[Robbie McRoy] J'aime la bière autant que les femmes

Cannes, été 2012.

Mardi matin. J’avais les yeux fermés, allongé dans mon lit. Je pouvais sentir les premiers rayons de soleil taper sur mon dos nu. Il faisait déjà chaud et l’air rentrait dans la chambre. J’étais réveillé mais je ne voulais pas ouvrir les yeux, trop mal au crane pour le faire. Je pris soudain conscience que j’avais très soif, la gorge sèche. Et oui, très mal au crane. Sans ouvrir les yeux, je tâtonnais sur la droite du lit, cherchant désespérément quelque chose à boire pour satisfaire ma gorge. Et c’est en tâtonnant que je fus pris de vertige. Non, pas à cause de mes yeux fermés. Je connaissais cette sensation, je la connaissais que très bien même… La gueule de bois. Pourtant, je n’étais pas sorti hier… du moins pas le souvenir. Je trouvais enfin un objet qui avait une forme de bouteille, le mit à ma bouche pour boire. Mais ce n’étais pas une bouteille. J’ouvris enfin les yeux, surpris par l’objet que j’avais dans la main, et la, je restais bouche bée : c’était un god. Je relevais les yeux, je n’étais pas chez moi.

Je me levais brusquement, mais ma tête pesait 4 tonnes et me dit : non Robbie, reste allongé, ça vaut mieux pour toi ! Je l’écoutais, pour une fois et resta donc sur le lit. Je vérifiais un truc…non, je n’étais pas nu. Cela me soulagea un peu. Je pris une clope dans mon paquet et l’alluma. Rien ne vaut une bonne cigarette bien cancéreuse pour faire réfléchir. Ou étais-je hier ? Que faisais-je ? Avec qui ? Et la, ou suis-je bordel !! Je ne reconnaissais pas l’endroit, il n’y avait personne dans la chambre et la porte était fermée. Le propriétaire devait être derrière cette porte, mais la peur m’empêcha de bouger. Et j’espérai surtout que le propriétaire était une femme. Je n’avais rien contre les homo, mais bon… Je pris quand même sur moi et décidais de me lever et d’aller me caler à la fenêtre. Il y avait une magnifique vue sur la plage, les palmiers et le soleil. La chaleur commençait par contre à m’étouffer. Et puis il faudrait bien qu’à un moment donné je sorte de cette chambre et que je découvre l’endroit dans lequel je me trouvais. Soudain, la porte s’ouvra brusquement :

-Coucou mon chou ! Bien dormi ?

Au moins c'était une femme. Elle était plutot mignonne mais tellement mon genre. Elle devait mesurer 1 mètre 65, de long cheveux bruns lui tombait jusque sur sa nuque, elle avait deux beaux yeux marrons mais marqués par la fatigue. Elle portait une nuisette beige clair, qui, ma foi, lui allait plutôt bien et la rendait sexy. Elle était fine et avait deux beaux petits seins et ne portait pas de soutien gorge. Je remarquai cela assez facilement, elle pointait. Elle vint se coller contre moi, dans mes bras. J’étais paniqué et je la repoussais.

-Ben alors, dit-elle, tu étais plus accueillant que ça hier soir.
-Oui, justement… euh, comment dire. On est ou la ?

Cette question sembla la surprendre et elle comprit. Elle me piqua une cigarette et prit ma place contre la rambarde de la fenêtre et me faisait face. Elle avait prit un air grave.

-On est chez moi Robbie. A Cannes.
-Et qui est ce « toi » ?
-Tu ne te souviens vraiment pas ? Pourtant cette nuit, tu hurlais mon nom... Je suis Jessica Coltat…

Je m’allongea de tout mon long sur le lit. Je commençais à me souvenir…

J’aime la bière autant que les femmes.

Cannes, été 2012, salle de conférence de presse du club.

-Plus de questions ? Non ? Et bien messieurs, dames, au revoir et à la prochaine !

L’interview de mon arrivée au club était fini et s’était plutôt bien passé. Toujours les mêmes questions. Une m’a fait marrer et venait d’un journaliste écossais venu voir le joueur qui monte : Monsieur McRoy, commençait-il, je suis allé dans votre foyer pour orphelin pour me renseigner et j’aimerai vous poser la question : êtes-vous alcoolique ? Il n’y avait qu’un écossais pour poser cette question. Ma réponse ? Je lui ai simplement dis que j’avais un pack au frais chez moi, dans mon frigo.
Je sortais de la salle de conférence de presse, il faisait chaud et beau, un temps méditerranéen. Et bien sur, un écossais dans le sud, ça rougit et ça s’assèche : direction le pub. Je marchais le long de la plage, il y avait plein de jolies filles qui bronzaient les seins à l’air, allongées sur le sable chaud. Bonne décision d’avoir signé ici, me dis-je. La flemme de remonter à l’appart’ et puis je voulais rencontrer les locaux, il fallait que je m’habitue à ma nouvelle vie, qui allait être, je pense, magnifique. Je me posais quand même sur un muret de pierre qui longeait la plage et je regardais la mer bleue qui me fit rêver. Je n’aurai jamais cru en arriver la un jour, j’étais loin de l’orphelinat, de l’Ecosse, de Leith, même si bien sur, ça me manquait. J’y retournerai un jour, bientôt. Mais je voulais profiter de Cannes, j’entrais dans le monde dont j’avais rêvé.
Le temps de fumer une cigarette et me voila reparti à la chasse au pub. J’arpentais les rues de Cannes qui grouillaient de monde, de touristes, de locaux avec l’accent du sud qui me surpris beaucoup et me fit rire. Je constatais aussi que même les vieilles ici s’habillaient comme si elles avaient encore 20 ans. Mais une bonne ambiance semblait régner sur la ville. Je m’engageais dans une petite ruelle pavée, quand je vis sur ma droite le logo de Guinness. Enfin, j’avais trouvé mon refuge ! J’entrais donc dans le pub aux couleurs de l’Irlande, il y avait un drapeau Ecossais aussi accroché au mur, un drapeau australien… J’allais jusqu’au comptoir et m’assis sur les grands tabourets et demandai au serveur :

-May I have a pint, please ?
-Toi, tu es Ecossais, me répondit-il en souriant. Je l’ai reconnu à ton accent.
-Bien joué bonhomme. Je viens d’Edinburgh.
-Je connais bien Edinburgh ! J’y ai passé une année la bas ! Et tu viens d’où d’Edinburgh ?
-Leith.
-Ah oui, chez les pauvres !

Sa vanne ne me fit pas rire du tout. Blaireau de français, pensais-je.

-Allez je rigole, reprit-il, je te l’offre ta pinte !

Je bus ma pinte, puis deux, puis trois. Je commençais à avoir faim et il fallait que j’éponge si je voulais tenir la soirée. Je commandais un plat et le mangea au comptoir toujours en compagnie du serveur, qui, au final était plutôt sympa. Je reviendrai je pense. Mais je comptais passer la soirée ici, il me dit que ce soir ce devrait être une bonne soirée puisqu’un groupe gallois venait jouer dans le bar. Il y aurait du monde. Beau programme en perspective …

Retour présent, dans l’appartement de Jessica.

Nous étions à sa table, nous prenions le petit-déjeuner, mon mal de crâne passait peu à peu grâce à la tonne d’aspirine que j’avais pris. Pour une première soirée à Cannes, c’était plutôt réussi. Je commençais à me sentir à l’aise avec elle, sans savoir si irait plus loin. Plus je la regardais, plus je la trouvais belle, j’avais eu bon gout hier soir. Mais je ne me souvenais toujours pas comment j’étais arrivé jusque dans son lit. Etait-ce elle qui m’avait attiré jusque chez elle ? Ou était-ce moi ? Je n’osais pas lui poser la question. Sacré Jessica, sacré soirée. Elle se leva et mit un disque, un album de Jimi Hendrix. Génial. Une musique posée, une gueule de bois, le ciel bleu et la compagnie d’une belle femme. Je plongeais mon regard dans ses beaux yeux foncé… Je me souvenais de son entré dans le pub …

Retour dans le pub de Cannes.

Je finissais mon repas et recommanda une bière. Le groupe gallois installait son matériel et faisait des essais micro. Gallois… Hayden aurait été content de voir ça, des gens de chez lui. Quand soudain entra une femme dans le pub.

-Bonsoir Tim, dit-elle à mon pote serveur.

Elle s’approcha du comptoir et lui fit la bise. Je sentais son odeur, ses cheveux bruns me passaient devant le visage. Elle s’assit sur le tabouret à coté de moi et commanda une bière.

-Jessica, je te présente Robbie McRoy. Un futur bon client je pense, dit Tim le serveur. Il est écossais, je pense que lui, à la bière tu ne le coucheras pas je pense, poursuivit-il en riant.
-Tu crois ?

Elle souriait et me tendit sa main, que je serrai délicatement. Elle avait la peau douce, des doigts tout fins. Elle portait un jean qui la moulait bien, un t-shirt noir en décolleté qui, il faut l’avouer, la rendait très sexy.

-Qu’est ce qu’un écossais vient faire à Cannes ? me demanda-t-elle.

Je ne sais pas pourquoi, mais je répondis ça :

-Venu voir si les femmes cannoises savent boire !

Elle se mit à rire, finit sa bière et en commanda deux autres, une pour moi, une pour elle.

-Et bien tu risques d’être impressionné !

Et à ce moment, je crois qu’un concours commença …

Gné ?

Pourquoi je vois double ? Qu’est ce que c’est devant moi ? C’est quoi des bières ? Ah si, ça je sais ce que c’est des bières en faite et c’est très bon. Qui c’est la femme qui prend ma tête et qui la plaque contre ses seins ? Et pourquoi elle s’appel Jessica ? Pourquoi j’me sens tout bizarre avec la tête qui tourne ? On me dit que c’est parce que je suis bourré. Et c’est quoi cette musique ? Pourquoi je ne suis pas en Ecosse à l’orphelinat ? Je suis joueur de foot ? Mais attends, je suis où la ? Est-ce que j’ai pris quelque chose d’autre que de l’alcool ? C’est quoi de l’ecstasy ? C’est pour ça que j’me sens immortel ? Et elle est ou la femme qui s’appel Jessica qui plaquait ma tête contre ses seins ? Ah elle est la. Et là, pourquoi je saute partout comme un fou ? ‘fais chaud là, non ? Jessica, que penses-tu d’aller prendre l’air dehors contre un capot de voiture, complètement nu ? C’est quoi la police ? Je les emmerde moi ! Ah, et c’est ou chez toi ? Je peux aller dire au revoir à mon copain dans le bar avant de partir ?

Tu conduis ou je conduis ? OK, conduis-nous chez toi. Tu l’as acheté ou ta voiture ? Fais attention au nain bleu qui traverse la route quand même madame Jessica qui plaque ma tête contre tes seins. Un concours de bière ? Qui a gagné ? Ah oui, vu comment je me sens puissant et imbattable ça doit être moi. Tu habites chez tes parents au faite ? Ah tant mieux.

C’est au combientième étage que tu habites ? Pourquoi tu mets ta main la, je les ai pas tes clés ! C’est où le frigo ? Y’a de la bière ? T’as des clopes ? Et tu vas ou la ? Et elle est ou la salle de bain ? T’attendre dans ton lit ? Elle est où ta chambre ? Tu veux de la bière aussi ? Tu viens t’allonger ? T’as des capotes ? T’as le SIDA ?

C’était bien ? T’es fatigué ? Moi aussi.

Bonne nuit Jessica.

Nous étions maintenant affalés dans le canapé, devant la télévision, matant des conneries sans intérêts, une vraie gueule de bois. Nous regardions « Amour, gloire et beauté » tellement nous étions déconnectés. Impossible de bouger, encore moins avec cette chaleur. De ce fait, nous avions fermés les volets de son appartement et entre-ouverts les fenêtres pour faire passer un peu d’air quand même. J’étais assis et elle avait sa tête tournée vers la télé, posée sur mes cuisses. Je jetais des coups d’œil à son visage fatigué. C’est vrai, elle était belle. Encore plus depuis que je m’étais souvenu de la soirée. Je ne voulais plus bouger d’ici, je me sentais bien avec elle. Jessica … quelle rencontre !

Malgré tout, je devais m’en aller, je n’étais pas venu à Cannes pour regarder la télé et prendre des grosses murges en pleine tête. Je devais finir d’emménager, je devais jouer au foot et être le meilleur. Mais depuis hier soir, la donne avait un peu changée. Enfin surtout depuis ce matin. Je voulais être le meilleur avec elle à mes cotés. Je n’avais jamais ressenti ça avant, je n’avais jamais ressenti cette sensation de … de canard en vérité. Je n’avais jamais regardé une femme comme je la regarde en ce moment. Ses petits yeux fatigués, ses fines lèvres, sa peau douce … Je passais ma main dans ses cheveux que j’entortillais à mes doigts. Je n’osais pas lui dire que je me souvenais de la soirée. Je n’osais pas tellement en parler, j’étais vraiment déchiré et j’en avais presque honte.

Non. Je ne devais pas avoir honte. Avec le recul, c’est vrai que je m’étais amusé et j’avais rencontré des gens pour ma première soirée à Cannes. J’avais hâte de revenir au pub de Tim. Mais la saison allait reprendre et je devrais limiter mes sorties, il fallait que je garde un rythme de vie sain. En même temps, ici ce n’était pas vraiment l’endroit. Oh et puis merde, je passe à l’appart ranger deux ou trois trucs et je vais boire une pinte.

Jessica, je dois y aller, dis-je tout bas et à contre cœur. Le fait de penser à ma pinte avait du me donner la force de sortir d’ici.

D’accord Robbie, me répondit-elle comme si ça lui avait donné la motivation de bouger.

Ecoute, je suis désolé pour hier soir. Je ne sais pas trop ce qu’il s’est passé.

Je te raconterai plus tard, la je vais aller dormir… Tu m’as quand même bien fatigué petit écossais.

Un silence gênant s’installa. Devais-je lui demander son numéro ? Lui demander de la revoir ? Je n’étais pas habitué de ces situations, je n’avais jamais eu d’histoires avec des femmes. Plutôt normal vu ma gueule cassé et mon fort accent écossais. Je me dirigeais vers la porte d’entrée.

Je te laisse mon numéro, lui dis-je. Appel moi un de ces jours…si tu veux.

On verra Robbie. Avant que tu partes j’aimerai juste te dire que j’ai passé une super soirée hier…

Et la je dus sourire comme un con. Je sentais mes traits au niveau du bas de mon visage se tirer, et je baissais la tête.

Mais, poursuivit-elle, j’étais moi aussi vraiment bourrée… Je te rappellerai au moment voulu Robbie. Il faut que je me repose…

Pas vraiment positif comme réponse. Je lui laissais tout de même mon numéro et prenais la direction de mon appartement …

Bon ... Un peu galère la fin.

[RP FINI]

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