[Holmes] Entre famille et sport...

Allô ?!
Salut William, c'est ton père. Sa va comme tu veux ?
Beh oui écoute, je suis aux Etats-Unis là...
Oui j'ai vu ça dans les journaux. Sa te dirait que l'on passe une journée ensemble, si tu veux je peux demander à ta mère de venir...
Euh, ouais pourquoi pas. Demande lui on verra si elle viendra...
Sa marche mon grand. Vendredi sa te va ? Sa te laisse le temps de préparer tes affaires et de prendre un avion pour Washington. On passera la journée là-bas.
No problem dad. Faut que je te laisse j'ai un entrainement dans 10 minutes. Bisous à vendredi.
A vendredi.


Le vendredi arriva à toute vitesse. J'avais eu le temps de tout préparer et j'étais fin prêt.

Pour aller de mon appartement à l'aéroport il fallait que je prenne un bus. Les bus jaunes américains me changeaient des bus tout blanc ou de couleurs des plus extravagantes de France. Je pris donc le bus de la ligne 33 direction l'aéroport de Salt Lake City. Une fois arrivé là-bas je me renseignai sur ma salle d'embarquement, passai aux diverses contrôles de sécurité et montai dans mon avion.

Quatre heures plus tard, j'arrivai enfin à l'aéroport de la capitale américaine, Washington D.C. Une ville magnifique à l'architecture absolument fantastique et notamment son Capitole. Pleins de rumeurs circulent sur cette ville, la légende dit qu'il y aurait un trésor franc-maçon enfoui au pied d'un escalier qui descend sous terre. Ce trésor renfermerait des siècles de savoir et permettrait à quiconque le trouvera d'atteindre l'apothéose, c'est à dire atteindre le statut de dieu. Comme beaucoup de personnes, je n'y croyais pas évidemment. Un escalier qui descendait sous terre en plein coeur de la capitale de la première puissance mondiale ? Impossible selon moi. M'enfin, je n'étais pas là pour parler franc-maçonnerie mais pour revoir mon père. Il m'avait dit qu'il m'attendrait dans le café face à l'aéroport. Je sortis donc du grand hall et avançai vers le café en question. Mon père était assis à la terrasse, un café posé sur la table et un journal dans la main. Il leva les yeux de son journal en voyant une ombre passer et s'arrêter devant lui. Il me souria et m'invita à m'asseoir après m'avoir fait la bise. Je commandai un café au serveur qui était directement venu me trouver et engagea la conversation avec mon père qui avait posé son journal sur la petite table ronde.

Elle n'a pas voulu venir hein ?

Il me regarda un instant et me sourit.

Elle va venir. Et tu n'auras même pas le temps de te retourner qu'elle sera déjà là.

Je me retournai donc et je la vis. Une femme d'une quarantaine d'année à vue d'oeil se tenait debout devant moi.

Bonjour William... Je suis ta mère...

Elle était sur le point de pleurer si j'en jugeais par la manière dont son regard était embué. Je ne savais que dire, je ne m'étais pas vraiment préparé à cette rencontre, pensant qu'elle ne viendrait pas. J'avais eu tort et je me retrouvais à présent comme un con face à cette femme, face à ma mère. Mon père lui dit de s'asseoir sans que je l'entende vraiment. J'étais obnubilé par cette figure, c'est fou comme les caractéristiques physiques sont les mêmes entre moi et elle. La même couleur de cheveux, la même découpe du visage et surtout les mêmes yeux d'un vert pénétrant.

Une vague de sentiments flous m'envahit soudain. Je ressentais une grande joie mais j'étais sur le point de pleurer... de tristesse. Pourquoi ? Parce que je me rendais compte de tout ce que j'avais loupé, tout ce que je ne pourrais plus vivre avec elle. Mon enfance avait été détruite par le manque de cette présence maternelle à mes côtés. Depuis qu'elle était arrivée, elle n'avait cessé de me regarder. Elle voyait que j'étais déboussolé, que je ne comprenais pas ce qu'il m'arrivait, que je me rendais compte soudain que je connaissais ma mère. Elle posa une main sur ma main posée sur la table. Je levai les yeux vers sa tête et plongeai mes yeux dans les siens. Des larmes coulèrent sur ses joues.

Je suis désolé...

Ce n'était pas elle qui avait parlé. C'était mon père. On se retourna tous les deux vers lui d'un air interrogateur.

Je suis désolé de vous avoir séparé, désolé William de t'avoir séparé de ta mère et de t'avoir appris son existence qu'il y a quelques mois. J'espère qu'un jour vous me pardonnerez ce que je vous ai fais, je n'ai jamais réussi à me le pardonner, si vous savez à quel point je m'en veux.
On le sait Peter, on ne t'en veut pas. C'est la vie, le destin t'as mis sur ma route, on s'est aimé et on a eu William mais tes obligations professionnelles t'ont rattrapées et tu as dû partir. Je ne t'en veux pas pour ma part, je pense que William non plus.
Non, je ne t'en veux pas Papa. Je ne t'en ai jamais voulu.
Merci.

Et à ma grande surprise, il fondit en larmes. Je ne l'avais jamais vu pleurer auparavant, ça me bouleversait vraiment. Je me levai et le pris dans mes bras pour le réconforter. Toute la tristesse et la culpabilité qu'il avait accumulé pendant des années s'évacuaient aujourd'hui, aujourd'hui que nous étions tous trois réunis.

Dix minutes plus tard, la conversation était lancé, je tentais d'en savoir plus sur ma mère et également sur mon père, leur relation et leur vie avant de que je vienne au monde. Soudain, alors que je ne m'y attendais pas le moins du monde ma mère plaça le mot franc-maçon dans une phrase. Je ne compris pas directement mais il me semblai assez clair qu'elle venait de me dire que tous deux étais des francs-maçons et le sont toujours.

Vous êtes francs-maçons ? dis-je incrédule.
Oui William.
Sa veut dire que vous croyez à toutes les légendes aussi stupide les unes que les autres de l'organisation ? Vous croyez en l'existence des Mystères Anciens ?
Nous n'y croyons pas, pour nous c'est une certitude ils existent. Tu sais William nous sommes assez haut placés dans l'Ordre et nous savons des choses que beaucoup ignorent. Nous savons que les Mystères Anciens existent.
Ah je comprends à présent pourquoi prendre Washington comme lieu de rendez-vous et pas New-York ou même Baltimore là où tu habites. Sachez cependant que je ne rentrerai pas dans cette secte.
Te l'a-t-on demandé Will' ? Jamais nous ne t'obligerions à entrer parmi nos rangs.

J'étais stupéfait par cette révélation. Mes parents des francs-maçons ? On aura tout vu.

Je veux juste que tu saches mon chéri que depuis des générations notre famille fait partie de la franc-maçonnerie. Jamais une seule génération n'a sauté, jamais personne n'a osé se mettre en travers de cette sorte d'héritage. Tes grands parents avec qui tu as vécu au Pays de Galles sont francs-maçons et t'ont donné une éducation qui correspond à celle de la franc-maçonnerie.
Non c'est faux, j'ai été élevé comme n'importe quel être humain...
Grand père te faisait-t-il des chasses au trésor dans le jardin ou bien des énigmes ? Comment connais-tu l'existence de la légende des Mystères Anciens alors que la plupart des personnes ne la connaissent pas ? Pourquoi es-tu si fort en anagramme ? Tout cela résulte de l'éducation que t'as donné tes grands parents William et tu n'as pas appris ça à l'école.

C'était vrai, mon grand père me faisait sans cesse des énigmes, des chasses aux trésors. A chaque fois je réussissais à braver les pièges qu'il mettait sur mon chemin et finissais toujours par trouver la réponse à chaque énigme. Je compris alors à cet instant que mes grands parents avaient commencés mon initiation aux pratiques des francs-maçons. Je ne pouvais y échapper, c'était en quelque sorte mon destin d'appartenir à leurs rangs. Mais je n'en avais pas envie.

William, si tu veux bien, j'aimerais te montrer quelque chose.

On se leva donc tous trois et on partit vers une direction inconnue.

Un taxi nous emmena et nous déposa face au Capitole. Un des plus beaux monuments de la capitale. Je me demandais ce que mon père allait bien pouvoir me montrer dans ce bâtiment. Poussé par ma curiosité je le suivis, lui ainsi que ma mère, dans le vaste hall. Il m'emmena dans une salle, apparemment il était connu des services de sécurité du Capitole car on passa sans qu'un des gardes nous disent de venir nous faire fouiller. Ils le saluèrent même avec respect. Ce bâtiment était truffé de symboles, c'était absolument fantastique et magnifique. On passa ensuite par un couloir et on finit par atterrir dans une grande salle. Le toit était une coupole avec une superbe fresque dessus. Mon père s'arrêta au milieu de la pièce et regarda le plafond. Je me mis entre lui et ma mère et je m'aperçus que j'étais au centre de la fresque et de la scène qui flottait au dessus de nous trois. Un homme parmi des dieux. J'étais en train de me demander qui était cet homme quand ma mère prit la parole.

L'homme au centre est Georges Washington, un des pères fondateurs des Etats-Unis d'Amérique. Il est entouré par...
Minerve, Vénus et d'autres dieux de la mythologie.
Exactement. Comment les as-tu reconnu ?
Ils ont tous un signe distinctif qui les symbolisent et tous ces symboles sont représentés sur cette fresque. Et vu que vous m'avez avoué être franc-maçon je vais moi aussi vous avouer une chose. Je crois aux Dieux de la mythologie grecque. Zeus, Héra, Dionysos, Hermès et tous les autres. Voilà comment je sais reconnaître quel personnage est quel dieu sur cette fresque.
Impressionnant, je ne pensais pas que tu croyais en ces dieux.
Même si vous vous moquez de moi, je m'en fous rien ne me fera changer...
Aucun de nous deux n'a rit ou s'est moqué de toi quand tu nous as dis ça. Pourquoi prendre directement un air de défense ?
Je suis habitué aux moqueries.
Et bien pas de notre part, sache le.
Bon passons, donc cette fresque, sais-tu ce qu'elle représente ?
Washington entouré de divinités, je ne vois pas vraiment ce qu'elle représente de plus...
Elle représente beaucoup plus William, immensément plus. Essaye de réfléchir.

Quelques minutes passèrent, je fixais le plafond à la recherche du moindre indice sur le message que pouvais transmettre cette oeuvre. Je remarquai l'auréole autour de la tête du père fondateur de la nation et une idée me vint à l'esprit.

Washington était-il un franc-maçon ?
C'est exact, pourquoi demandes-tu ça ?
Il a une auréole autour de la tête. Je suppose donc que cette fresque fait référence aux Mystères Anciens et qu'elle représente l'apothéose. C'est également pour cela que Washington est entouré des Dieux qui l'accueillent parmi eux.
Bravo William, tu as su découvrir le message de cette fresque, peu d'hommes non franc-maçon en sont capables car soit ils n'ont pas la volonté de vraiment découvrir sa signification, soit ils n'ont pas les connaissances requises pour la découvrir.
Merci.

Le compliment me fit plaisir, les symboles de l'Histoire m'ont toujours fasciné et je voyais qu'en les ayant étudiés je n'avais pas perdu mon temps. Mon père et ma mère me montrèrent plusieurs symboles et m'expliquèrent leurs significations. Comme par hasard tous avaient un rapport avec les francs-maçons. Je voyais parfaitement où ils voulaient en venir. Mais moi je ne voulais pas, je ne voulais pas entrer là-dedans, je ne voulais pas compromettre ma carrière sportive pour une espèce de secte. Ils n'avaient aucune chance de me « convertir ». Au bout d'un moment, malgré ma fascination pour tous les symboles présents dans ce haut lieu des Etats-Unis, je leur dis clairement :

Tout ce que vous me montrerez, tous vos efforts sont vains et vous devez vous en douter non ? Je ne vous rejoindrais pas dans les rangs des francs-maçons.

Mon père soutint mon regard et il dit d'un air assez déçu.

Très bien, c'est ton choix. On aura essayé au moins. Si jamais tu changes d'avis fais le nous savoir.
Pas de problème. On peut aller manger quelque chose, j'ai une de ces faims.
Sa marche, je vous emmène dans un super petit resto !

On prit donc un taxi et on partit pour aller manger un bout dans un resto de Washington.

Le taxi nous mena tout droit devant un restaurant d'aspect assez chic, le Lincoln sur Vermont Avenue. On entra dans le resto et mon père demanda une table pour trois personnes. Il devait avoir ses habitudes dans ce lieu car le serveur lui répondit de suite :

Oui Monsieur Sweetlove, veuillez me suivre.

C'était bizarre, je n'avais toujours pas pris l'habitude d'entendre que mon père ne portait pas le même nom que moi. En effet, quelques mois plus tôt il m'avait dit qu'il avait dû changer de nom pour m'élever, il avait alors prit le nom de Peter Holmes mais il s'appelait en réalité Adam Sweetlove. Le serveur nous désigna une belle petite table avec dessus, disposé trois couverts. Je m'assieds sur un côté tandis que mon père et ma mère s'assirent face à moi. Ils me regardèrent dans les yeux comme pour me sonder. Je m'efforçais de ne laisser paraitre aucune émotion afin qu'ils n'aient pas l'impression que je suis mal à l'aise en compagnie de deux francs-maçons de rangs élevés. Je savais parfaitement que toute cette soirée était destiné à une seule chose, nous étions tous les trois réunis ici dans un seul but, me faire entrer dans les rangs des francs-maçons. Je n'en avais pas envie même si je l'avoue, toutes les légendes qui entourent cette confrérie me fascinent.

Le repas se passa sans incident réellement notable. La discussion était limpide sans accrochages. Je leur racontais ma vie depuis que je suis entrer dans le monde professionnel du football. Mon premier contrat à Clermont, ma signature aux Etats-Unis, mon assez mauvais début de saison à Salt Lake City... A la suite de mon récit, ma mère me raconta sa vie depuis qu'elle avait été forcé de me quitter.

Alors William, il faut que tu le saches, tu n'es pas notre seul enfant. Ton père et moi avons eu deux autres enfants ensemble, des jumeaux.

Cette nouvelle me causa un certain choc. Je ne m'y attendais pas. Elle était en train de me dire que j'avais deux frères que je n'ai jamais vu et dont je ne connais même pas le nom, n'importe quel individu aurait été sous le choc.

Quand ton père est partie avec toi, j'attendais des jumeaux. Il ne l'a pas dit à son patron afin de ne pas les séparer de moi. Etant donné que je n'avais pas encore accouché, il n'a pas pu être là quand les bébés sont nés. J'étais seul avec mes parents. Ils ont trois ans de moins que toi William, ce sont un garçon et une fille, Evan et Myssilia. Ils connaissent ton existence et ils aimeraient te rencontrer. Je peux te dire de suite qu'ils ont deux caractères très opposés et qu'ils ne s'entendent pas beaucoup, ils sont souvent en train de s'engueuler pour n'importe quoi. Myssilia est plus calme, plus posée, plus à l'écoute alors que Evan est plus impulsif et n'en fait qu'à sa tête. J'ai une photo d'eux si tu veux les voir...

Elle sortit une photo de son sac à main. Je la pris dans mes mains tremblantes. Je regardai les visages des deux jeunes, de mon frère et de ma soeur. Myssilia souriait à pleines dents, elle respirait la joie de vivre. Un sourire se dessina sur mon visage à la vue de sa figure d'une grande beauté. Le visage d'Evan ne transmettait pas cette joie, cette allégresse, il était plus sombre comme si il s'était construit une carapace qui résisterait à tous et qui ne montrerait jamais ses émotions. Il me rappelait un peu moi plus jeune, quand j'avais 14 ou 15 ans et que je n'en faisais qu'à ma tête sans écouter les conseils des autres. Il avait de grands yeux d'un noir de jais, ses cheveux étaient de la même couleur que ses prunelles. Sa soeur, et ma soeur d'ailleurs, était châtain, avec de beaux yeux verts.

Je peux garder la photo ? demandais-je à ma mère.

Des larmes coulèrent sur ses joues, elle était apparemment émue que je décide "d'adopter" aussi rapidement le fait que j'ai un frère et une soeur. Elle me fit oui d'un signe de tête. J'étais moi-même content de savoir que je n'étais pas le seul dans cette famille, que d'autres avaient vécu dans le secret et dans le mensonge comme moi. J'étais à peu près sûr que l'on s'entendrait bien tous les trois même si j'avais un peu peur de la réaction de mon frère, Evan lors de notre première rencontre.

Quand est-ce que je pourrais les rencontrer ?

Un sourire illumina le visage de mon père qui me prit la main et qui me dit d'un ton empli d'allégresse.

Il te suffit de nous dire quand tu es disponible et on vous arrangera une rencontre si tu veux.
Je pourrais avoir leurs numéros de téléphone plutôt, je préfèrerais les appeler moi-même pour leur demander si ils veulent bien venir me voir ici ou si je dois aller en Angleterre ou même si ils ne veulent pas me rencontrer ?
Très bien tu es prêts à prendre les numéros ?
Yes.

Il me donna les deux numéros de portables de mes deux cadets.

J'étais à présent de retour chez moi, à Salt Lake City. J'étais dans mon canapé devant ma télé, mon portable à la main. J'hésitais, le numéro de Myssilia, ma soeur, était posé sur la table basse juste devant moi. J'avais envie de les connaitre tous les deux mais un sentiment d'incertitude m'envahissait. Je redoutait qu'elle me dise qu'elle ne voulait pas me voir... Je pris tout de même mon courage à deux mains et je tapai le numéro sur mon portable.

Allô ?
Allô Myssilia ?
Oui, qui est à l'appareil ?
Je m'appelle William, je suis ton frère...

Un silence d'environ une minute prit place. Une petite minute qui me semblait durer des heures. Je n'osais pas briser le lourd silence qui s'était installé entre nous deux. Soudain, Myssilia reprit la parole.

Salut William. Désolé pour le silence, je ne m'attendais pas à ce que tu m'appelles...
Je comprends, j'ai longtemps hésité...
Contente de pouvoir te parler en tout cas.
Moi aussi. Je voulais savoir si tu voudrais venir avec Evan me voir aux Etats-Unis pour qu'on se rencontre quoi...
Oui pas de problème par contre je pense que ça va être dur pour qu'Evan se libère, il a un emploi du temps assez chargé.
Si ça vous arrange je peux m'arranger pour venir en Angleterre...
Non t'inquiètes pas, je viendrais et Evan viendra si il arrive à se libérer. Je te promets rien pour notre frère par contre.
Sa marche. Tu me tiens au courant pour la date maintenant que tu as mon numéro, ok ?
Bah je peux te dire maintenant si tu veux. Je peux avoir un billet pour le week-end prochain, sa te va ou il te faut plus de temps ?
Non, c'est parfait. Merci d'accepter de me rencontrer Myssilia.
J'en ai envie aussi Will'. Je peux t'appeler Will' ?
Oui bien sûr.
Bon beh on fait comme ça alors, à ce week-end.
Bye.

Je raccrochai et je posai mon téléphone à côté de moi sur le canapé. La peur m'avait un peu tétanisé durant l'appel. Maintenant, mon coeur battait à tout rompre. J'inspirais une grande bouffée d'air et je l'expirai entièrement. Je répétai l'opération plusieurs fois pour que mon coeur recommence à battre à un niveau un peu plus normal. Je l'avais fais, j'avais osé lui demander de venir chez moi. J'étais assez surpris par mon audace mais à présent j'étais très heureux. Il allait falloir que je prépare l'appartement pour accueillir une ou deux personnes de plus. Il allait falloir faire à manger, le ménage, le rangement, tout un merdier quoi. En plus de ça, il allait falloir que je trouve de quoi les coucher. Si Myssilia venait seul il n'y aurait pas de problème, je lui laisserais mon lit et je coucherais sur le canapé. En revanche si Evan venait avec elle, il y aurait un petit problème pour le coucher. La semaine s'annonçait donc assez serrer et il n'y avait aucun doute qu'elle allait passer très vite...

Tout était prêt. L'appartement, moi. J'avais fais le ménage complet, bon ok j'avoue j'ai payé une femme de ménage pour le faire. Je me suis cependant chargé de faire à manger, tomates farcies pour deux personnes. Myssilia m'avait appelé plus tôt dans la journée pour me dire qu'Evan n'avait pas pu se libérer. Ce n'était peut-être pas plus mal. La rencontrer elle toute seule pouvait avoir son avantage. Si les deux ne s'entendaient pas, il valait mieux les voir séparément afin d'éviter les disputes qui pourraient gâcher notre rencontre. J'étais assis sur une chaise, avec un verre de limonade dans la main. J'avais face à moi une vue magnifique sur la ville de Salt Lake City. J'étais vraiment chanceux d'avoir atterris ici, c'était un lieu magnifique. Malgré les températures qui passent de glaciales en hiver à caniculaires en été tout allait pour le mieux. Quelque chose vibra derrière moi. C'était mon portable, posé sur la table il se mit à sonner pour signaler que j'avais un appel. Je me levai tranquillement, pris le portable dans ma main et commençai à parler.

Je suis arrivé William.
Très bien j'arrive, je suis là dans dix minutes maximum.
A tout de suite.

Elle raccrocha. C'était Myssilia, ma soeur cadette dont j'avais appris l'existence une semaine et demi auparavant. Elle était arrivée dans ma ville pour que l'on se rencontre. Je pris une veste et appelai un taxi.

Airport please.

Le taxi driver me regarda avec un sourire et fonça droit vers l'aéroport de la ville. Huit minutes précisément plus tard, j'étais devant l'entrée nord de l'aéroport. Je dis au chauffeur de m'attendre, que je le reprendrais et je me mis en route vers le hall. Ce dernier était bondé. Apparemment, pas mal de monde était dans l'avion de ma jeune soeur. Pour la retrouver j'allais me marrer dans tout ce bordel. Je pris mon téléphone et commençai à taper son numéro. Avant que j'ai pu taper le dernier chiffre, j'entendis une voix féminine qui appelait :

William ! William !

Je me retournai et je vis une jeune femme courir vers moi. Je m'avançai vers elle mais à ma grande surprise elle tourna soudainement sur la gauche et se jeta dans les bras d'un autre homme. Ils s'embrassèrent et je compris à quel point j'avais été stupide, je n'étais pas le seul à m'appeler William ici. Je repris mon portable et tapai cette fois-ci la totalité des chiffres.

Tu es où Myssilia ?
Tu vois le grand pilier de marbre au milieu du hall, je suis là au pied.
J'arrive.

Je marchai plus vite. Je n'en pouvais plus d'attendre, je voulais voir comment elle était, savoir qui elle était. Je me rendis au pilier et là, une jeune femme y était, seule, avec deux bagages. Elle avait les cheveux d'un châtain assez foncé, des yeux d'un vert émeraude magnifique. Ma soeur se trouvait face à moi. Je m'avançai vers elle avec un petit sourire. J'étais tout simplement ravi de pouvoir enfin connaitre quelqu'un de ma famille qui ne m'a pour l'instant pas encore mentit mais à qui on a mentit et caché des choses. Arrivé à sa hauteur, je lui fis la bise et la regardai dans les yeux.

Tu as fais bon voyage ?
Oui, c'était long mais bon sa vaut le coup.

Un sourire illumina son visage et laissa découvrir une rangée de dents d'un blanc immaculé et parfaitement alignées. Je lui pris ses valises et l'emmena là où le taxi nous attendait. Je mis les bagages dans le coffre et montai à l'arrière avec Myssilia. J'étais empli d'un sentiment de plénitude tel que personne aujourd'hui pourrait me rendre malheureux ou me faire du mal. J'étais en compagnie de ma soeur que je ne connaissais pas et c'était pour moi un des plus beaux cadeaux que les dieux pouvaient me donner.

On était à présent au pied de mon immeuble. Je payai le chauffeur de taxi pour la course et je pris les bagages de ma jeune soeur pour lui éviter de monter trois étages chargée à bloc. Galanterie oblige. On monta les escaliers tout en parlant de tout et de rien. Je pris mes clés et enclenchai la serrure. J'ouvris la porte et la fis passer en première.

Ouah c'est beau chez toi !

Elle avait l'air sous le charme de mon appartement. En même temps, quand on entrait on apercevait directement la vue magnifique sur ma ville, Salt Lake City. Le parc s'étendait au loin, entourés d'immeubles. Sa c'était une ville comme je les aime, un mélange de nature au milieu de l'urbain. Je pris de nouveau ses valises et j'entrai à mon tour dans l'appart'. Je posai les clés sur la petite table à l'entrée, puis je partis dans ma chambre poser les deux lourds sacs de Myssilia. Quand je revins dans le salon, elle était scotchée à la fenêtre en train d'admirer le paysage.

Sa te plait ?

Elle se tourna vers moi, un sourire aux lèvres.

Oui, c'est magnifique. Merci de m'avoir invité ici en tout cas.

Elle se détacha de la vitre et fit un rapide tour de l'appart'. Quand elle revint j'étais en train de me servir un verre de whisky sur le bar.

Tu veux boire quelque chose ?
Si tu as une bière je veux bien, merci.
Il y en a dans le frigo, tu n'as qu'à te servir, fais comme chez toi.

Elle partit prendre une bière dans le frigo. Sa me faisait toujours bizarre de voir une femme boire de la bière mais après tout c'était une anglaise donc rien de très étonnant. Elle me rejoignit au bar, prit une chaise haute et commença à siroter sa bière. Je bus une gorgée de mon verre et entamai la conversation.

Je suppose que tu veux savoir des choses sur moi, enfin autant que je veux en savoir sur toi je présume...
Oui je pense. Tu n'as qu'à me raconter ta vie dans son ensemble jusqu'au plus loin que tu t'en souviennes et je ferais de même.
Sa marche mais moi sa risque de prendre des jours et des jours.

Elle se mit à rire et je commençai le récit de ma vie sans rien cacher, je me livrais pour la première fois sur ma vie à quelqu'un. Quelqu'un que je connaissais à peine mais qui m'inspirais pleinement confiance. En même temps j'avais besoin de me livrer, de dire mon ressenti sur ma vie, sur mon enfance gâchée, sur mon adolescence chez mes grands-parents. J'espérais qu'elle me comprendrait, qu'elle pourrait me consoler. En voyant ses yeux s'embuer de larmes quand j'en vins à la partie de ma vie la plus dure moralement, je savais que je pourrais compter sur elle, compter sur ma soeur cadette. Cela me procurait un sentiment de bonheur immense, de savoir que je pouvais compter sur quelqu'un. Quand je finis mon histoire, elle se leva, s'approcha de moi et me prit dans ses bras. Cette étreinte me revigora et me donna la force de l'écouter.

A ton tour maintenant de me raconter ta vie...
Je suis né il y a 18 ans, en même temps que notre frère Evan. Jusqu'à l'âge de huit ans, on s'est toujours bien entendu. Mais arrivé à cet âge c'était devenu la guerre entre nous deux. Evan ne cessait de faire des conneries, il n'arrêtait pas de m'emmerder. Depuis ce jour nous ne nous entendons donc pas. Mais quand je dis pas c'est pas du tout. En fait on peut pas se voir. Après, à l'âge de 15 ans, Evan est parti. Il est parti en internat dans un lycée du nord de l'Angleterre et on ne le voyait que pendant les vacances. Cela m'arrangeais, j'avais la maison pour moi toute seule, j'étais seule avec notre mère et on était bien. Seulement, après un an, Evan a été viré. Il faisait tellement de conneries que le conseil de discipline de son école ont décidés de le virer. Cruelle désillusion pour moi et grosse souffrance pour ma mère. En effet, elle savait que c'était la seule école qui voudrait bien de lui et qui lui ferait réussir sa vie, seulement il a été viré et du coup il n'a plus rien fait depuis ce jour. A 16 ans, il y a deux ans donc, notre père et notre mère nous ont réunis, tous les deux dans le salon pour qu'on parle toute la famille réunit. Et c'est là qu'ils nous ont dévoilés ton existence. Pendant plusieurs je les ais haïs, Evan aussi d'ailleurs. Pourquoi me demanderas-tu ? Et bien tout simplement parce que je pensais que si ils nous avaient dis quelque chose plus tôt, j'aurais eu quelqu'un sur qui m'appuyer quand ça n'allait pas, quelqu'un qui me comprendrait sûrement quand j'étais en rogne contre Evan, quelqu'un qui m'aiderait et qui me donnerait des conseils, quelqu'un sur qui je prendrais exemple... Un grand frère quoi. C'est à ce moment là qu'Evan et moi nous sommes un peu rapproché. Nous avons enterré la hache de guerre et nous sommes réconciliés en pensant à toi. Depuis que l'on connait ton existence, on a toujours voulu te rencontrer, te connaitre. Mais on a pas pu, nos parents nous l'ont interdit avant que tu m'appelles. J'espérais que ce jour arriverait et il est arrivé, c'est pour ça qu'il y a eu un silence dans notre première conversation au téléphone, j'étais sous le choc, j'étais aussi super heureuse que tu m'appelles. Et aujourd'hui me voilà ici, face à toi, mon grand frère. J'ai du mal à m'en rendre vraiment compte honnêtement, j'ai du mal à y croire.

Son discours m'avait vraiment touché. Je ne pensais pas que cela comptait à ce point à leurs yeux de me rencontrer, et j'en étais honoré. Ce fut à mon tour d'essuyer mes larmes et de la prendre dans mes bras tout en lui soufflant à l'oreille.

Merci petite soeur, je ne te lâche plus maintenant que je te connais.

Je sentis dans mon dos ses doigts me serrer d'avantage. Je relâchai mon étreinte seulement après lui avoir bien fait comprendre que désormais nous étions réunis à jamais. Je lui déposai un baiser sur le front et lui caressai la joue pour essuyer les larmes qui y coulaient. Elle ne serait jamais plus belle qu'à cet instant, pleurante de bonheur. On s'assied sur le canapé et après avoir repris ses esprits, elle me demanda :

Alors comme ça tu es footballeur pro ?
Oui et je joue ici, à Salt Lake City.
Je vais te dire un truc qui va te surprendre sûrement. J'ai toujours rêvé d'avoir un frère qui devenait footballeur professionnel.
Comme quoi la vie nous réserve bien des surprises...
Oui. Je pourrais venir te voir jouer un jour ?
Oui bien sûr, quand tu veux. Sinon tu fais quoi dans la vie toi ?
Pour l'instant rien, j'ai finis mes études et j'aimerais bien être genre attaché de presse ou journaliste.
Et tu veux faire ça en Angleterre ?
Oui, enfin je sais pas, n'importe où m'irait bien...
Et tu comptes faire comment pour venir me voir jouer en fait ? Parce que l'avion s'est pas donné quoi...
Je ne sais pas pour le moment mais j'ai une petite idée à vrai dire...

Elle me regarda d'un air malicieux.

Je me suis dis que peut-être... je pourrais venir vivre ici, dans la même ville que toi comme ça on rattrapera le temps perdu. Enfin seulement si tu veux bien évidemment, je veux pas m'imposer dans ta vie alors que l'on se connait à peine...
Sa ne me pose aucun soucis, je trouve au contraire que c'est une excellente idée. J'aurais au moins une personne que je connais dans cette ville à part mes coéquipiers...
Faut que je voie ça avec maman et je te dirais...

Quelques heures que l'on se connaissait et elle voulait déjà vivre à proximité de moi, ça fait plaisir, et j'espère trouver en elle le soutien qui m'a tant manqué durant plusieurs années...

Après une bonne nuit de sommeil, on prit un bon petit déjeuner typiquement anglais, logique vu que ma soeur l'est...

Tu as bien dormi ?
Oui parfait merci. Toi c'était confortable quand même le canapé ?
Ouais sa peut aller...
Tu pourras reprendre ton lit si tu veux, sa ne me dérange pas de dormir dans le salon hein...
Non non t'en fais pas, les invités sont choyés quand ils viennent chez moi, dis-je dans un rire.

On mangea tranquillement, on passa chacun notre tour dans la salle de bain pour se préparer et on se mit en route pour que je lui fasse découvrir un peu mon quotidien ici, à Salt Lake City. On descendit les escaliers de l'immeuble et on sortit dans la rue. Myssilia passa son bras sous le mien et on marcha tranquillement sur le trottoir qui menait au grand parc de la capitale de l'Utah. On croisa toute sorte de gens. Des asiatiques, des noirs, des latinos... C'était ça aussi que j'aimais dans cette ville, son aspect cosmopolite. Cela me rappelait Londres. On peut rencontrer toute sorte de personne, les gens n'ont pas honte de s'habiller comme ils veulent même si leurs tenues vestimentaires est parfois des plus extravagantes... C'est ce qui m'avait choqué quand j'étais arrivé en France, je m'étais rendu compte que tout le monde s'habillait en fonction de l'autre, tout le monde est obligé de suivre la mode en quelque sorte si il ne veut pas qu'on se foute de sa gueule. Du coup, tout le monde est habillé à peu près pareil. Peu de personne ose sortir de l'ordinaire et cela m'avait toujours un peu choqué. Enfin bon, passons. On continua notre route vers le parc pour se poser un peu. Ce dernier était à environ trente minutes de marche de mon appartement, assez loin donc on méritait bien un petit arrêt. On s'assit dans l'herbe fraichement coupée et on parla pendant environ une heure.

Il était midi et demi quand nous partîmes du parc. On remonta l'avenue et je conduisis ma soeur cadette dans un fast-food qui se trouvait deux rues plus loin. On passa commande et mangeâmes à une petite table nos hamburgers. Je n'aimais pas vraiment ça mais j'avais la flemme de cuisiner donc bon. La journée se passa tranquillement, le soir venu nous rentrâmes à l'appartement. Myssilia appela notre mère pour lui expliquer ce qu'elle avait prévu de faire.

Allô Maman, tu vas bien ?
Oui et toi ma puce, tout se passe bien avec ton frère ?
Oui c'est génial ! Justement je voulais te demander quelque chose...
Ah bah tant mieux c'est cool. Vas-y je t'écoute.
Est-ce que je peux venir habiter à Salt Lake City pour être avec William ?

Sa au moins c'était clair et net, pensais-je. Elle n'y allait pas par quatre chemins la petite.

Euh... Tu veux aller vivre aux Etats-Unis ?
Oui !
Mais quand ?
Dès maintenant, je veux rattraper le temps perdu avec lui maman.
Je... Je ne sais pas Myss' tu es encore très jeune pour partir.
J'ai 18 ans maman et j'ai été privé d'un grand frère pendant toute ma vie ! Je le retrouve, on s'entend bien, même très bien et tu voudrais nous séparer de nouveau ?!
Non... Bien sûr que non mais...
Mais quoi ?!

Elle commençait à s'énerver, je le percevais dans sa voix. Je n'entendais pas ce que notre mère lui disait à l'autre bout du fil mais vu ce que Myssilia était en train de lui envoyer dans la gueule elle devait refuser sa venue ici. Je m'approchai de ma soeur, la pris par les épaules pour la calmer et je lui dis d'un ton calme.

Ecoute Myssilia, si elle ne veut pas tu ne viendras pas...
Non William, je viendrais !

Elle était impossible à raisonner, elle avait pris sa décision et elle ne la changerait pas, j'en étais persuadé.

Passe moi ton frère Myss'...

Myssilia se retourna vers moi. Elle me tendit le téléphone et me dit :

Maman veut te parler...

Je le regardai d'un air surpris puis je pris le portable.

Allô ?
Oui William. Tu vas bien ?
Sa va sa va et toi ?
Oui sa va... Enfin un peu moins vu ce que Myssilia vient de me dire mais bon.
Je comprends... Sache que ce n'est pas moi qui lui ai demandé de venir, elle a prit sa décision seule.
Je me doute bien. Tu peux essayer de la raisonner, de lui dire de revenir en Angleterre non ? Tu sais que ce serait une erreur pour elle de venir vivre avec toi...
Non je n'essaierais pas. Et pourquoi ce serait une erreur de venir vivre avec moi ?! Je ne suis pas un moins que rien, depuis que je suis tout jeune j'ai dû me débrouiller seul, tu ne peux pas me juger étant donné que tu ne me connais pas ! Jamais je lui dirais que c'est une erreur de venir vivre ici parce que je ne le pense pas. Tu as l'air de ne pas avoir confiance en moi, je n'ai pas confiance en toi non plus et je ne peux pas t'aimer vu que je ne te connais pas. Pour moi tu es une étrangère et je n'écouterais pas une étrangère me traiter ainsi ! Elle va venir habiter aux Etats-Unis si elle en a envie, elle est majeur et prend donc ses décisions seule. C'est ma soeur et on s'entend bien, contrairement à nous deux... Je prendrais soin d'elle si c'est ça qui t'inquiète...

J'ôtai le portable de mon oreille et appuyai sur le bouton téléphone rouge. Je n'en croyais pas mes oreilles. Comment osait-elle me traiter comme ça ? Elle ne me connait pas, prétend être ma mère et me traite comme un bouffon... Je rendis le téléphone à Myssilia, pris une bière et m'assieds dans le siège sur le balcon...

Qu'est-ce qu'il s'est passé Will' ?

C'était Myssilia, elle venait s'enquiert de la situation. Elle prit une chaise, s'assied face à moi et mit mes mains dans les siennes.

Ta mère...
Notre mère...
Je n'arrive pas à la considérer en tant que tel vu ce qu'elle vient de me dire...
Qu'est-ce qu'elle a dit ?
Elle a dit mot pour mot : Convins-la que c'est une erreur pour elle de venir vivre avec toi. Donc je l'ai envoyé chier en lui disant qu'elle n'était pas ma mère, que j'avais vécu seul et que j'avais dû faire ma vie seul depuis que j'étais tout jeune. Je lui ai aussi dis que je ne te ferais pas changer d'avis. Et juste avant de raccrocher, j'ai dis que je prendrais soin de toi et que je te protègerais si tu veux toujours venir vivre ici. Si tu décides de partir, je ne t'en voudrais pas et on pourra toujours se parler et se voir de temps en temps...
Je veux venir grand frère, rien ne me fera changer d'avis. Je suis là pour toi autant que tu es là pour moi, quoiqu'en pense les autres.
Merci soeurette, je t'aime. On ne se connait pas beaucoup mais tu es déjà la personne la plus importante dans ma vie...
Toi aussi Will'.

Elle me prit dans ses bras pour une longue étreinte. Reboosté par ce qu'elle venait de me dire, je lui proposai de sortir en boîte ce soir, histoire de faire la fête et de décompresser. Elle accepta bien évidemment. On mangea le soir à l'appartement, nous nous préparâmes et on prit la direction de la boîte la plus chaude de l'Utah pour une nuit de folie...

La lumière vive du soleil me donnait envie d'ouvrir mes yeux. Cependant je n'en fis rien. Et pour cause, la magnifique demoiselle que j'avais ramené avec moi hier soir était en train de me lécher le corps sous tous ses angles. Je ne bougeai donc pas jusqu'à temps qu'elle arrête. Mais au bout d'un certain temps, elle n'avait toujours pas arrêté. La langue était râpeuse. J'ouvris brusquement les yeux. Je fus frappé de stupeur quand je vis ce qui me léchait depuis bien cinq minutes. Un chien ! Un chiot plus précisément, que je n'avais jamais vu. La déesse avec qui j'avais passé la nuit n'était plus là contrairement à ce petit clébard. C'était quoi ce délire ? Qu'est-ce qu'il fout là ce chien, dans mon appartement ? Je me levai brusquement, pris la couverture sous laquelle j'étais totalement nu et m'avançai vers la chambre. A ce moment précis, la belle avec qui j'avais passé la nuit sortis de la chambre se rhabillant. Je regardai derrière elle et vis ma soeur quasiment nue sur le lit. J'étais en état de choc. Pendant que je dormais après avoir couché avec cette déesse, Myssilia et elle s'étaient fait un trip lesbienne. Je n'en revenais pas. Je me rassis sur le canapé, regardai la jeune femme partir. Avant de franchir la porte elle se retourna et me dit : T'inquiètes pas beau gosse t'as été super. Un clin d'oeil coquin plus tard et elle était partie. Myssilia sortit de la chambre, habillée et partit se servir un jus d'orange.

Pourquoi tu me regardes d'un air ahuri comme ça ? dit-elle visiblement amusée.
Tu es lesbienne ?
Non bi sa te dérange ?
Non, non pas du tout. Tu fais ce que tu veux hein.
Sa t'excites avoue.

Je en m'attendais pas du tout à cette réplique. C'est ma soeur et elle me demande, enfin elle affirme plutôt, que je suis excité par le fait qu'elle ai couché avec la même fille que moi la même nuit, et surtout que ça m'excitais de savoir qu'elle faisait l'amour avec d'autres filles. Evidemment, c'est excitant mais c'est ma soeur ! Je me refusais à voir quelque chose d'excitant là-dedans.

Non... dis-je sans grande conviction.

Elle me regarda dans les yeux et me fit le même petit clin d'oeil que la demoiselle qui était sortie quelques instants auparavant.

Sinon tu sais à qui est ce chien ?
A toi couillon, tu l'as acheté hier soir. Tu le trouvais trop mignon et donc tu l'as pris.
Non tu déconnes là ?!
Non c'est vrai.

Le chien me regarda de ses yeux suppliants. Comment résister face à cette petite boule de poil trop mignonne. Impossible. Myssilia remplit une assiette avec du jambon et des pâtes et la mit par terre, le chiot se précipita sur l'assiette et dévora littéralement son contenu. Il crevait la dalle le pauvre, depuis hier il n'avait toujours pas manger. Après avoir lapé l'eau que j'avais mis dans le bol, il s'allongea sur le canapé, posa sa tête sur ses pattes avant et s'endormit. Je regardai Myssilia.

Tu as passé une bonne nuit ?
Oui ça va pourquoi ?
Oh rien pour savoir...
Je peux te dire que tu l'avais bien crevé si c'est ça que tu veux savoir.

Je quittai la pièce sur ces mots pour aller me poser sur le balcon. Je voulais éviter la présence de ma soeur, gêné en quelques sorte par la découverte que je venais de faire et surtout par le fait de l'avoir vu nue quelques minutes plus tôt. Cependant, elle, pas gênée le moins du monde, vint me rejoindre sur la terrasse.

Désolé de te mettre dans l'embarras William, surtout pour le fait que tu m'as vu nue tout à l'heure.
Oui bah pas grave écoute, c'est ton appart' aussi maintenant donc bon...
J'éviterais à l'avenir si ça te gêne de me voir déshabillée hein...
Non mais fais comme tu veux, rien ne me gêne, j'ai vu beaucoup de filles nues tu sais...
Ok donc je vais passer mes journées toute nue, dit-elle d'un air sérieux.

Je la regardai avec des yeux interloqués.

Mais non t'inquiètes je déconne. Tu auras peut-être la chance de me revoir nue une fois ou deux quand je sortirais de la douche mais sinon tu n'auras pas cette chance, je ferais attention...

Elle jouait avec moi. J'avais du mal à y croire. A 18 ans, avec son frère qu'elle ne connaissait que depuis une semaine, et cela ne la gênait pas du tout de se montrer totalement dévêtue face à moi. Malgré le fait qu'elle soit infiniment belle et que son corps, que j'ai pu apercevoir tout à l'heure est tout aussi splendide, j'avais du mal avec le fait de la voir nue...

Sinon William, j'ai eu maman au téléphone et je lui ai dit que j'emménageais ici. Elle m'a dit d'accord, de faire attention et que je pouvais venir chercher mes affaires quand je voulais. Je lui ai dis que ce n'était pas la peine, que je recommence tout ici, c'est un nouveau départ pour moi. Donc je vais aller faire les magasins là, tu veux venir avec moi ?
J'ai entrainement, désolé ma belle mais je pourrais pas. Tu n'as qu'à passer après avoir fait tes affaires et on rentrera ensemble.
Sa marche frérot, j'y vais à tout à l'heure.

Elle m'embrassa sur la joue et partit toute joyeuse faire les magasins. Une nouvelle page de ma vie s'ouvre à présent avec l'arrivée dans ma vie d'une soeur qui transmet sa joie de vivre à tout le monde. Une nouvelle ère ouvre ses portes et je suis heureux de m'y engouffrer.