[Holmes] Overcome the shyness

Acte I, scène I

Chéri ! J'ai une idée pour toi. Tu m'as dis l'autre jour que tu en avais marre d'être timide, enfin de ne pas oser aller vers les autres...
Oui c'est vrai, pourquoi ?
Regarde ce que j'ai trouvé.

Elle me tendit un prospectus.

Un gars me l'a donné dans la rue tout à l'heure, j'ai pensé que ça te dirait d'essayer.
Tu me vois faire du théâtre sérieux ?
Beh pourquoi pas ? C'est le seul moyen pour te défaire de ta timidité je pense... Essaye au moins une fois.

Je la regarda dans le blanc des yeux. Je ne pouvais jamais résister quand elle faisait ces yeux là. Elle était tellement adorable.

Très bien, j'irais demain.
Je t'accompagnerais comme ça je serais sûr que tu y es bien allé, me dit-elle dans un sourire.
Comme tu veux.

Et merde, j'avais bien pensé à lui faire croire que j'y avait été sans y aller, elle m'avait bien niqué sur ce coup là la coquine. Bon après tout pas grave, ça me fera une expérience au moins.

Le lendemain à 18 heures, Justine prit sa voiture et m'emmena à la salle de théâtre. Elle me déposa devant, me regarda entrer et partit. Je me retrouvai donc dans le hall, seul. Des groupes étaient déjà formés, personne ne venait m'accueillir, quel bande de cons. Je pouvais encore me barrer après tout. Cette pensée s'évapora rapidement quand je me dis que Justine serait capable de s'être garé plus loin pour vérifier que je ne sorte pas du théâtre. Je restai donc là, au milieu du hall d'entrée. Une jeune fille vint me voir et entama la discussion.

Salut, tu es nouveau ?
Oui, je viens tester le théâtre pour essayer d'être moins timide et de gagner de la confiance en moi.
Tu as bien fais, j'ai essayé pour les mêmes raisons que toi et je dois t'avouer que depuis je me sens beaucoup mieux. Je m'appelle Emma, enchantée de te rencontrer.
Moi c'est William.
Ah, tu n'es pas français ? Intéressant, tu viens d'où ?

Je ne voyais pas en quoi le fait que je ne sois pas français soit intéressant mais je lui répondis tout de même.

Je suis né au Pays de Galles, j'ai la double nationalité gallo-anglaise.
Oh génial, j'ai toujours rêvé d'aller à Londres !
Ouais bah j'y suis allé qu'une seule fois...
Pourquoi tu as quitté ton pays pour la France si tu l'aimes tant ?
Je suis footballeur dans le club de Clermont...
Tu es William Holmes ?! L'avant centre de Clermont qui a prolongé récemment ?
Oui c'est moi.
Excuse moi de ne pas t'avoir reconnu. Je peux avoir un autographe ?
Si tu veux, dis-je dans un grand rire.

Je lui signai son autographe devant le regard interloqué des personnes autour de nous. Je lui dis de garder le silence sur mon identité, ce qu'elle fit à merveille. Un homme nous fit entrer dans le théâtre en lui-même.

Acte I, scène II

Les sièges rouges, les lustres. C'était magnifique, on se croirait revenu 200 ans en arrière, à l'époque où les grands seigneurs venaient se divertir au théâtre. L'homme nous dit de nous asseoir dans les confortables sièges rouges. Je m'assied sur le siège à côté d'Emma. On était environ une vingtaine à vue de nez. L'homme monta sur la scène et se présenta.

Bonjour à tous pour cette nouvelle année. Je m'appelle Cédric pour ceux qui ne me connaissent pas. Je vois que nous avons des nouveaux, d'autres sont là depuis plusieurs années. Je vous salue tous. Ce que je vous propose c'est que chacun à tour de rôle vienne se présenter où je suis et nous dise ce qu'il attend de cette aventure. Emma, on te connait déjà donc tu vas commencer pour montrer aux nouveaux comment s'y prendre...

Emma se leva donc de son siège et pénétra sur la scène.

Je m'appelle Emma, j'ai 20 ans, je fais partie du groupe depuis maintenant trois ans et je suis ici pour continuer l'aventure avec ceux que je connais depuis plusieurs années, ceux que j'ai commencé à connaître tout à l'heure et ceux que je ne connais pas encore. Voilà voilà.

Elle descendit de la scène et vint se rasseoir près de moi. Cédric me dit que c'était à mon tour de passer sur scène. Je me levai donc, montai sur scène. Je mis quelques instants avant de prendre la parole, le stress commençait à monter rien qu'à l'idée de me présenter devant vingt personnes. Après quelques secondes d'attente, je leur fis l'honneur de me présenter.

Je m'appelle William, j'ai 20 ans, je suis nouveau comme vous avez pu le remarquer. Si je suis venu ici c'est pour voir si le théâtre peut m'aider à vaincre ma timidité et si cela peut me permettre d'avoir plus confiance en moi. Euh... Voilà c'est tout.
Les nouveaux doivent en dire un peu plus William. D'où tu viens, ce que tu fais dans la vie...

Je le regardai avec un regard qui lui lançait des éclairs. Il ne broncha pas et je dû me résigner à continuer.

Je suis né au Pays de Galles, j'ai vécu en Angleterre et j'ai vécu pendant environ sept ans à Singapour. En ce qui concerne mon métier, je suis footballeur professionnel dans le club de Clermont.

Des clameurs se firent entendre, je voyais que les gens présent dans le théâtre murmuraient entre eux. Je tenais à mettre direct les choses au clair avec eux.

Même si je suis un footballeur pro, vous pouvez me tutoyer, vous pouvez me détester et même me mépriser si vous le voulez. Je n'ai pas le melon comme certains des joueurs pro connus, donc si vous avez un problème avec moi, dites le moi et j'essaierais de modifier mon comportement...
William, tu n'as pas à t'excuser d'être footballeur, nous ne jugeons pas les personnes sur leurs vies en dehors du théâtre mais bien à l'intérieur de notre théâtre. Donc soit toi-même et ne t'inquiètes pas. Tu es comme nous après tout.
Oui je sais, je préférais être clair avec tout le monde quoi.
Oui normal.

Je partis donc me rasseoir à ma place. Emma me sourit et me dit que c'était bien ce que j'avais fais. Cela me rassura. Les murmures autour de moi c'étaient estompés, un homme avait prit ma place sur la scène. Comme ça, les vingt personnes présentes dans la pièce vinrent à tour de rôle se présenter face à tout le monde. On fit ensuite un petit exercice pour voir à quel point on était timide. Je m'étais pas mal démerdé honnêtement, Emma me fit même la remarque. J'avais réussi à évacuer le stress qui me tiraillait et j'avais réussi à livrer une première prestation tout à fait honorable.

On sortit de la salle pour rejoindre le hall où un cocktail nous attendait. Je bus quelques gorgées de Coca. Plusieurs personnes vinrent me serrer la main et me dirent que c'est un honneur de me rencontrer et tout le tralala. Sa me faisait rire mais bon, je pouvais mesurer ma côte de popularité ainsi. A ce que je vois elle était plutôt bonne étant donné que j'ai du signer des autographes à la vingtaine de personnes présentes. Cédric, le « chef » de la troupe vint me voir le dernier. Il me demanda lui aussi un autographe et une photo pour son fils, grand fan du club.

William, je voulais aussi te dire que tu as bien joué le rôle que je t'ai confié tout à l'heure. J'étais même plutôt impressionné pour quelqu'un qui est timide, tu as su bien gérer ton stress, donc félicitations et j'espère te revoir la semaine prochaine.
Merci, ça sera avec plaisir !
Cool.

Puis il partit. Je passai le reste de la soirée avec Emma qui me permit de bien m'intégrer dans le groupe. Je l'aimais bien cette fille, elle était sympa, souriante et belle il faut l'avouer. Après environ 30 minutes à parler avec les personnes présentes, j'appelai Justine pour lui dire que je rentrais. Je dis au revoir à tout le monde et je partis.

Acte I, scène III

Je poussai la porte du théâtre et m'engouffrai dans la rue. La chaleur était étouffante, limite suffocante. Le soleil brillait encore haut dans le ciel alors qu'il était 20h. En Angleterre, le soleil serait presque couché à cette heure là... Enfin bon, je ne vais pas me plaindre du soleil, il y a beaucoup d'autres sujets beaucoup plus importants que la chaleur. J'étais à présent sur le trottoir parallèle au théâtre quand j'entendis une voix.

William !

Je me retournai et vis que c'était Emma qui m'appelait. Elle arriva à ma hauteur en courant.

On peut faire la route ensemble ?
Oui si tu veux.

On parla donc pendant notre marche. Après environ dix minutes à parler avec elle sur les trottoirs de la ville, on arrivait devant mon immeuble. Je lui fis la bise et lui dis à la semaine prochaine puis je montai dans l'immeuble pendant qu'elle continuait sa route. Je montai les deux étages qui me séparaient de mon appartement, j'entrai avec un grand sourire. Justine était à la fenêtre en train de regarder le trottoir. Sans que j'ai pu m'y attendre, elle tourna ses yeux vers moi et me demanda assez méchamment.

C'est qui cette fille ?!
Euh... C'est Emma, une fille qui fait du théâtre avec moi.
Je ne l'aime pas.

Je me mis à rire. Elle était jalouse d'une fille que je venais de connaître.

Sois pas jalouse ma puce, c'est juste une amie. Tu n'as pas à t'en faire hein, c'est toi que j'aime et tu le sais.

Je m'approchai d'elle et l'embrassai sensuellement.

Oui, oui je sais. C'est juste que... voilà quoi.
Ne t'inquiètes pas ma chérie.
Bon sinon c'était bien ?
Oui génial ! Tu as eu une super idée en me disant d'y aller, je pense que je vais continuer.
Tant mieux, tant mieux.

Je voyais que ça ne lui faisait qu'à moitié plaisir. Je sentais qu'elle n'aimait pas que je continue avec Emma. Enfin bon, je ne dis rien et je commençai à faire à manger. Je savais que Justine, quand elle était jalouse, pouvait faire des trucs de malade. Genre elle serait carrément capable d'enquêter sur Emma ou de faire un truc fou dans le genre. On mangea tranquillement, devant le journal télévisé et on décida d'aller se coucher.

Acte II, scène I

Une semaine avait passé, j'avais donc de nouveau mon cours de théâtre. Je n'avais eu de nouvelles de personne du « club » mais bon, c'est peut-être normal. A 18h, je partis à pied de l'appartement, je marchai les 10 minutes qui me séparaient du théâtre et une fois arrivé j'allai directement dans la salle et je m'assied dans un des sièges. Emma vint se poser à mes côtés quelques secondes seulement après que je me sois assis. J'avais l'étrange impression que cette fille me suivait. On verra bien quand je sortirais pour rentrer chez moi...

Salut William, ça va ?
Sa va et toi ?
Oui super ! Je suis toujours impatiente de revenir ici chaque semaine. C'est trop bien je trouve !
Ouais c'est vrai que c'est bien...

Je n'avais pas envie de parler aujourd'hui, surtout pas avec elle, le pot de colle. Je n'avais rien à dire sur sa beauté mais j'avoue que niveau intelligence elle parait quand même très inférieure à la normale. En gros je pensais que c'était une attardée quoi. A cette pensée j'explosai de rire, attirant sur moi les regards des personnes qui venaient d'entrer dans la salle.

Qu'est-ce qui te fais rire ?, me demanda Emma, outrée que je rigole seul.
Oh non rien, t'inquiètes.

Cédric arriva quelques instants plus tard et il décida de nous donner comme exercice de jouer une pièce avec chacun un rôle que l'on voulait. Alors là, c'était pire que des gamins se battant pour avoir un bonbon. Chaque adulte voulait un rôle et bien évidemment, le même rôle était convoité par plusieurs personnes, cela était donc source de discordes. Cédric se rendit donc compte de la situation et désigna lui-même les rôles. J'étais le seul à ne pas avoir bougé un pouce pour avoir un rôle, je m'étais dis que je prendrais le rôle qui resterait, sûrement celui le moins important.

Bon vu que vous avez un si bas âge mental et que vous n'êtes pas capable de vous répartir les rôles, c'est moi qui vais choisir. Dans le rôle principal, je choisis William, il n'a pas été dans la « bagarre » pour le rôle alors que vous tous y étiez.

Et hop dans la face les nazes ! J'avais le rôle principal.

Mais Cédric, il n'a jamais fait de théâtre ! Il ne sait pas comment jouer son rôle !

Je me levai, et le regardai droit dans les yeux.

Peut-être que je n'ai jamais fais de théâtre mais je me sens quand même capable de jouer ce rôle ! Ne me dis plus jamais que je suis un incapable ou tu le paieras cher !
C'est une menace ?!
Peut-être bien oui !

Il fallait que je reste ainsi jusqu'à ce qu'il baisse les yeux. Mon esprit guerrier gallois ressurgit. Je sentais qu'il ne fallait pas que ce soit moi qui détourne les yeux le premier. Le combat visuel faisait rage dans la salle, tout le monde était silencieux, même Cédric ne disait rien. Il savait pertinemment que rien ne détournerait mon regard des yeux de mon adversaire. Finalement, au bout d'environ une minute trente seconde à peu près, il tourna sa tête et regarda droit devant lui. J'avais gagné ce duel et je me rassied donc à ma place. Une fois rassis, Emma me dit dans l'oreille :

Fais gaffe à Jordan, il peut-être très méchant des fois, ne cherche pas la merde avec lui...

Je regardai plus attentivement ce Jordan et je vis qu'en effet, il avait une certaine carrure, on aurait dit un rugbyman.

On commença donc la pièce après la distribution des différents rôles. Vint un moment où je devais embrasser un autre personnage qui était interprété comme par hasard par Emma. Je sentais que je n'allais pas pouvoir, elle en revanche semblait déjà prête.

Cédric, je ne peux pas... J'ai une petite amie...
Ah tu vois qu'est ce que j'avais dis, pas capable de rentrer dans son rôle !

C'était l'autre gros de Jordan. Je m'approchai de lui, il croyait sans doute que sa corpulence me faisait peur mais loin de là. On était à peu près de la même taille. Je me collai à lui, et lui envoyai un coup de tête en pleine figure. Il tomba à terre, le nez en sang. Il se releva difficilement et essaya de se jeter sur moi. Je l'esquivai et lui mis un crochet du droit en plein dans sa mâchoire. Il allait être mal en point le gros. Il était de nouveau à terre, je me mis à genoux par dessus son corps et commençai à lui donner des coups de poings au visage. Il saignait de plus en plus, sa mâchoire était fracturée, il ne bougeait quasiment plus. Cédric vint me retenir et m'éloigna du corps de Jordan. Il était limite inconscient. Ma rage était telle qu'il me fallut un bon quart d'heure pour me calmer. Ce mec, je pouvais pas le blairer sérieux. Il fut transporter à l'hôpital et Cédric me conjura de rentrer chez moi. De toute façon, il avait annulé la fin de la séance.

Acte II, scène II

Je sortis du théâtre, énervé comme jamais. Cet abruti m'avait carrément mis hors de moi. Je marchais vite, impatient de rentrer chez moi et de raconter tout ça à Justine. Quelqu'un courait derrière moi, pas d'appel je ne pensais donc pas que c'était pour moi, je continuai ma route à la même allure. Seulement, après avoir tourné dans une rue transversale, Emma me rejoint. Elle me barra le chemin et m'embrassa. Je la repoussai dès que je sentis ses lèvres touchées les miennes.

Qu'est-ce que tu fous là ?!

J'étais vraiment énervé pour le coup. Entre la bagarre et ce baiser, je passais vraiment une journée de merde.

Je pensais que...
Et bah tu pensais mal Emma ! Je ne t'aime pas ! J'ai une femme dans ma vie, une femme que j'aime plus que tout au monde ! Dégage maintenant !

Je continuai ma route sans me retourner. J'imaginais bien qu'elle était restée plantée sur le trottoir à me regarder m'éloigner mais là c'était trop. Pour qui elle se prenait cette petite trainée ?

Je claquai la porte en rentrant dans l'appartement. Justine, qui était assise dans la salle, sursauta. Je lui avais fais une peur bleue.

Qu'est-ce qui se passe Will' ?
Rien rien, je suis pas d'humeur là désolé...
Allez mon coeur, qu'est ce qui te mets dans cet état de nerfs ?
Un connard au théâtre a dit que je jouais mal et je l'ai frappé, il est à l'hôpital. Ensuite Emma m'a embrassé, je l'ai rejeté et l'ai planté sur le trottoir, tu te rends compte la journée de merde ?
Tu as tapé quelqu'un parce qu'il a dit que tu jouais mal ?
Oui.
Je ne te reconnais pas là William. D'habitude tu arrives à te contrôler, pourquoi tu as explosé là ?
Je suis à bout de nerfs, j'ai accumulé trop de stress ces dernières semaines, j'en peux plus Justine, j'en peux plus...
Viens là mon chéri.

Elle me prit dans ses bras et me serra comme si elle voulait que je lui transmette un peu de mon malheur pour me soulager. J'étais à bout honnêtement. J'avais déchargé toute la colère, tout le stress accumulé, sur ce mec qui ne méritait sûrement pas un tel traitement mais qui avait bien cherché les noises quand même... Heureusement que Justine était là, pour me soutenir, je savais que quand ça n'allait pas, elle serait là, elle me prêterait son épaule pour que je puisse pleurer. Elle sera toujours là pour moi, je le savais parfaitement. C'était ma confidente, mon amie, et même plus que ça, mon amour. Grâce à elle j'ai réussi à me calmer, avant j'étais impulsif et maintenant je suis beaucoup plus calme, j'ai réussi à me détendre depuis que je la connais. Je sentais parfaitement l'effet qu'elle avait sur moi, ce sentiment de protection, ce sentiment d'amour profond et pur. Je savais aussi que jamais je ne retrouverais quelqu'un qui me donnerait autant d'amour qu'elle pouvait m'en donner. Cette femme était tout simplement extraordinaire.

Acte II, scène III

Une semaine plus tard, j'avais décidé de retourner au cours de théâtre. En quinze minutes j'arrivais là-bas. J'hésitai un instant devant le bâtiment mais je me résolus à entrer. Tout le monde attendait dans le hall. Je vins vers un des gars qui était là et il me dit que Cédric voulait nous parler à tous.

Bonjour à tous, comme vous le savez, des événements sont arrivés la semaine dernière et cela ne m'a pas plu du tout. William, il va falloir te contrôler même face aux insultes des autres. En ce qui concerne Jordan, il a décidé de quitter la troupe. Je vous demande donc de vous remettre au travail dans la joie et la bonne humeur, je ne veux pas que des groupes se forment à la suite de cet écart de conduite, je veux un groupe soudé. Deuxièmement, je voulais vous annoncer que l'on a été invité au Festival de théâtre de Sarlat. C'est une grande occasion pour nous de nous montrer donc bosser pour que l'on soit prêt le jour venu.

Il nous fit ensuite entrer dans le théâtre et on prit une autre pièce, cette fois de Jean Racine, Alexandre le Grand. On joua durant deux heures, non-stop. Cédric avait décidé de nous épuiser à la tâche aujourd'hui, peut-être pour nous punir, pour me punir. Il m'avait donné un rôle pourri dans la suite d'Alexandre. Il voulait vraiment me punir pour ce que j'avais fais, c'était certains. Dégueulasse, après tout je n'avais fais que répondre de la juste des manières à un pauvre type... Enfin bon, j'irais lui parler à la fin de la séance histoire qu'il me dise si il va me punir comme ça encore longtemps... Les acteurs avaient étaient très moyens aujourd'hui et Cédric ne manqua pas de leur faire remarquer.

Bon j'espère que vous serez meilleurs la semaine prochaine parce que là c'était nul, autant que je sois honnête hein. Vous étiez nul aujourd'hui donc sortez vous ce que vous avez dans la tête et repartez de l'avant, on va à un festival important quand même !

Tout le monde autour faisait à moitié la gueule, sauf moi qui avait de l'énergie à revendre. Je m'approchai de Cédric alors que tout le monde était en train de sortir.

Cédric, je veux m'excuser pour ce que j'ai fais la semaine dernière mais il l'a quand même bien cherché...
Oui mais il faut te contrôler, sur les terrains de foot tu ne fais pas ça...
Non mais là il se foutait de moi. Enfin bon, j'espère que tu ne me feras plus jouer des rôles de merde comme aujourd'hui les prochaines fois...
Non, c'était pour te montrer que je pouvais être méchant mais sans violence moi. Je vais te mettre dans la confidence tant qu'à faire. Au festival, il faudra que l'on fasse deux groupes différents qui feront deux pièces différentes. Je vais te mettre dans le rôle d'Alexandre, je pense que tu as le potentiel pour l'interpréter. C'est un concours William, il faudra sortir tout ce que tu as dans les tripes pour gagner la superbe récompense à la clé...
Merci Cédric, c'est un honneur. C'est quoi la récompense ?
Tu le sauras en temps voulu. Ne sois pas impatient, tu le sauras bien assez tôt.

Je lui dis au revoir et je sortis sur le trottoir pour rentrer chez moi. Justine m'attendait devant l'entrée, elle avait anticipé la pluie. En effet, à peine rentré dans la voiture que la pluie commença à tomber et l'orage arrivait déjà. On put admirer les magnifiques éclairs dans le ciel noir auvergnat. Zeus exprimait sa colère, je ne sais pour quelles raisons mais il était mécontent...

Acte III, scène I

Sept mois ont passés à présent. Sept mois d'interprétation, de répétition et même agrémenté de quelques prestations devant public. Nous étions maintenant début avril, le festival de Sarlat avait été avancé cette année pour on ne sait quelles raisons. Il commençait dans deux jours, il nous restait donc 48h avant de passer sur scène. C'était bon pour moi, je connaissais mon rôle sur le bout des doigts, aucune appréhension, pas de stress pour le moment. On avait répété de nombreuses fois et on était tout simplement excellent. Dans ma tête, il était certain que l'on allait gagner la récompense dont Cédric m'avait parlé sept mois auparavant. Personne ne savait quelle était cette fameuse récompense mais tout le monde se doutait que c'était quelque chose de gros. Justine avait fait le déplacement avec moi et la troupe pour nous soutenir. On devait dormir dans sa voiture étant donné que rien n'avait été prévu par le « club » pour pouvoir dormir. La voiture était à la fois un endroit intime mais aussi très inconfortable, comment je pouvais dormir en toute tranquillité alors que mes jambes sont bloquées sous le volant. On avait pas l'air de cons là dedans... Le début de la nuit avait été super, partie de jambes en l'air avec Justine sans se soucier si quelqu'un pouvait nous voir. Cela rendait la chose encore plus excitante. Après s'être endormi, Justine ne bougeait plus, moi en revanche, ne trouvant pas le sommeil, je bougeais sans cesse, essayant de trouver la bonne position pour dormir.

Le matin arriva très vite, c'est Cédric qui était venu me réveiller pour répéter une dernière fois avant notre représentation. Je n'allais pas pouvoir refaire une nuit comme celle-là. Il fallait que je dorme avant le grand jour. J'avais chargé Justine d'aller choisir un hôtel pour la nuit histoire de bien dormir la veille du spectacle. Pendant ce temps, on avait commencé la pièce. A la fin, Cédric vint nous voir.

Alors là, vous me bluffez ! C'est sans aucun doute la meilleure prestation que vous ayez faites jusque là. Sa promet pour demain ! Venez par là, approchez...

Les dix acteurs qui formaient notre groupe s'approcha du metteur en scène. On se mit en rond autour de lui.

Je vais vous dire la récompense qui est à gagner. C'est une visite de studios anglais avec rencontre avec une équipe qui tourne un film. Je ne sais pas quelle équipe et de quel film il s'agit mais d'après ce que j'ai pu entendre ici et là, il s'agit d'un assez gros film. Je compte donc sur vous pour donner le meilleur de vous demain, je veux que nous y allions ensemble en Angleterre !

On se regarda tous, je voyais les têtes tournées autour de moi, un regard un gauche, un regard à droite. Moi, je ne cessai de regarder Cédric. J'étais plus que jamais déterminé à gagner ce festival. On avait nos chances je le savais.

William, à quoi tu penses ?
On va gagner... On va gagner...

Je n'avais que ces trois mots à la bouche. Je la voulais cette victoire. C'était comme si j'étais bloqué sur cette fréquence.

On va gagner...

Les autres me regardèrent et Emma intervint.

Oui, on va gagner.

Son intervention me sortit un peu de mes rêveries, je la regardai. Je vis qu'elle aussi avait posé son regard sur moi. Nous avions les deux rôles majeurs de l'oeuvre de Jean Racine, nos deux prestations allaient jouer un rôle clé dans la notation. Nous allons être les têtes d'affiche de cette pièce et il nous fallait assumer à présent, on avait été choisi, nous étions les « élus », nous étions fais pour jouer ces rôles. Il fallait que l'on joue avec tout l'entrain que l'on avait, avec toute la rage que l'on avait dans les tripes.

Acte III, scène II

C'était à nous à présent. A nous de jouer, à nous de nous mettre sur les planches, à nous de faire face au public présent ici, dans le Périgord. C'était à nous de tout donner pour avoir cette récompense. Le stress montait, je le sentais monter en moi tel un serpent qui se tortillait dans mon ventre. J'avais une envie de vomir soudaine. Cependant, je n'en fis rien et je montai sur scène pour jouer mon rôle, Alexandre le Grand. Je commençais à jouer à la scène IV de l'acte III.

Allez, Ephestion. Que l'on cherche Porus,
Qu'on épargne sa vie et le sang des vaincus.

La pièce, faite entièrement d'alexandrins. Un véritable chef d'oeuvre de la part d'un maître de la tragédie classique. Racine, tout comme Molière ou Hugo avait bouleversé le théâtre à sa manière. Mais quoi de plus difficile que d'écrire une pièce de théâtre entière en alexandrin...

Ce jour-là, on avait été dans une forme superbe. On avait livré notre meilleure prestation. Jamais on avait joué aussi bien qu'aujourd'hui. Une fois que tout le monde avait salué, le public présent nous applaudissait avec ferveur. Des cris s'élevaient de la foule pour saluer notre prestation. C'était un moment tout simplement magique, rien ne pouvait être aussi beau que la reconnaissance du public pour le travail effectué. Il y avait environ un millier de personnes seulement mais leurs applaudissements donnaient l'impression qu'ils étaient des milliers. J'étais plutôt habitué à cette sensation dans les stades mais j'avoue que là c'était plus fort. Les gens étaient là, à quelques mètres devant nous, on pouvait sentir leur proximité. Pris dans un élan de folie, je m'avançai sur scène et pris un micro.

Merci à tous. Je voudrais remercier tout le monde, mes collègues acteurs, le metteur en scène qui a fait un boulot fantastique. Je voudrais reprendre si vous le permettez une phrase d'Henri Gouhier qui disait : « L'âme du théâtre, c'est son corps ». Je trouve que cette phrase résume totalement ma pensée et je remercie encore une fois mes amis et vous le public de Sarlat, merci à tous.

Les applaudissements continuèrent, quand le rideau se referma sur nous, les claquements de mains s'estompèrent peu à peu. On venait de vivre un moment unique. Emma me prit dans ses bras une fois entré dans les coulisses. La vision qui suivit m'horrifia. Je vis Justine arriver, limite en trottinant. Elle prit Emma par les épaules, la tourna vers elle et lui envoya une de ces gifles. Emma la regarda horrifiée, elle se retourna vers moi.

C'est qui cette folle ?
Cette folle, tu oses me traiter de folle sale garce. Tu as embrassé mon copain il y a plusieurs mois, tu le serres dans tes bras comme s'il était ton époux et tu oses me traiter de folle ? C'est toi la folle ma vieille, et je serais toi je dégagerais plus vite que ça !

Emma tourna les talons et s'enfuit en courant rejoindre sa loge.

Et bah dis donc, tu te mets dans de ces états... Tu m'impressionnes..., lui dis-je en rigolant à pleines dents.
Elle l'a bien mérité cette garce.
C'est toi qui voit ça.

Elle m'embrassa sensuellement durant de longues secondes.

En quel honneur ?
Je t'aime plus que tout et je suis très fier de toi, de ta prestation d'aujourd'hui. Tu as été fantastique mon coeur.
Merci ma puce.

Je la réembrassai. Je ne pouvais plus douter, Justine était bel et bien la femme de ma vie.

Environ deux heures plus tard, tous les acteurs furent appelés sur scène. C'était maintenant l'heure du verdict. Le président du jury prit un micro.

Alors avant d'annoncer le nom de la troupe gagnante, je tenais à féliciter tous les participants qui nous ont fais vivre une journée de rêve ici, à Sarlat. Beaucoup de talents dans toutes les troupes mais il a fallut que nous choisissions. Un choix dur mais pour nous tous, les sept membres du jury, un groupe d'acteurs s'est démarqué. La troupe de Clermont-Ferrand qui a interprété Alexandre le Grand de Jean Racine gagne le droit d'aller visiter les studios de Leavesden et pourront aussi avoir la chance de rencontrer trois des acteurs principaux des films Harry Potter, à savoir Emma Watson, Tom Felton et Gary Oldman, qui interprètent respectivement Hermione Granger, Drago Malefoy et Sirius Black. Félicitations à eux !

Je n'en revenais pas ! J'allais avoir l'honneur de rencontrer Emma Watson, Tom Felton et Gary Oldman. Oh my god ! Je ne pouvais croire ce que j'entendais. Justine du me taper sur l'épaule plusieurs fois avant que je ne la regarde. J'avais les larmes qui coulaient toutes seules. C'était en quelque sorte mon rêve qui venait de se réaliser. Je voyais autour de moi plusieurs expressions sur les visages qui m'entouraient. L'euphorie, la joie, la tristesse en passant par la jalousie. Toutes sorte d'émotions se mêlaient les unes aux autres et formaient une osmose fantastique. Je vis Cédric monter sur scène, il nous demandait de le rejoindre. Il prit le trophée et les pass pour la visite des studios. Je ne me rendais pas encore compte de ce qu'il m'arrivait. J'allais rencontrer trois acteurs de talent, connus dans le monde entier. Je pris mon pass quand Cédric me le tendit afin de regarder la date. La visite et la rencontre avaient lieu le 13 Juillet, soit un an jour pour jour après la sortie de l'ultime volet de la saga du jeune sorcier à lunettes. Je regardai Justine qui était à côté de moi. Je voyais au fond de ses yeux qu'elle était à la fois super contente pour moi mais en même temps hyper jalouse de ne pas pouvoir y aller. Elle aussi était une fan d'Harry Potter et malheureusement pour elle, elle n'aurait pas le privilège de participer à l'expédition.

On fit la fête toute la nuit, savourant notre victoire, ce n'était d'ailleurs même pas une victoire, c'était un plébiscite ! Beaucoup d'entre nous finirent très mal la soirée, j'avais décidé de m'abstenir ce soir. Ni clopes, ni bières ni quoi que ce soit d'autres à boire ou à fumer, mis à part de l'eau, de la limonade et du Coca bien sûr. J'étais fier d'avoir fais partie de cette aventure, de m'être fais des amis qui vont compter pour moi et surtout d'avoir gagné en jouant le rôle principal de la pièce. Mais je savais que si les autres personnes qui composaient notre troupe n'avaient pas été là, je n'aurais jamais eu la chance de gagner. Et oui, comme dit plus haut, l'âme du théâtre, c'est son corps.

Acte III, scène III

Deux semaines après le festival de Sarlat, nous étions tous les dix réunis dans la salle d'embarquement de l'aéroport parisien de Roissy. Nous embarquâmes une heure après notre arrivée dans l'aéroport. Direction Londres ! J'allais revoir la grande et magnifique ville londonienne. Ville dans laquelle j'ai vécu pendant un an. A peine arrivé dans la capitale anglaise, on nous conduisit dans un bus pour que l'on parte sur le champ en direction des studios qui se trouvent environ à 30km du nord-ouest de Londres. 45 minutes plus tard nous y étions, devant les studios. A l'intérieur devait sûrement se trouver les trois acteurs. Je bouillais d'impatience, j'avais déjà préparé mes questions, en anglais bien sûr. J'allais faire jouer cet atout pour avoir le plus de réponses à mes questions. Les autres qui m'accompagnaient étaient tous français donc c'est sûrement moi qui allait faire office de traducteur. Pas bien grave, ça m'arrangeait même. J'avais au fond de la tête l'espoir fou qu'une amitié pourrait se tisser avec un des acteurs. Cette pensée me sortit de suite de la tête. Un homme venait de nous ouvrir la porte d'entrée. Il nous avait accueillit dans un français assez bien maitrisé mais c'était un anglais vu l'accent horrible qui sortait de sa bouche à chaque mot qu'il prononçait. Je le regardais avec un petit sourire narquois. Il ne le voyait pas car je lui cachais mais il me faisait bien rire le bougre. Il nous fit entrer dans une pièce assez grande. Il y avait derrière nous un drap vert, et quelques éléments de décor qui avaient servis à différents films. On attendit là pendant environ cinq minutes et là, les trois acteurs arrivèrent, un grand sourire sur les lèvres. Je me levai pour les saluer, les autres membres de la troupe m'imitèrent.

Bonjour, dirent les trois acteurs en même temps tout en nous serrant la main les uns après les autres.

Je serrai la main aux deux hommes, Gary Oldman et Tom Felton, et je me permis même dans un excès de folie de faire la bise à la grande et magnifique Emma Watson. Mes rouges étaient en feu, j'étais tout rouge. Ils s'assirent tous trois face à notre groupe de dix. Emma prit la parole la première étant donné qu'elle était la seule des trois à parler un peu français.

Bonjour à tous, bienvenue ici. Je pense que vous avez des questions à nous poser étant donné que c'est un peu le but de cette rencontre. Donc allez y, nous vous écoutons. Par contre est ce qu'un d'entre vous parle anglais ? Parce que je suis né en France mais mon niveau dans cette langue est bof, donc...
Euh, oui moi je suis gallois donc l'anglais c'est bon, je ferais le traducteur si vous voulez...
Très bien merci, vous pouvez tous nous tutoyer hein. Avant de poser une question, dites-nous votre nom.
Bon beh je commence, quel effet ça fait de ne plus jouer dans les Harry Potter ? Cela vous manque-t-il ?

Tom Felton prit la parole.

Oui, enfin pour moi cela me laisse un grand vide. Je m'étais habitué à chaque année revenir dans la famille Potter et là depuis un an on y va plus. Sa me fait vraiment bizarre mais bon c'est la vie et il faut passer à autre chose.

Suivit de Gary Oldman.

Oui moi aussi, même si je n'ai joué que dans trois films, l'esprit qui régnait sur les plateaux de tournage était fantastique, je n'oublierais jamais cette période de ma vie même si ma vie a été beaucoup moins marqué par Harry Potter que l'a pu être celle de Daniel, Tom, Rupert ou Emma...

Plusieurs questions suivirent la mienne et on arriva à la fin de l'entretien. S'en suivit un petit cocktail en compagnie des trois acteurs. On parla un peu ensemble, surtout avec Gary et Tom car Emma parlait un peu plus avec les autres. Cependant même si j'étais littéralement absorbé dans ma conversation avec les deux hommes, le superbe corps d'Emma Watson attirait mon regard. Cette jeune femme était tout simplement une déesse, la réincarnation d'Aphrodite. Cependant, je n'osais pas aller lui parler. Elle me semblait tout simplement inaccessible, tout simplement trop belle, tout simplement trop merveilleuse pour moi. Et pendant que je pensais ça, le souvenir de ma dulcinée qui m'attendait sagement à Clermont. Je n'avais pas le droit de penser à une autre femme qu'à elle. Enfin bon, j'avais quand même le droit de mater en paix la plus belle femme du monde.

Trois heures plus tard, après avoir bien bu, bien parler et bien rigoler, nous repartîmes en bus en direction de Londres pour repartir en France. J'avais passé une journée de rêve en compagnie de trois grands acteurs. Je n'oublierais jamais cette journée, c'était juste énorme. Arrivé à Clermont, je fumai une cigarette pour me décontracter et retomber un peu de mon nuage. Le nuage était maintenant au dessus de ma tête, un nuage de fumée de clope.

Baisser de rideau

THE END

+3 de RP.

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