pas à son aise, collé à moi, séparé uniquement par une petite serviette de soie. A chaque fois ça marchait. Cependant aujourd'hui, j'étais sûre et certaine qu'il m'avait menti. Je m'étais donc fais des films dans ma tête. Peut-être qu'il recevait des menaces de mort d'un supporter mécontent ou d'un homme des francs-maçons, peut-être celui qui avait tué notre père...

J'avais trouvé ce que j'allais faire. Il fallait juste que je trouve un moyen d'ouvrir ce fichu tiroir. Si quelqu'un s'en prenait à mon grand frère, il allait le regretter amèrement. Seulement, plusieurs fois j'avais essayé d'ouvrir ce tiroir mais jamais je n'avais réussi dans mon entreprise. J'avais essayé de voler la clé à William mais je n'avais jamais réussi non plus. Visiblement il ne voulait pas que quiconque soit au courant des secrets qu'il gardait dans cette partie de sa table de nuit. Internet allait devoir m'aider. Je me dirigeai vers mon ordinateur et tapai ces cinq mots : « Ouvrir une serrure sans clé ». Une liste de réponses s'afficha sur le navigateur de recherche Google. Je cliquai sur le premier lien, il s'agissait d'un forum sur lequel un des membres avait posé la même question que moi. J'examinai donc avec attention les réponses des internautes. Une en particulier attira mon attention. Le gars avait posté une vidéo montrant comment s'y prendre. Je regardai donc la vidéo qui durait un peu plus de sept minutes. Le mec avait eu besoin de seulement trois instruments pour parvenir à ses fins. Il allait falloir que je réussisse à en faire de même, le temps m'était compté. J'emmenai l'ordinateur à côté du lit de William afin de pouvoir suivre geste après geste les différentes actions du gars de la vidéo.

Je dû m'y reprendre à cinq fois avant d'enfin obtenir gain de cause. La serrure du tiroir lâcha, j'entendis un petit cliquetis qui, selon la vidéo, montrait que c'était réussi, que le tiroir était prêt à être ouvert. Je restai quelques instants, hésitante. Je ne savais pas si je devais le faire, après tout je n'avais pas le droit de fouiller dans sa vie privée. Je chassai cette idée de ma tête, je devais me concentrer sur l'objectif que je m'étais fixé, à savoir découvrir ce qui se tramait. Qu'est-ce qui n'allait pas pour qu'il garde des secrets dans ce petit tiroir. Je saisis la poignée et tirai dessus pour l'ouvrir. Le tiroir glissa, je le pris dans mes deux mains et l'emmenai sur la table du salon. Au même moment que je posais le tiroir sur la table, quelqu'un frappa à la porte. La pression était à son comble, si c'était William j'étais foutu. J'ouvris la porte et fus soulagée par la vision qui s'offrait à moi. C'était Lexie, la petite amie de William. Je l'aimais bien cette fille, ce n'était pas une de ces traînées qui couchaient avec les footballeurs pro juste pour se la raconter. Elle, s'était une fille des plus sérieuses, belles et très polie. Elle avait vécue de dures épreuves dans sa vie et je la respectais beaucoup pour avoir tenu le coup.

William n'est pas là Lexie... Désolé.
Je sais, c'est toi que je voulais voir. A propos de William justement...

Cette réponse me surpris un peu. Décontenancée, je la fis entrer. Elle s'assied à la table et je me mis face à elle, après avoir dégagé le tiroir. En l'apercevant, elle me regarda d'un air mauvais.

J'espère que ce n'est pas le tiroir où William garde tout ce qu'il ne veut pas que l'on sache ?
Si c'est lui, il a reçu une lettre ce matin et je veux voir qui c'était, il était bouleversé après l'avoir lu.

Je la défiais du regard. Jamais quelqu'un n'avait tenu aussi longtemps qu'elle sous le regard que j'étais en train de lui lancer. Elle était sereine, ses yeux n'exprimaient aucune haine, aucune peur, rien. Je ne dirais pas un sentiment d'indifférence mais je n'arrivais pas à percer le mystère de ces beaux yeux verts. Soudain elle parla.

Je m'en suis aperçu, c'est pour ça que je suis ici. Si ça te dérange pas, j'aimerais qu'on regarde ensemble ce qu'il y a dans ce tiroir.

Une nouvelle fois, je fus surprise d'entendre cette réplique. Elle devait être vachement inquiète pour vouloir violer l'intimité de son mec. Elle, si polie, si respectueuse des autres et de leurs affaires était prête à fouiller dans les secrets les plus sombres de son homme. Cela me surprenait.

Tu es sûre que tu veux faire ça ? Si William arrive, tu devras en subir les conséquences autant que moi, on sera dans la même merde... Si tu veux, je peux le faire seule et te dire ce que j'ai trouvé après...
Non Myssilia, c'est gentil de ta part mais si William va mal je veux savoir la cause par moi-même...
Très bien, comme tu veux...

Je ramenai donc le tiroir sur la table.

Chacune de nous deux prit un objet dans ses mains. Lexie tenait au creux de sa main un médaillon. Moi j'avais réussi à trouver la lettre. Je la lus à haute voix pour que Lexie sache de quoi elle parlait.

Ceci est à toi, nous te l'envoyons donc. William, sache que nous sommes les deux personnes qui sont les plus fiers de toi, de ce que tu es devenu. Nous t'aimons et nous pensons souvent à toi. En espérant que ton journal intime te rappellera de bons souvenirs. Bisous.

Lexie se mit de suite à la recherche du journal. Elle le trouva assez facilement. Il faut dire qu'il n'y avait qu'un journal intime là-dedans, pas dur. Je pris ma chaise et me mis à côté d'elle pour lire ce qui était marqué à l'intérieur. Elle me regarda :

Tu es sûre que l'on fait le bon choix en lisant ce journal ? Il doit comporter des notes sur les périodes sombres de la vie de William, on ne devrait peut-être pas...
Tu veux savoir pourquoi il était bouleversé ce matin ?
Oui évidemment mais...
Alors il n'y a pas de mais ma belle. Si tu veux savoir le pourquoi du comment il va falloir prendre le temps de lire ce bouquin...

Elle ne répondit pas. Elle avait posé les yeux sur la couverture du journal intime. Elle tourna la couverture pour faire voir la première page. Je reconnus de suite l'écriture de William, elle n'avait pas beaucoup changé depuis. La date qui était écrit en entête était le 12 octobre 2003. Il avait donc dix ans à cette époque. Lexie avait un regard déterminé, elle n'aimait pas vraiment ce qu'elle était en train de faire mais elle savait que c'était le seul moyen pour découvrir la vérité.

12/10/2003

J'allais enfin rentrer. J'allais rentrer, rentrer au pays. Enfin je vais revoir mon pays, le Pays de Galles. Le plus beau pays du monde, le pays de mon coeur. J'ai 10 ans et 15 jours aujourd'hui et je suis dans l'avion pour rentrer chez moi. Enfin par chez moi je veux dire chez mes grands-parents. Et oui, je n'ai pas de maisons à moi, mon père est resté à Singapour et ma mère est morte. Je n'ai donc plus que mes grands-parents au Pays de Galles. Pour moi, c'était un jour magnifique, j'allais retrouver mes grands-parents que je n'ai plus vu depuis bien longtemps et je vais retrouver le climat qui me manquait par dessus tout, le climat britannique.

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Sa y est, je suis arrivé. Je suis sur mon bureau en train d'écrire. La maison est tout simplement énorme, c'est une sorte de manoir. Un grand parc entoure la demeure et moi j'ai une grande chambre à l'étage ! C'est trop cool. Demain je vais au collège, j'ai le stress un peu mais bon sa va aller je pense...

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13/10/2003

Premier jour de cour. On est 17 dans la classe, c'est bien comme ça je pourrais bien travailler, il y aura moins de bazar dans la classe. Je me suis déjà fais deux copains, Mike et Oliver. Ils sont cools. Avec grand-père on a fait quelques exercices dans le jardin pour voir quel sport je pourrais faire après le collège. On a joué au rugby mais j'étais nul. Après on a joué au hockey sur gazon mais là aussi j'étais nul. Il ne restait plus qu'un sport que je pouvais faire, c'était le football. Et là, j'étais plutôt bon pour quelqu'un qui n'a jamais fais de foot. Donc on a été m'inscrire au club de la ville. Je suis pressé de commencer le foot, grand-père m'a dit que quand tu jouais au foot tout le monde t'aimais bien donc ça va être cool je pense.

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28/09/2005

C'est le jour de mon douzième anniversaire aujourd'hui. Grand-père a organisé une chasse au trésor comme d'habitude pour mon anniversaire, il faut que je résolve des énigmes pour trouver mes cadeaux. J'espère qu'ils seront bien cette année ! Sinon j'ai invité mes copains et mes copines pour mon anniversaire. Mike, Oliver, Tom, Anna et Emma. Ils peuvent tous venir donc j'espère qu'on va bien s'amuser.

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28/09/2005

C'est la fin de mon goûter d'anniversaire. C'était trop bien, la chasse au trésor de grand-père était dure mais on a quand même trouver les réponses aux énigmes. J'ai eu un ballon de foot et un maillot, celui d'Arsenal ! Mon équipe préférée avec le nom de Pirès derrière en plus ! J'étais très content d'avoir ces cadeaux mais je crois que le plus beau des cadeaux que j'ai eue aujourd'hui c'est Emma qui me l'a offert. Elle m'a embrassé ! On est tous les deux devenus tout rouge. C'était la première fois pour nous deux qu'on embrassait quelqu'un. Emma est donc ma première petite copine, je l'aime depuis la première fois que je l'ai vu. Elle est si belle, ses beaux yeux bleus foncés et ses cheveux blonds. Tout était beau chez Emma, je l'aime ! <3

C'était trop mignon. William quand il avait douze ans était un petit ange dis donc. Sa me faisait drôle de lire ce qu'il avait écrit il y a plusieurs années, quand il était encore un jeune adolescent. Je ne m'imaginais pas du tout mon grand frère comme ça. On voyait à travers ses écrits qu'il aimait vraiment cette petite Emma. C'était mignon. Au fur et à mesure que les pages passaient, toujours il parlait d'elle. Un an de relation, deux ans, trois ans... Ils semblaient vraiment fais l'un pour l'autre. Il donnait tout ce qu'il avait dans le coeur pour écrire ce journal intime, il racontait comment c'était passé sa première fois avec Emma bien sûr, à l'âge de 16 ans. Il l'aimait comme un fou, des coeurs étaient dessinés sur toutes les pages du carnet. Tout cela ressemblait à un véritable conte de fée. Cependant je ne pouvais m'empêcher de me demander ce qu'il s'était passé entre eux-deux pour qu'ils ne soient plus ensemble aujourd'hui.

Lexie était toujours à mes côtés, en train de lire. Je voyais que sa mine s'était déconfite au fur et à mesure que le jeune William de l'époque écrivait son amour dans son bouquin. Je me doutais que ça lui faisait un mal fou de voir à quel point mon frère avait aimé cette fille, tout ce qu'ils avaient vécu ensemble. Elle devait savoir qu'elle ne vivrait jamais des moments aussi intenses avec lui. Sa devait être dur pour elle, je lui pris la main, et la pris dans mes bras. Je n'avais pu m'empêcher d'avoir ce geste de tendresse pour cette fille. C'était devenu une amie au fil des mois où l'on avait vécu ensemble en quelque sorte. J'avais beaucoup d'affection pour elle, j'allais faire les boutiques avec elle, on faisait beaucoup de choses ensemble. J'avais de la peine pour elle en voyant sa tête toute triste. Après environ cinq minutes passées à la réconforter, on reprit notre lecture de l'ouvrage personnel de mon frère. Arriva à peu près les trois quarts du journal. Et c'est à ce moment là que l'on comprit pourquoi tout avait été cassé. Pourquoi une relation si belle, un couple qui avait vécu tant de choses ensemble avait fini par voler en éclat, ou plutôt par se terminer. Je ne pouvais effacé les phrases de mon frère de ma tête. Sur les pages que l'on était en train de lire, on pouvait voir des traces de larmes, le papier était comme froissé à cause du trop plein d'eau qu'il y avait eu dessus. Et en lisant les confidences de William on comprenait aisément d'où venait ces larmes.

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03/06/2009

Je ne sais pas quoi te dire journal. Depuis tant de temps je t'écris, depuis plusieurs années je te raconte mon amour pour celle qui est et sera à jamais l'amour de ma vie. Et aujourd'hui tout est fini. J'ai mal, j'ai une blessure dans le coeur, j'ai le coeur brisé. Brisé par cette rupture si brutale, personne ne devrait vivre ce que je vis actuellement. Et pourtant tous les jours, des centaines de gens vivent ce que je vis. J'en suis conscient mais là ça m'est tombé dessus comme ça. Je n'ai qu'un mot qui me vient à l'esprit : tristesse. Tristesse et oui, j'ai vécu beaucoup de choses dans ma vie, j'ai vécu beaucoup de souffrances mais celle-là est de loin la plus dure. Ma Emma est morte, renversée par une voiture, un connard qui était complétement raide. Elle traversait la route tranquillement avec une de ses amies et là ce fils de p**e l'a renversé. Il a foutu en l'air quatre ans d'amour, quatre ans de pur bonheur, mais pire encore, il a tué la femme que j'aimais depuis petit. Il ne sait pas encore les conséquences que vont avoir ses gestes, cet homme est un homme mort. Ma vengeance sera terrible, il ressentira physiquement ma douleur intérieure. Et elle n'est pas faible, elle me bouffe de l'intérieur. Aujourd'hui j'ai perdu mon amour, mon coeur, ma raison de vivre. Pourquoi vivre quand on perd une des seules personnes que l'on aime ? C'est aujourd'hui que je me rend réellement compte que la vie n'est faite que de souffrance. On vit le bonheur pendant des années mais d'un coup d'un seul tout est réduit à néant, un alcoolique vient foutre en l'air tout ce que vous avez entrepris de construire durant votre adolescence. En quelques secondes on ressent plus de douleur que l'on a ressentis de bonheur tout au long de la vie. Pourquoi moi ? Pourquoi ce malheur me tombe dessus après tout ce qui m'est déjà arrivé ? Qu'ai-je fais pour mériter autant de malheur dans ma misérable vie ? L'horreur de la mort m'a frappé une nouvelle fois, j'ai perdu la personne à qui je tenais le plus au monde, j'ai perdu ma moitié. Une partie de moi est morte aujourd'hui avec Emma, je ne suis plus le même homme. Ma vie n'est dicté que par un mot à présent : vengeance. Je veux que cette pourriture qui m'a détruit pourrisse au fond d'une prison, qu'il se fasse tabasser tous les jours par les pires meurtriers du pays, je veux qu'il en ait tellement marre, qu'il ait tellement mal qu'il en vienne à vouloir mettre fin à ses jours. Je veux sa mort. Mais je veux qu'il souffre autant que moi avant, je veux que cet homme connaisse ce que je vis en ce moment-même, et ensuite il pourra se donner la mort. Il a été arrêté et selon l'officier de police, il sera condamné très lourdement pour homicide involontaire, conduite sous l'effet de l'alcool et de stupéfiants. Cet homme mérite la mort et je regrette à l'heure actuelle que la peine de mort ne soit plus autorisé de nos jours. Je mettrais tout ce qui est possible comme énergie, comme volonté pour que cet enfoiré croupisse au fond de la pire prison du royaume et que sa misérable vie soit à partir d'aujourd'hui un enfer. J'irais le voir, quand il sera en prison, j'irais le voir pour lui dire le mal qu'il a fait autour de lui, j'irais le voir pour lui dire qu'il mérite la place où il est, j'irais le voir pour qu'il pleure la nuit après mes visites, pour qu'il regrette ce qu'il a fait, pour le hanter. Il va souffrir je te le promets journal ! Il va souffrir pour tout le mal qu'il m'a fait à moi, à travers ma tristesse à ma famille, et surtout à la famille d'Emma, il paiera cher ce qu'il a fait !

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On sentait toute la haine qu'il avait, toute la tristesse aussi. Sa soif de vengeance faisait presque peur. On aurait cru qu'il aurait été capable de tuer cet homme lui-même si l'occasion lui était donné et qu'il le ferait bien souffrir avant. Je comprenais à présent ce qui le bouleversait ce matin. Il devait repenser à ce qu'il avait vécu il y a cinq ans. Je sais qu'il avait essayé de reconstruire une vie de couple avec d'autres femmes mais qu'il n'y était jamais parvenu : Justine, Indira... Toutes des échecs. Peut-être que Lexie sera un échec de plus sur cette liste. Ou peut-être pas. Elle pleurait, je ne savais pas quels sentiments elle avait à l'heure actuelle. Et je n'osais pas lui demander. Mon boulot était de la consoler à présent. Je refermai le bouquin et la prit dans mes bras. Soudain, alors que Lexie pleurait toutes les larmes de son corps sur mon épaule droite, la poignée de la porte tourna et je compris que les malheurs n'étaient pas terminés...

Entrainement annulé, la cause : inondation du terrain d'entrainement. J'étais dégoûté réellement, j'étais content d'y aller et là je devais rentrer chez moi et me faire chier tout l'après-midi. Pire encore, le bus qui devait me ramener, je l'avais loupé. Obligé d'attendre le suivant une heure plus tard. C'est donc une heure et demi après mon départ de l'appartement que je revenais. Je poussai la porte d'entrée et entrai tranquillement dans mon chez moi. Je n'étais pas de bonne humeur, j'avais ma mine des mauvais jour et cela n'allait pas s'arranger.

En effet, à peine entrer, je vis que quelque chose n'était pas normal. Je m'avançai dans le salon et je vis Lexie dans les bras de Myssilia, elle pleurait apparemment. Je posai un regard interrogateur sur ma soeur qui détourna le regard. Ce n'était pas normal non plus, Myssilia n'avait pas l'habitude de fuir du regard comme ça... Je m'approchai donc et je vis sur la table ce qui n'allait pas. Un tiroir était posé sur la table, je le reconnus tout de suite. C'était mon tiroir, le tiroir de ma table de nuit. Il était là, sur la table avec tous mes objets que je voulais garder secrets. Mon médaillon, la lettre de ma grand-mère de ce matin et surtout mon journal intime, posé juste devant les deux jeunes femmes. Lexie releva la tête vers moi, elle avait sécher ses larmes. Je posai un regard empli de haine sur ma soeur puis sur ma petite copine. Je n'y croyais pas, comment ont-elles osés faire ça, fouiller dans ma vie privée ? Cela ne se fait pas, jamais au grand jamais je n'aurais osé fouiller dans la vie de quelqu'un d'autre. Je pris mes affaires personnelles qui étaient éparpillées sur la table, les remis dans le tiroir et emmenai ce dernier à sa place initiale. Je sortis ensuite de ma chambre, pris mon porte-feuille et sortis de l'appartement en claquant la porte. Je sortis dans la rue sous la pluie qui tombait telle des cordes. Le ciel était noir, comme mon coeur. Avoir vu ce que je venais de voir avait réouvert toutes les plaies du passé que j'avais enfoui au plus profond de moi. C'était dur, dur de voir que les personnes à qui vous tenez le plus ne respecte pas votre vie privée mais surtout dur de repenser à l'horreur que j'avais vécu à l'âge de 16 ans, j'avais perdu l'amour de ma vie... Jamais je ne pourrais l'oublier, jamais je n'oublierais le visage du coupable quand il fut condamné à la prison à perpétuité. Je lui souriais quand il avait tourné la tête vers moi, pleurant, quand il fut emmené par les gardes qui l'avait conduis à la prison. Cependant, au contraire de ce que j'avais écris dans mon journal intime, jamais je n'étais aller le voir en prison. Je n'avais jamais trouvé le courage d'aller affronter cet homme.

J'étais en train d'errer dans la ville, sous les trombes d'eau. Une voix de femme appela mon nom. Je savais que c'était Lexie mais je ne me retournai pas. Je continuai ma route à travers les rues désertes de Salt Lake City sans prendre la peine de tourner la tête pour montrer à ma poursuivante que je l'avais entendu. Je n'avais en aucun cas envie de lui parler ni même de la voir. Elle venait de lire le passage le plus dur de ma vie, dont j'avais mis au moins trois ans à m'en remettre. Que voulait-elle que je lui dise ? Je continuai donc de marcher sur les trottoirs, les cheveux plaqués sur le front à cause de la pluie incessante. Je ne m'arrêterai pas tant que je n'aurais pas refouler ma colère. J'entrai à présent dans le parc, je me doutais que Lexie était toujours sur mes talons, peut-être accompagnée de Myssilia. Soudain, un éclair traversa le ciel. Le dieu tonnerre était autant en colère que moi apparemment. Ma bouche se tordit en un rictus qui ressemblait à un sourire. Tout d'un coup, je me laissai tomber à genoux sur le chemin trempé. Je levai les yeux au ciel, les bras en croix et je me mis à hurler, les yeux grands ouverts. Un deuxième éclair déchira le ciel noir durant mon hurlement. J'avais l'impression d'être le maître des éléments. Plus rien ne semblait bouger autour de moi, ma rage, ma tristesse me rendaient invincible. Quelques minutes après, je me remis sur mes deux pieds et fis demi-tour. J'avais réussi à évacuer tout ce qui était enfoui en moi. Lexie et Myssilia n'était pas là, elles avaient dû rentrer terrifiées par la pluie et l'orage. Je rentrai donc, sans courir, en prenant mon temps malgré le temps de chien. Le ciel était noir alors qu'il n'était que 16h, on se serait cru en pleine nuit. Arrivé au bout de ma rue, je marquai un arrêt. Puis, résigné, je m'engageai dans la rue, grimpai les escaliers qui menaient à mon appartement et j'entrai à l'intérieur.

Myssilia et Lexie étaient sur le canapé. Je passai devant elles sans même les regarder. J'étais bien décidé à mettre les choses au clair avec elles. Mais avant cela je devais prendre une bonne douche pour me réchauffer après cette escapade sous la pluie. Je pris une serviette et partis dans la salle de bain. Je me mis sous la douche, et restai pendant au moins 10 minutes sous l'eau brulante. Je me vidais l'esprit.

Quinze minutes plus tard, je sortis de la salle de bain pour rejoindre les deux femmes dans le salon. Je pris le fauteuil et m'assied juste en face d'elles-deux. Je les regardai droit dans les yeux, chacune à tour de rôle. Elles ne bronchèrent pas. Elles étaient évidemment très troublées mais n'avaient pas l'air de regretter leur geste.

Pourquoi vous avez fais ça ?

Il y eut un petit silence puis Myssilia prit la parole.

On s'inquiétait pour toi. Tu n'étais pas bien ce matin...
Et vous croyez que ça vous donne le droit de fouiller dans ma vie privée ? Si je vous cache des choses c'est pour une bonne raison. Je ne veux pas que mon passé soit connu de quiconque autre que moi. Or, vous avez trahi ma confiance, vous avez lu mon journal intime, vous avez lu et pris connaissance de ma vie passée. Vous n'aviez pas le droit de regarder ça.
Mon coeur, on s'est inquiété, c'est normal... Tu n'étais pas dans ton état normal ce matin, on a pensé que cette lettre aurait pu être une menace de mort ou quelque chose de grave...
Pourquoi voudriez-vous que quelqu'un veuille me tuer ? Je ne suis personne. Et si j'avais été menacé d'une quelconque manière je vous l'aurais dis et j'aurais été voir la police. Je ne suis pas du genre à cacher des choses comme ça. Je cache seulement les choses qui peuvent me mettre mal, me faire revivre des moments horribles de mon passé et pour que cela n'affecte pas le regard que les gens ont sur moi. Vous avez vu la façon dont j'ai réagis, vous avez vu à quel point j'étais mal. Cette blessure est toujours en moi et vous, vous l'avez réouverte. Ce n'est pas ce qu'il y a dans ce journal qui m'a blessé aujourd'hui, c'est vous en fait, vous avez fait ressortir tout ce que j'ai vécu, vous me l'avez mis en pleine tête sans aucune pitié.

Je voyais bien qu'elles ne savaient pas quoi dire. Après un dernier regard vers les deux filles, je me levai et me dirigeai vers le placard pour prendre une barre chocolatée. Je la mangeai en deux bouchées. Myssilia se leva elle aussi, se retourna vers moi mais ne bougea pas.

William, tu peux nous parler, nous dire ta pensée, ce que tu ressens tu sais.
Je sais mais je n'en ai pas envie. Je peux juste vous dire que ce qu'il s'est passé m'a meurtrie à jamais. Je ne suis plus le même que j'étais avant ça je peux vous l'assurer...

Je pris une veste et sortis de l'appartement pour aller boire un verre dans le bar du quartier, laissant là Lexie et Myssilia.